Chapitre 31 : Samy "Une virée à Oléron."

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  • Debout. Allez finie la grasse mat. Papa a eu une chouette idée, annonce en trombe Axel.

J'ouvre tant bien que mal les yeux. Ce matin, l’orage semble se déverser dans le salon.

  • Doucement, notre nuit a été courte. Laisse Samy se remettre de ton déferlement d’enthousiasme, a juste le temps de dire Hugo avant qu’il ne se jette dans ses bras.
  • T’inquiète pas, le rassuré-je. Je te rappelle que j’ai une petite sœur. Elle adore aussi me gratifier du même traitement les week-ends dès qu’elle a une grande idée qui traverse son esprit au saut du lit.
  • Axel, de quoi tu parles ? demande Hugo.
  • Papa a proposé que nous rendions visite à Mamie. Il prépare les vélos.

J'essaye de déchiffrer tous les codes. Le jeune homme installé sur les genoux de son grand frère chuchote des mots dans son oreille.

  • Du coup, je vais peut-être vous laisser, je ne voudrais pas … bredouillé-je, gêné.
  • Eh non. C’est ça qui est génial. C’est sur ta route. Comme ça nous pourrons participer à notre façon à ton aventure.

Je ne sais plus où donner de la tête, mes idées encore dans le brouillard. J'ai l’impression de flotter sur un nuage. Pas le temps de reprendre mes esprits, qu'Alizée arrive les bras chargés d’un plateau où se trouvent deux bols de chocolats fumants et des viennoiseries.

  • Nous sommes allées les chercher avec maman, nous avons aussi préparé les sacs.
  • Tu ne viens pas avec nous ? s’empresse d’ajouter Hugo.
  • Bien sûr que si, je ne veux pas rater ça. Maman vient de partir en voiture avec Manon. Papa m’a demandé de vous préciser que nous partons dans une demi-heure max si nous voulons arriver pour le pique-nique que Mamie a préparé et après nous baigner.
  • Mais je ne voudrais pas abuser.
  • Samy, nous sommes ravis de pouvoir partager un peu de notre monde, dit Loïc qui rentre à son tour dans la pièce. Après, tu pourras reprendre ton chemin, la Rochelle est à peine à trois heures.
  • Dis oui, s’il te plait Samy, me supplie le plus jeune.
  • Je n’ai pas d’impératif. Faire un bout de chemin avec vous sera bien plus agréable.

Avec Hugo, nous avalons notre petit déjeuner, trop impatients de vivre cette expérience ensemble. Nous rejoignons nos compagnons de voyage qui attendent sagement dans la cour. Je découvre, amusé, que je ferai cette course avec le minimum de bagage. Seul, mon vélo et mon sac à dos en passager. Le reste de mes affaires sont déjà en route pour l’île dans le coffre de la voiture. J'attrape mon portable au fond de mon sac et réalise qu’il est à peine neuf heures. Le soleil me salue à son tour au travers des feuillages des grands palmiers. Je prends une dernière photo de la maison où j'ai passé un séjour incroyable. Je veux garder cette image rassurante, encore un lieu qui trouvera une place dans ma future histoire. Je m'aperçois qu’une petite enveloppe clignote sur mon écran, je l'ouvre et découvre une photo. Sarah a pris le lever du soleil. Les ombres qui se dessinent sur l’herbe, je les connais par cœur, et sais précisément où ma sœur a pris le cliché. Je range le téléphone dans ma sacoche et enfourche ma monture.

  • Je fermerai la marche Loïc si cela te convient, dis-je, avant qu'Axel ajoute :
  • Yahoo Ouh, c’est parti.

Notre petite troupe rejoint le bord de mer et commence la grande virée. Nous longeons la plage de la Grande Conche. Encore un moment magique, nous suivons l'étendue de sable encore désertée à cette heure par les vacanciers. Le bleu de l’océan se mêle avec l’azur céruléen, les deux contrastes avec le blanc pur des navires de béton posés sur le bitume. De petites touches de vert égayent ce tableau qui évolue à chaque coin de rue. De temps à autre de petites bâtisses décorées de briquettes rouges ajoutent des touches de couleurs chaleureuses. Je me cale sur l'allure d’Alysée que ses frères ont déjà distancée. J'apprécie de pouvoir découvrir tous les détails que j'ai, jusque là, un peu zappés et de pouvoir discuter avec l’adolescente qui connait cette ville sur le bout des doigts.

La cité disparaît dans notre dos et nous nous retrouvons sur une départementale encadrée de pins. Cette bouffée d’air fait terriblement du bien. Les garçons semblent à l’aise sur leur monture, la demoiselle commence à connaître un coup de mou. Je ralentis le rythme relâchant la pression sur les pédales. Cette route n’est faite que de faux plats, rien n’est facile pourtant le sourire qu’elle offre à chaque effort, me rassure, elle ne craquera pas. Par chance, la circulation n’est pas trop dense en cette matinée. Je me porte à sa hauteur et débute un coaching adapté. Après une heure à bonne allure, notre groupe décide qu’une pause serait la bienvenue. Nous nous arrêtons sur le parking du Galon d’or, accrochons nos vélos et avançons en direction de la plage du même nom. Chacun profite du lieu à sa façon. Axel s’empresse de courir mettre les pieds dans l’eau poursuivi par son frère. Alysée quant à elle, s’écroule dans le sable, espérant ainsi soulager les douleurs que ses fesses ne peuvent plus taire. La grimace qu’elle échappe ne me trompe pas. Loïc s’installe et surveille tout son monde, tout en s’assurant que le petit bout de son univers qui est parti un peu plus tôt a fait bonne route pour rejoindre l’île d’Oléron.

  • Allez, il est temps de repartir. Ma puce, courage dans une heure nous serons arrivés. Demain tu rentreras avec maman si tu veux.
  • Tu sais, j’en ai bavé moi aussi au début, dis-je pour la rassurer.
  • Merci d’être un aussi gentil compagnon de route, tu sais je te promets une surprise. Prépare-toi, tu vas en prendre plein les yeux.

À nouveau la piste cyclable rejoint la route principale où la circulation devient plus dense. Les voitures semblent converger vers un endroit unique, avec la même intention: rejoindre l’île. Une légère côte se dessine, nos pieds enfoncent les étriers pour nous donner du courage. Et là tout à coup, on oublie tout, le souffle coupé. L’asphalte vient déposer un cordeau sur l’océan. Les embruns s’engouffrent dans les poumons, la brise légère laisse une délicate caresse sur les joues. Je ne sais pas où donner de la tête, tellement le paysage me captive. Je me sens pousser des ailes, tout autant qu'Alizée qui accélère à son tour le rythme. L’éclairage est fabuleux, une pellicule vaporeuse s'accroche sur la toile bleu ciel. Les douces teintes se reflètent sur l’eau et distillent des paillettes argentées. Les parcs à Huîtres morcellent l’arrivée dans les terres.

L’île d’Oléron est à portée de regard, chacun reprend son souffle, heureux d’avoir réalisé à sa façon un exploit. La rue Aristide Briand nous ouvre grand les bras, la petite maison blanche aux volets bleu outre-mer nous attend. Manon sur les épaules de sa maman Héloïse gazouille en apercevant son papa. Nous rangeons nos vélos dans le minuscule garage. Axel s’empresse d’aller embrasser sa grand-mère. Ce petit bout de femme, avec son tablier à fleurs, a les yeux de sa petite fille et le sourire d’Axel. Cette nouvelle diapositive est des plus agréables. En voyant l’amour que chacun partage, je me revois le jour où ma mamie m'a offert un marque page sur lequel elle avait écrit : « des petits riens qui font tant de bien sont tout près de toi, regarde au mieux et tu les trouveras ». Depuis ce jour-là, je me suis fait la promesse que jamais je ne l'oublierais où que je sois. Cet après-midi, je n'ai qu’une envie, transmettre le message.

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