(Des)espoir

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Ne restait alors plus qu’une question pour l'architecte. Il ramassa l'un des deux post-it qui lui restaient, mais sans même l'ouvrir, il le transmit à Harold.

  • A mon tour de te retourner ta question.

Ne voulant pas globalement déstabiliser Philippe, Harold s’était contenté de questions plus légères. Cette question était donc beaucoup plus anodine, mais, bien qu'il l'ait lui même rédigée, elle sembla l’ébranler.

  • Qu’aimerais tu changer dans ton histoire personnelle ?

Un long silence suivit l’énoncé de cette question, puis Harold se lança.

  • En fait j’aurais aimé avoir une jeunesse plus simple.
    Mes parents se sont déchirés alors que j’étais tout gamin et ma mère est décédée alors que j’avais une dizaine d’années. Puis mon père est parti et c’est ma grande sœur qui s’est occupée de moi. Aujourd’hui je vis encore chez elle car je travaille depuis peu et que je n’ai pas les moyens de payer un loyer pour un studio correct.
    Mais çà me saoule, elle me prend la trop la tête et je n’ai qu’une envie c’est de me barrer. Vivement le Canada !
    Heureusement, j’ai eu un grand père trop cool qui m’a fait découvrir plein de choses. C'est avec lui que j'ai fait mes meilleures pistes en ski.
    Si j’avais eu une enfance moins chaotique, j’aurais surement pu suivre des études, ou devenir architecte comme toi. J'aurais probablement pris mon pied dans ce métier. Mais on ne change pas de vie comme cela.
    En fait, je regrette beaucoup de n'avoir pas pu prendre mon autonomie plus tôt. J'aurais bien aimé, comme tu l'as fait, créer ma propre boite. J'ai plein d'idées, mais je ne sais pas comment les concrétiser. Il me manque plein de compétences. On me dit que pour créer une boite, il faut se faire accompagner par un avocat. Mais je n'en connais pas. Je ne connais rien à la compta. Je ne sais pas si je saurai gérer du personnel. C'est important. Quand je vois ce qui se passe dans la boîte aujourd'hui, je trouve qu'ils ont tout faux...
    Bref, c'est un peu mon fantasme à moi. Mais peut-être qu'un jour, celui-ci je le réaliserai.

Ce fut peut-être un effet de l’alcool, mais pendant qu’il parlait, Harold vint doucement poser sa tête sur l'épaule de Philippe. Celui-ci d’abord un peu surpris, trouva la situation agréable et sa main s’aventura dans les boucles abondantes de Harold. Il se rendit compte alors qu’en fait c’était la première fois qu’il le voyait sans son inséparable bonnet de laine, qu’il portait même durant l'été.

Lorsque Harold se tut, il dû prendre conscience de la situation car il se redressa rapidement.

  • Excuse-moi, je ne sais pas ce qui m’a pris.
  • Pas de problème, c’était plutôt agréable et tu semblais en avoir besoin.

Là aussi, un long silence suivit cet échange.

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