Chapitre 63 : Excitation

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Le repas est excellent. La soupe au potimarron préparée par Erwann est délicieuse et ils en reprennent chacun un bol, avant de se régaler d’un fondant au chocolat au cœur coulant. « Une de mes spécialités », précise-t-il alors, fier comme un coq.

Comme ils dinent au coin du feu, et d’une soupe qui plus est, Gwendoline a vraiment trop chaud désormais. Ayant retiré son gilet en cachemire, elle ne porte plus que son haut de pyjama, un caraco à bretelles fines en soie, léger et fluide, laissant poindre le bout de ses seins à travers.

Attiré par sa peau dénudée, Erwann ne peut s’empêcher de remarquer son décolleté plongeant. Bouillonnant littéralement de l’intérieur, il est à deux doigts de retirer son tee-shirt pour se mettre torse nu, tant son corps lui donne l’impression d’être un brasier.

Se ressaisissant, il débarrasse la table, refusant poliment son aide :

— Tu es mon invitée.

Puis, ils s’installent tous les deux devant une rediffusion du tome un du Seigneur des Anneaux : la Communauté de l’anneau. Cette coïncidence fait sourire Gwendoline, car elle a lu récemment une biographie de J.R.R. Tolkien, qu’elle a trouvée très inspirante et motivante.

Le canapé en demi-cercle est vaste et confortable mais elle vient se blottir contre lui, s’allongeant sur son torse, la tête posée dans son cou. Durant tout le film, qui dure plus de trois heures, il lui caresse l’une ou l’autre partie de son corps, sans jamais aller plus loin. Elle se sent électrisée à chacun de ses gestes mais n’ose pas l’inciter à plus, de peur de lui donner l’image d’une femme insatiable.

Surtout après la scène torride du bain.

Erwann caresse son ventre et s’aventure à la lisière de son pantalon de soie, dont le tissu est si léger qu’il peut sentir et voir ses formes à travers comme si sa peau était nue. Sa peau est douce et chaude sous ses doigts. Il la sent frémir à chacun de ses mouvements.

La jeune femme ne porte pas de sous-vêtements, ce qu’il a déjà remarqué à quelques reprises et cela ne manque pas d’enflammer son imagination. Il avait entr’aperçu ce détail une première fois lors de leur rencontre, au cours de la séance photo, lorsqu’elle se changeait. Il avait supposé à l’époque que c’était juste pour éviter de laisser des marques disgracieuses sur sa peau, comme le font souvent les armatures de soutien-gorge ou les élastiques de culottes. Les photographes prévenaient souvent les modèles de ce genre de désagrément en leur demandant de ne pas en mettre pour la séance. Il n’y avait nulle perversion là-dedans, juste un aspect pratique et une explicitation pragmatique et plausible. Mais maintenant, Erwann comprend que pour Gwendoline, c’est plus une habitude qu’une contrainte imposée.

Et savoir qu’elle n’a rien sur elle, excepté ce fin pantalon de soie, est en train d’achever ses résistances les plus intimes. La pièce est réchauffée par le feu dans la cheminée qu’il a ravivé avant le film, en y ajoutant quelques bûches, mais c’est surtout la présence de la jeune femme qui lui donne la fièvre. Partagé entre l’envie de la déshabiller intégralement pour lui faire l’amour sur le canapé et celle de rester chastement à côté d’elle, Erwann ne sait plus à quel saint se vouer. Son cœur ne désire rien de plus que de se montrer comme l’homme honorable qu’il se sait être, mais son corps réagit furieusement à chaque fois que la jeune femme entre en contact avec lui. La respectabilité contre la luxure. Cruel dilemme.

Heureusement le générique de fin apparaît, lui donnant un peu de répit, surtout lorsque Gwendoline se lève sans un mot pour s’éclipser aux toilettes. Après un rapide passage par la salle de bain, elle revient dans le salon, fraîche et pimpante.

Il est presque minuit mais elle semble tout juste sortie d’une longue nuit d’un sommeil régénérant. Concentrée, elle tient une bougie allumée dans la main, qu’elle pose délicatement sur la table basse, pour ne pas la renverser. Puis, la modèle attrape un plaid en fausse fourrure, posé négligemment sur le bras du canapé et l’étale sur l’épais tapis devant le feu. Elle y ajoute des coussins moelleux et éteint la télévision, ce qui plonge la pièce dans une ambiance tamisée, uniquement éclairée par les flammes rougeoyantes dans l’âtre et par la bougie parfumée.

Voyant qu’elle s’affaire à créer un espace douillet et confortable, Erwann la regarde, curieux.

Lui désignant la bougie dont la cire s’est transformée en une huile onctueuse, tiède et odorante, la jeune femme lui explique qu’il s’agit d’une bougie de massage et qu’elle aimerait, s’il le souhaite, lui en faire un.

— Pour te remercier de cette merveilleuse parenthèse que tu m’offres, lui précise-t-elle.

Il ne répond pas d’emblée mais s’approche d’elle en la dévorant des yeux.

Puis, retirant nonchalamment son haut et son bas, il s’assoit sur le plaid en caleçon, attendant les nouvelles consignes. Gwendoline n’a pas perdu une miette de son striptease improvisé et découvre pour la première fois son corps de sportif presque nu… Et le boxer qu’il arbore ne cache pas grand-chose de sa virilité. Elle doit se faire violence pour cesser de le reluquer comme s’il était une pâtisserie savoureuse dans la vitrine d’une boulangerie.

— Tu peux t’allonger sur le ventre pour commencer… dit-elle à mi-voix, en essayant de reprendre contenance.

Il s’exécute sans demander son reste et toujours sans un mot.

Consciencieuse, son invitée verse une petite quantité de produit dans sa paume grande ouverte, puis frotte l’huile entre ses deux mains et commence à l’étaler sur son dos aux muscles noueux.

Le photographe réagit immédiatement par un soupir d’aise et un relâchement de sa nuque et de ses épaules contractées.

Assise à ses côtés, elle passe et repasse sur la moitié supérieure de son corps, s’arrêtant à la limite de la ceinture de son boxer. Pendant de longues minutes, elle malaxe sa peau avec douceur et volupté, ne s’arrêtant que pour remettre derrière son oreille une mèche de cheveux qui vient se mettre en travers de son visage. Profitant de cette première occasion de le voir sans ses vêtements, elle admire ses magnifiques tatouages dorsaux, de véritables œuvres d’art qui recouvrent son corps d’Adonis. Son dos et ses épaules larges sont presqu’intégralement encrés, de même que ses deux bras. Elle suit le contour de ses dessins pour en souligner l’originalité, tout en essayant d’en décrypter la signification.

Sentant qu’il se détend au fur et à mesure du passage de ses mains, elle masse ensuite ses jambes athlétiques et fuselées. Pour passer du haut au bas de son corps, le bout de tissu qu’il conserve encore la dérange. Elle hésite à le retirer dans un premier temps, puis, constatant qu’Erwann se décontracte au contact de ses mains, s’enhardit un peu plus. Elle commence à faire glisser le caleçon moulant délicatement jusqu’à la naissance de ses fesses, attendant une réaction de sa part. Voyant qu’Erwann se montre docile, elle approche son visage du sien, pour lui murmurer à l’oreille :

— Je continue ?

— Hum hum… acquiesce-t-il, désormais très excité à l’idée qu’elle le dénude entièrement.

Ce qu’elle entreprend de faire, avec une lenteur calculée, retirant le boxer vers le bas, laissant apparaître de belles fesses rondes et légèrement velues.

Pour l’aider dans sa tâche, il soulève un peu le bassin, avant de se rallonger aussitôt, à la merci de son regard scrutateur. Glissant discrètement une main sous son bassin, il replace son sexe. Fébrile, sentant le stress monter en lui, Erwann s’oblige à rester calme alors qu’elle a pleine vue sur une partie de son anatomie et qu’il est là, vulnérable et nu, offert à son jugement.

Comme en écho à ses pensées silencieuses, elle vient lui souffler à demi-mots :

— Tu es magnifique, Erwann. Extrêmement désirable.

Il émet un léger rire parce qu’elle reprend mot pour mot ceux qu’il avait utilisés plus tôt, dans la salle de bain, lorsqu’il l’effeuillait lentement.

Le visage face contre le sol, Erwann la sent se mettre assise et s’activer derrière lui, sans savoir ce qu’elle fait. Alors qu’elle se penche à nouveau sur son dos, collant sa poitrine nue contre sa peau, il comprend qu’elle a retiré son caraco noir.

Désormais à cheval sur lui, elle glisse ses seins le long de sa colonne vertébrale, descendant peu à peu vers son fessier. La sensation de son corps se frottant contre le sien déclenche en lui une irrépressible envie de la prendre sur-le-champ. Soumis à l’incontrôlable attraction qu’elle exerce sur lui et qui embrase tout son être, le photographe bout littéralement.

Mais la jeune femme n’a pas dit son dernier mot. Tout en remontant le long de son dos, Gwendoline embrasse à présent chaque recoin de son anatomie, veillant à ce que la pointe de ses seins soit toujours en contact avec sa peau. Elle le recouvre de tout son corps moite à demi nu, ondulant doucement contre lui, s’imprégnant de son odeur musquée de mâle, mélangée à celle plus subtile de la bougie de massage.

Comme un aveugle, Erwann perçoit avec plus d’acuité par son sens du toucher. Le front contre le plaid, il devine très nettement ses mamelons tendus traçant des sillons imaginaires sur ses muscles. Sa main se pose alors sur sa cuisse encore habillée, avant de rendre définitivement les armes, lorsqu’il la sent lécher sa peau ambrée :

— Oh…

Pourquoi, mais pourquoi essaie-t-elle de le torturer ainsi ? Que veut-elle de lui ? Quel aveu cherche-t-elle à obtenir sans son consentement ? se demande-t-il intérieurement, au supplice. Et pourtant, Dieu sait s’il apprécie ce qu’elle lui fait, Dieu sait s’il en redemande de ses caresses voluptueuses et de ses effleurements sensuels. Seulement pas tout de suite, pas encore, en vertu de sa promesse… Si elle continue à le provoquer ainsi, il finira par lui sauter dessus, dirigé par ses pulsions animales, celles-là-même qu’il tente par tous les moyens de faire taire. Ne peut-elle pas avoir un peu pitié de lui ? Lui qui n’a pas touché une femme depuis des lustres…

Gwendoline revient vers sa nuque, s’allongeant entièrement sur lui, utilisant ses lèvres et sa langue, goûtant sa peau de façon un peu plus intense dans son cou, sous son oreille, à la naissance de sa barbe. Puis, innocemment, l’interroge :

— Un problème ?

— Aucun, dit-il, la voix aussi râpeuse que s’il avait avalé du papier de verre… hormis le fait que je n’ai absolument rien à t’avouer, tu sais…

— Même pas un petit péché à confesser, monsieur le photographe au regard de braise ?

— Oh si ! je plaide coupable. Pour tout, déclare-t-il amusé. M’épargneras-tu ma jolie geôlière ?

— À voir, laisse-moi y réfléchir… Je me tâte encore.

Elle ne peut s’empêcher de rire de la situation. Il en fait autant, avant de se laisser emporter dans un tourbillon de plaisir, sous les assauts répétés de sa belle insatiable, toujours affairée à son massage sensuel.

Pris au piège de sa séduisante tortionnaire, Erwann capitule sous ses doigts de fée, s’abandonnant à ses douces caresses et à ses ondulations, accueillant le désir de la jeune femme avec satisfaction, mêlée néanmoins d’une certaine anxiété…

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