Jour après jour

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Il faisait beau. Objectivement. Un de ces matins d’été où le ciel joue la carte du sans-faute : bleu lavé à fond, soleil propre, même les nuages avaient l’air d’avoir été recalés à l’entrée. Le genre de temps qui crie "va bien, non ?".

Mais Lou, elle, marchait dans un cyclone.

Pas un de ces jolis ouragans de cinéma avec les cheveux qui volent gracieusement dans le vent. Non. Elle avait la tempête coincée dans la gorge, le ciel retourné sous les paupières. Chaque pas qu’elle posait sur les pavés résonnait comme un coup de tonnerre contre ses os. Elle avançait lentement, comme si l’air était devenu liquide, ou pire : lourd.

Autour d’elle, les gens riaient, bronzaient, postaient des stories. Mais dans sa tête à elle, c’était l’apocalypse.

Des nuages charbonneux s’étaient entassés au fond de son crâne. Des pensées sombres tourbillonnaient, incontrôlables. Elle se répétait : "T’as rien de grave, t’as pas le droit d’aller mal." Mais le ciel en elle ne voulait rien savoir. La pression montait. Ses tempes grondaient. Ses mains tremblaient, comme des branches avant le craquement.

Et puis ça a éclaté.

Pas de cris. Pas de larmes. Juste une rupture dans l’air. Comme si quelque chose avait lâché. Une averse muette. Le genre de pluie intérieure qu’on sent couler sans la voir. Une pluie sans parapluie. Sans refuge.

Elle s’est assise sur un banc, toute droite, figée. Les gouttes invisibles perlaient sur sa nuque, ruisselaient le long de ses pensées. Un vent froid lui balayait la poitrine, là où un vide s’était creusé à la place de ce qui battait avant.

Mais après l’orage… il y a toujours ce moment étrange.

Pas le soleil direct. Non. Juste cette accalmie molle, où l’on ne sait plus s’il faut pleurer, dormir ou se recoller doucement. Chez Lou, la pluie a ralenti. Elle a fermé les yeux. Respiré. Et à l’intérieur d’elle, le vent a changé de direction.

Le ciel restait nuageux, oui. Mais un nuage s’est éclairci. Un tout petit. Une de ces poches de lumière où le soleil tente sa chance.

Peut-être parce qu’un gosse est passé en trottinette en hurlant “regarde maman je vole !!”. Peut-être parce qu’une chanson s’est échappée d’un café et lui a rappelé un souvenir qui faisait moins mal. Ou juste… parce qu’il fallait bien que ça passe.

Son cœur, ce baromètre capricieux, avait bougé l’aiguille d’un cran. Encore fragile, encore fébrile. Mais un peu moins noyé. Un peu plus respirable.

Alors elle s’est levée. Il ne faisait toujours pas beau en elle. Mais disons… nuancé. Un entre-deux. Un de ces jours où le ciel hésite, mais tient bon.

Et parfois, c’est déjà ça. Tenir bon.

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