Chapitre 52 : Un mot juste pour toi ...

5 minutes de lecture

Hier soir, rejoindre ma chambre a été un vrai calvaire. J’aurais dû prendre une cuite, je ne me serais pas senti aussi mal. Chaque marche gravie, une montagne à escalader, le poids de la séparation m'entraîne vers le fond. La boule à l’estomac m'oppressent. Un pas en avant, deux pas en arrière, un dilemme entre mes envies. Paris est à portée de main, je vais enfin réaliser mon rêve d’enfant, arpenter les vieux quartiers, visiter les musées et découvrir les plus grands monuments. Tout deviendra accessible, je ferais mes classes, prouverais mon expertise et qui sait où mes pas me conduiront par la suite. Mais je n'avais programmé que sur mon chemin au milieu de toutes ses rencontres merveilleuses, une serait extraordinaire. Un papillon a ouvert ses ailes et m’a enveloppé de sa douceur. Comment ne pas douter tout à coup de mes choix ? Dans ses bras, j’ai découvert un peu plus de moi. Il a su m’écouter sans me juger, il a été cette oreille attentive où j’ai pu déverser toutes mes peurs au cours de cette semaine. Victor est différent. Comment dire, il est surprenant, amusant, charmant. Il m’a bouleversé en peu de mots, il m’a renversé le cœur tout simplement.

Je suis sens dessus-dessous. Je viens de me lever après une nuit éphémère. J’ai fini par m’endormir après plusieurs heures à tourner dans mon lit. Dans ma tête, ça cogite dur. Comme si deux bonshommes essayaient de gagner le combat. Les rounds se succèdent, le gong sonne, pas de KO technique, juste des coups dans le vide. À aucun moment, ça touche la cible et heureusement. Je décide de me glisser sous une douche, l’eau fraîche me permettra d’y voir plus clair. Au lieu de ça, je frissonne à l’idée de partir, de le laisser derrière moi. Ni l’un, ni l’autre n’a réagi après notre baiser. Ce doux partage fut intense, j’ai encore le goût de sa bouche sur la mienne. Si je ferme les yeux, son visage rayonnant apparaît. Son sourire m’apporte un plaisir indéfinissable. L’eau coule sur ma peau et accompagne mes larmes. Est-ce que je ne suis pas en train de faire la plus grosse bêtise de ma vie ? Je finis par sortir et m’enrouler dans la serviette pour me réchauffer, pourtant il fait déjà vingt-cinq degrés dehors. Mon portable annonce neuf heures, dans une heure je décolle.

Mes affaires sont prêtes, Marius et Joseph ont révisé mon vélo avant hier. Les voir œuvrer autour m’a fait sourire, ils étaient tels deux mécaniciens de Formule 1 soucieux du moindre détail. Un jour, je leur présenterai mon père, je suis sûr qu’ils feront une fine équipe. J’ai encore un peu de temps avant de faire mes aurevoirs, je ne les éterniserais pas autant pour eux que pour moi. J’ai passé une semaine exceptionnelle, elle a filé à cent à l’heure. Une vraie source dans laquelle j’ai puisé un bonheur simple et délicat. J’ai eu la chance de partager des retrouvailles. Ce fut magique de participer à ces échanges familiaux où chacun à raconter son histoire avec pudeur. Être proche de Victor pour l’accompagner, s’avéreront des temps forts et précieux. Voir ses yeux s’illuminaient à chaque fois que le nom de sa grand-mère était évoqué avec amour m'a bouleversé. Je ne pouvais détacher mon regard de son sourire quant à son tour ils parlaient de leur relation fusionnelle. Et pour finir j'ai eu le cœur en miettes quand il a accepté de laisser ses larmes glisser dès qu’il prononçait le prénom de sa mère.

Je m’assois sur le lit et m’enfonce dans les coussins. J’hésite entre mon fusain et mon stylo. Dessiner ou écrire pour étaler mes émotions. Je ne peux pas partir sans laisser quelque chose. Je n’ai pas osé lui dire, stupide. Je ne sais pas ce que je vais regretter le plus, de ne pas l’avoir kidnappé après notre baiser ou de n’avoir pas osé lui avouer qu’il mettait mes sens en pelote. Je suis dans un wagon du train de la mine, mes idées filent à mille à l’heure, freinent des quatre fers à l’approche des méandres, et pile si les choses deviennent trop concrètes. Allez, c’est décidé, j’esquisse un dragon sur le parvis de Notre Dame. Ils font face à un papillon sur la Tour de la Lanterne, le bâtiment a les pieds dans l’océan et la tête dans le soleil. Je relie le tout avec les maillons d’une chaîne. Maintenant, je vais pouvoir poser des mots au dos de mon croquis. Avant de me lancer, je détache mon bracelet, il me servira à attacher cette lettre. Je la confierai à Maël, il sera mon messager. Sa mission est de la donner à Victor au moment où il le souhaitera mais il devra attendre que ma silhouette s'efface dans le lointain.

Mon merveilleux papillon,

Par où commencer, j’ai longtemps songé que l’amour n’était plus pour moi. Pourtant au moment de mon départ, je n’arrive pas à te dire les yeux dans les yeux ce que je ressens vraiment. Ne me demande pas pourquoi ? Mes mains ont cherché les tiennes toute cette nuit, mes doigts se croisaient avec l’espoir d’y trouver ton pouce jouant dans ma paume. Au fil de cette semaine, nous avons échangé tant de petits gestes furtifs, toujours avec délicatesse. Je ne sais pas si finalement nous ne sommes pas les seuls à ne pas percevoir le lien tissé entre nos vies. Est-ce que tu m’en voudras de ne pas avoir pris mon courage à deux mains pour t’avouer ce que je vais faire ici ? Quelque part, je sens que tout m’échappe, même mes mots. Je suis tombé sous ton charme. Notre baiser fut une bulle dans laquelle je me suis enfoui avec un plaisir sensuel. Pourquoi n’ai-je pas bousculé les événements ? J’ai fantasmé toute la nuit suivante. Dans mes rêves, tu me prenais par la main et nous courrions sur cette plage. Nous avons ôté nos armures pour nous abandonner. Je ferme les yeux et vois les tiens. J’entends un oiseau chanter et je me demande si tu n’es pas dans mon dos. Je dessine et j’entends tes histoires. Tu me souris et je me sens léger. Tu me chuchotes à l’oreille et tout mon être frissonne. Je ne te parlerai pas des papillons dans mon ventre quand tu m’as effleuré …

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire Attrape rêve ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0