chapitre 11
- Mon amour, mon cœur, mon tout, tu es là. Eldric joignait ses mains dans une supplique fervente. Sa vie reprenait de la saveur, de la couleur : il l'avait retrouvé ! Elle, l'amour de sa vie, se tenait devant lui. Belle comme au premier jour.
Gidéon ne pouvait pas quitter Sélene des yeux. Elle avait disparu depuis si longtemps. Un doute s'insinuait en lui, que faisait elle là, derrière cette porte au bout de ce souterrain ? Que savait-elle sur la disparition des enfants ? Y avait elle prit part ?
Toujours à genoux Eldric semblait vivre un moment merveilleux. Sélène n'avait pas bougé, elle ne souriait pas et cachait étrangement une de ses mains derrière son dos.
- Relève-toi, Eldric, tu es ridicule. Sa voix aussi cinglante qu'un coup de fouet fit sur Eldric un effet immédiat : il se releva aussitôt comme monté sur un ressort.
Gidéon jugea nécessaire de prendre la parole afin de dissiper le trouble qui s'était installé.
- Bonjour à toi Sélene, nous sommes à la recherche de nos enfants, Ariela et Solal, ton fils. Ils ont disparu il y a deux jours à présent. Nos recherches nous on conduit à descendre dans le puits.
Nous voila maintenant devant toi. Nous ne voulons aucunement troubler ta retraite, nous voudrions juste savoir si tu les as vus, ou si tu as entendu parler d'eux.
Sélène fixa Gidéon du regard. Elle sentait monter en elle une colère mortelle. Elle n'avait aucune envie de répondre à ses questions. Il fallait qu'ils s'en aillent. Tout de suite ! Elle devait mener à bien son projet. Mais si elle leur parlait avec la fureur qu'elle avait en elle, ils n'allaient jamais la croire.
Elle se concentra un instant pour faire venir en elle une vague de calme, psalmodia une incantation silencieuse. Quand elle parla, sa voix était aussi douce qu'une source d'eau clair.
- Je suis restée ici si longtemps, immobile, à l'abri du monde extérieur. Les enfants ne sont pas passés par ici. Ils n'ont jamais croisé mon regard. Dans cette solitude qui m'entoure, je demeure isolée du monde.
Cette voix enchanteresse berça les oreilles des deux hommes. Eldric buvait ses paroles et Gidéon semblait sous le charme également. Elle continua :
- Il est temps désormais de me laisser. Le plaisir de vous revoir a été sincère, mais j'ai à faire et cela ne souffre aucun délai. Je vais vous raccompagner.
Tout cela paraissait si naturel, si convenu, les deux bonhommes, les bras ballants, le dos courbé avaient fait demi-tour.
Ils allaient franchir le seuil, quand un cri étouffé se fit entendre. Les deux hommes sursautèrent.
- Il y a quelqu'un d'autre ici ?
- Mais non, je vis seule sûrement quelques rats qui se chamaillent.
- Vous permettez que j'aille voir d'où cela provient, je pourrais sûrement vous en débarrasser dit Gidéon en sortant sa hachette de sa ceinture. Sa lucidité lui était soudain revenue. Tout cela n'était pas très clair. Il devait se rendre compte par lui-même et visiter cet endroit à fond.
Sélène n'eut pas le temps de réagir qu'il ouvrait déjà la porte de la cuisine.
En découvrant sa fille, attachée, bâillonnée, les yeux débordant d'un soulagement sans limite, il eut un temps de sidération. Il ne sentit pas le mouvement derrière lui.
Le cri d'Eldric lui sauva la vie.
Il esquiva dans un mouvement du bassin la lame que Sélene projetait de lui planter dans le dos. Elle entailla son bras profondément, faisant jaillir une gerbe de sang. Emportée par son élan, Sélene, se trouva déséquilibré et tomba sur Ariela. La lame disparut dans le corps de la petite fille.
Étourdie, elle se releva avec peine. Gidéon, armé de sa hachette, lui infligea un coup brutal, faisant pénétrer profondément l'arme dans son crâne qui se fendit telle une noix pourrie.
La sorcière tomba au sol raide morte.
Fou d'inquiétude, il se précipita auprès de sa fille qui se vidait de son sang. Il lui arracha son bâillon.
- Ne t'inquiète pas, ça va aller. Je vais te ramener à la maison. La petite fille, le visage empreint d'une pâleur extrême lui souriait faiblement.
- Il faut libérer Solal, dit-elle dans un souffle. Une larme coula sur sa joue. Puis dans ses yeux, ce fut la nuit.
Le hurlement que son cœur détruit de père poussa, fit trembler tous les murs autour de lui.
Eldric lui passa la main dans le dos.
Ses yeux allaient du corps de la petite fille à celui de sa femme morte. Ses larmes jaillirent en cascades et coulèrent une éternité.

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