- Putain ! Je suis en retard ! Merde, merde, merde !

7h17. Avec la circulation qu’on se tape ces temps-ci, j’en ai pour vingt minutes de bouchon maintenant ! Quel con !

Au bas du lit, j’enfile un calcif, un futal puis une chemise. En ajustant ma ceinture, Gabriel, mon colocataire, vient passer la tête par l’embrasure.

- Qu’est-ce tu branle ? demande-t-il d’une voix ensommeillée.

- Je suis en retard, putain ! Passe-moi mes chaussettes, là-bas ! Grouille !

- Mec… marmonne Gabriel en s’incrustant attifé comme un punk. On est dimanche… Tu bosses pas… Et en plus, t’es en télétravail.

Je me fige, cravate en travers de la gorge. C’est vrai ! On est dimanche ! Double-con, bordel ! J’en perds mon pantalon et Gabriel de se détourner. Pas besoin d’avoir fait l’ENA pour savoir que je l’avais réveillé en plein clin sans histoire. Ses cheveux en bataille et ses yeux explosés attestent le plus dur des réveils.

- Désolé, dis-je bêtement. J’avais complètement oublié.

- T’es sûr que ça va ?

- Impec’. Va te recoucher.

- C’est ce que je fais. Fais plus de bruit, steup.

Inutile d’essayer de lui conter mon sommeil agité. Déjà que la semaine dernière, il n’avait pas cru ma rencontre Gainsbarre sous les tropiques, l’histoire de la moto de l’espace, poursuivie par une virago du “schneque”, m’aurait envoyé à l’H.P. comme tonton Giscard.

Laissé seul, je me rassieds sur le matelas. Lentement, je troque le costard pour un tailleur plus commode. La journée commence bien… Il faudra quand même que je trouve un sobriquet pour ce trip halluciné que j’ai parfois la nuit. Comme une rave mais sans techno, drogue et acide maison.

Hum… c’est pas mal “rêve”. En tant que dénicheur en service trois-pièces, on devrait mettre ça au masculin, cela étant. Enfin, je verrai tout ça plus tard. Pour l’heure, place aux biscottes !