Chapitre 46 : Le conseil des "sept".

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Les draps chauds du matin appelaient Michael à ne pas en sortir.

Il s'y blottit, plissant les yeux, de loin prêt à affronter le froid et grattant dix minutes supplémentaires, alors qu'il s'était réveillé toutes les heures, pressé que ce calvaire prenne fin.

En ce jour très spécial, il serait dispensé des responsabilités que son travail lui incombait habituellement, mais pour bien pire encore.

Tout en sortant un bras de sa couverture rembourrée de plumes, il vint frotter ses yeux fatigués, rentrant sa main ensuite dans la manche de son pyjama en cachemire. Chaque hiver, il sortait les deux pièces à carreaux tout doux et tout chaud.

Michael était frileux et la place à côté de lui, vide et déjà tirée, n'avait pas pour intention de le réchauffer.

Avec le même soupir qu'il poussait tous les matins, il écarta le drap d'un coup sec pour s'obliger à poser ses pieds nus sur le sol. La sensation fut désagréable, un frisson parcourut son échine et un autre tordit son estomac.

Toute la nuit, il avait pensé à Eglantine alors même qu'il partageait la couche avec sa femme et qu'il avait jusqu'ici tout fait pour l'éviter. Dans ses rêves, il la voyait arriver, belle, féminine, dans une longue robe, ses longs cheveux argentés cachant un visage plein de reproches. Il avait peur de la rencontrer et qu'elle lui en veuille, peur du moment où elle planterait ses yeux dans les siens.

Des escapades se planifiaient contre son gré dans son esprit embrouillé tandis qu'il se lavait les dents. Il partirait vers midi, mais sûrement pas avec cette tête-là. La confiance qu'il avait pu gagner d'autant s'était envolée au fil des années, tout comme le semblant d'amour qu'il avait envers sa femme.

Michael n'avait pas le choix. Cette fois, c'était réunion générale et au fond de lui, il avait espéré obtenir une telle occasion depuis longtemps. Il avait juste jusqu'ici toujours trouvé des excuses pour manquer de cran.

***

Depuis la salle de bain, Nice se préparait en conséquence du temps dehors. Toujours coquette, elle avait enfilé une robe en laine et des hautes bottines pour se protéger du froid.

Dans son lit, avec comme unique vêtement son slip, elle observa Selim se prélasser dans les draps, telle une panthère sur sa branche. Lui n'avait rien de frileux et ça avait certains avantages.

Comme une petite souris, elle vint se glisser contre lui pour récupérer de sa chaleur et l'attaqua de petits baisers qu'elle poursuivit jusque sur son bidon.

Selim ouvrit un œil et la piégea dans des bras, s'enroulant autour de sa merveilleuse copine. Depuis qu'ils avaient sauté le pas, le couple était devenu encore plus proche, collé l'un à l'autre en toute circonstance.

C'est pourquoi Selim la savait tracassée

En effet, le matin, en arrivant main dans la main dans la cour, il nota qu'elle fixait Kimi intensément. Cette dernière assistait à un combat de poule entre Laure et Faye qui décrétait chacune être la mieux habillée.

Entre les deux, elle rigolait bien, à pleines dents.

  • Allez, franchement, c'est moi quand même ? s'en allait la rousse en l'attrapant par l'épaule. Dis oui et je te paye à bouffer, murmura-t-elle ensuite d'un petit air vicieux qui fit bien rire la galerie.
  • Hum, je me tâte ! s'exclama-t-elle, ravie d'être toujours celle dont en attendait l'avis. Un burger, ça va ? répondit-elle sur le même ton.

Alex, qui venait tout juste de se sortir des griffes de Steve, paraissait essoufflé d'un tel effort. Bien que contrarié par cette attaque matinale et son week-end mouvementé, il tenait évidemment pour sa copine, à l'inverse de Loyd qui, même s’il ne se prononçait pas, son choix était une évidence. D'un air très doux, il se tenait légèrement à l'écart pour observer Laure de haut en bas. Sky attrapa son pote par les épaules pour le taquiner :

  • Tu lorgnes ? lui lâcha-t-il au creux de l'oreille.

Déposant le bout de ses doigts sur sa main, Loyd lui renvoya un regard coquin.

  • Toi aussi, non ? l'embêta-t-il à son tour.
  • De quoi ? s'étonna-t-il, penchant la tête légèrement.

Lorsqu'il vit un petit sourire s'agrandir aux coins des lèvres de son meilleur ami, Sky le secoua, curieux de ce qu'il sous-entendait.

  • Oh, mais rien… continua-t-il en envoyant un regard vers Kimi.

Le beau brun ne comprit pas pendant que l’autre levait les yeux au ciel.

Pendant qu'ils se chamaillaient, Nice gardait le silence, portant son attention à multiples reprises sur la blonde. Après les révélations de son père, elle ne pouvait s'empêcher de la dévisager. La minuscule Richess s’était posée un milliard de questions, la première étant : “Est-elle au courant ?’.

De son point de vue, il lui semblait que Kimi non plus n’avait aucune idée que, tant ses parents, que Dossan, son père adoptif, avait connu le sien. Sans compter qu’en bon menteur, il n’avait pas dû lui dire non plus qu’il avait été ami avec Chuck Ibiss.

Ce qui paraissait fort étonnant pour quelqu’un qui avait reçu l’ensemble de la dernière génération Richess dans sa maison.

Toutes ces confidences la rongeaient de l’intérieur, Nice étant intègre et honnête. Elle n’aimait pas être pris de court et rester dans l’ignorance. Ce genre de situation lui donnait l’impression d’être bête.

Plutôt discrètement, Selim resserra sa main et l’interpella :

  • Bébé, arrête…
  • Hum ? fit-elle en sortant de ses pensées. Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-elle ensuite.
  • Ben… tu la fixes, chuchota-t-il en lui faisant de gros yeux puis en regardant la blonde en train de faire le singe avec Faye.

Mais le groupe remarqua qu’ils étaient suspects.

  • Tu fais des blagues salaces dès le matin ? plaisanta Sky qui arracha un râle à Kimi.
  • Nan, c’est… commença Selim en lançant un regard incertain à son amoureuse.
  • En fait, je crois que…

Pourquoi hésitait-elle ? En elle, Nice ressentait une sensation de danger. Elle comprit qu’elle mettait le doigt sur quelque chose de très sensible et de potentiellement explosif. Devait-elle appuyer sur la gâchette ? Les prunelles rivées sur Kimi, celle-ci reconnut à son air qu’il y avait un problème.

Tous curieux et attentifs, ils attendaient qu’elle continue.

  • Il faut vraiment qu’on fasse une réunion. Aujourd’hui, déclara-t-elle d’un ton grave qui alarma ses amis.

***

Puisqu’il était celui qui avait proposé l’idée d’un rassemblement, Elliot s’était lui-même chargé d’inviter les autres Richess. Il eut Marry au téléphone en un rien de temps qui, d’abord “overbookée”, décida de repousser quelques rendez-vous importants pour assister à celui-ci. Boucle d’or, les coudes sur son bureau en verre, et le menton sur la jointure de ses doigts croisés, pensa au fait qu’elle reverrait Chuck. Du moins, en petit comité. Un sentiment d’excitation la parcourut en même temps qu'une confrontation se préparait.

Katerina ne s’était pas attendue à recevoir un appel avant le week-end prochain. Elle accepta tout de suite, n’ayant à craindre de croiser personne puisqu’elle avait déjà sauté le pas avec Elliot. Ils espéraient pourtant tous deux secrètement que cette réunion n’ait pas trop d’incidences sur leurs rendez-vous à venir.

Cette dernière s’occupa de sonner à Eglantine, qui eut le cœur brisé en apprenant que Dossan leur avait fait de telles cachotteries. Derrière la peine, il lui restait tout de même la curiosité. Depuis le temps qu’elle n’avait plus vu Michael. Comment l'accueillerait-il une fois sur place ?

Afin de trouver un terrain neutre, le grand roux avait proposé une adresse à laquelle devrait bientôt ouvrir des nouveaux bureaux pour son entreprise. Le terrain autour encore en construction, ils y seraient tranquilles.

C’est le corbeau “moqueur” qui se chargea de prévenir Chuck qui avait dès lors gloussé à l’autre bout du fil. Voilà que les problèmes arrivaient enfin, et c’est lui-même qui fut le mieux placé pour prévenir Blear. Il était le dernier à avoir eu un contact avec elle, et ce, pour les mêmes raisons qui les poussaient à se revoir tous ensemble une quinzaine d’années après Saint-Clair.

La reine des glaces aurait donc enfin les réponses à ses questions.

***

Dans un autre ordre, c’est Michael qui arriva le premier devant l’office. Les grands bâtiments modernes l’impressionnèrent. Il reconnut bien la patte assez simple et chaleureuse de son ami qu'il rejoignit expressément à l'étage via l'ascenseur principal.

Elliot l'attendait dans une grande salle de réunion, épurée, une longue table trônant au milieu. Le roux portait une tasse de café à ses lèvres lorsqu'il se présenta à l'entrée, constatant qu'il avait amené des thermos. Un large sourire le gagna en découvrant Michael :

  • Bel homme, déclara Elliot en observant son accoutrement.

En effet, il avait sorti une belle chemise au-dessus de son jean qui se recouvrait d'un long manteau de pluie marron. Il était élégant, recoiffant d'une main ses cheveux châtains qu'il avait légèrement arrière. Il ne voulait pas avoir l'air trop coincé. Ce fut à son tour d'analyser Elliot.

Lui se pavanait dans la salle, un pull à col roulé pour mettre en valeur son large torse. Il connaissait bien ses meilleurs atouts, dont sa musculature, sa grande taille et son cul à tomber par terre.

  • Je ne suis pas le seul à m'être préparé, lui renvoya-t-il la pareille en venant se servir une tasse. Tu es bien généreux, dis-moi ?
  • C'est moi qui reçois, c'est normal.
  • Hum, oui, dit-il évasivement.
  • Tu es nerveux ? lui demanda alors Elliot.

Michael arrêta son geste pour boire sa boisson un instant, puis prit une gorgée. Ça dépendait pour quoi exactement.

  • Je me demande plutôt comment ça va se passer, cela fait longtemps que…
  • Tu n'as plus vu Eglantine ?

À nouveau, il s'arrêta pour fixer son copain dans les yeux.

  • J'allais dire que nous ne nous sommes pas tous rencontrés, mais… oui, c'est vrai.

Les deux hommes furent alors interpellés par des petits coups à la porte. Michael eut un grand sourire.

  • Kat !

Madame Hodaibi apparut dans l'entre porte, séduisante à souhait. Elle aimait beaucoup les pantalons serrant, noirs comme sa crinière et tranchant leur confort avec une paire de talons aiguilles. Elle portait un joli chemisier sous sa veste qu'elle déboutonna en même temps qu'elle faisait la bise à Michael.

  • Tu vas bien ? demanda-t-elle, perturbée, mais surtout contente de le revoir.

Ils échangèrent courtoisement, Kat se dirigeant à pas de velours vers Elliot qui était absolument conquis par sa tenue. En lui disant bonjour, il déposa une main juste en dessous de sa taille pour gagner en proximité. Elle rougit instantanément, manquant de glisser sur l'un de ses talons.

  • Ne tombe pas tout de suite, tu as encore le temps, plaisanta-t-il en la rattrapant à moitié.
  • Oui, je… merci, Elliot, bégaya-t-elle.

"Nous n'avons pas besoin de préciser que nous avons un rendez-vous dimanche", lui avait dit Elliot au téléphone pour la rassurer. Il ne manquait pourtant pas de temps pour se rapprocher. Katerina pinça ses lèvres, nerveuses, et préféra se ranger aux côtés de Michael qui comprenait très bien la situation. La tension existante entre les deux était plus que palpable.

  • J'espère qu'ils vont bientôt arriver, lâcha-t-elle un peu perdue entre le duo d'hommes.
  • J'aurais dû préparer des sandwichs ? fit Elliot encore sur le ton de la rigolade.

Michael se ventilait, en nage du stress que lui procurait cette situation. Katerina eut envie de le rassurer.

  • Tu sais…Elle ne t'en veut pas…

Il la regarda les yeux tout ronds, ne sachant si la nouvelle le blessait ou le réconfortait.

  • Mais je ne sais pas si je dois en vouloir à Dossan, par contre, dit-elle en baissant son regard.
  • À toi de voir quand il t'expliquera, répondit Elliot, moi je… Ça me contrarie.
  • Moi aussi, fit Michael qui tendit alors l'oreille dès lors qu'une porte claqua dans le couloir.

Son pouls s'accéléra à une vitesse folle en reconnaissant un pas léger et chercheur. Il en était sûr, ça ne pouvait être qu'Eglantine. Il réajusta alors nerveusement son col.

  • Bonjour, entendirent-ils résonner de manière claire et douce, avant même que la détentrice de cette voix d'ange n'eut passé la porte.

Ils virent ensuite une petite tête en dépasser timidement, mais adorablement, avant de se présenter entièrement aux trois Richess.

Michael se liquifia face à la beauté d'Eglantine, toute frêle, dans une longue robe, en dessous d'un épais manteau blanc en laine. Le mouvement de sa main gracieuse dans sa chevelure argenté l'envoûta, comme la subtile odeur de parfum qui arriva à son nez.

À son sourire, rayonnant et délicat, il fut émerveillé, si bien que sa simple approche le fit déglutir. Elle était sublime, toujours aussi mignonne, mais femme. Elle avait remarquablement grandi et la voir en vrai lui rendit les mains moites. Le battement de ses cils lui parut durer une éternité, comme celui d’un papillon, lorsqu’il plongea ses prunelles pleines d'étoiles dans les siennes quand elle attrapa Katerina dans ses bras. Les deux femmes se serrèrent à ne plus savoir respirer, émues de se retrouver physiquement.

Vint ensuite le tour d’Elliot à qui elle adressa une accolade plus timide, mais chaleureuse. Attendant son tour, l’estomac tordu, Michael n’entendait plus les mots qu’ils se disaient, rigolant de leurs retrouvailles.

Il avait peur qu’elle ne lui accorde pas le même traitement, tout comme il ne l’approuverait pas non plus. Un homme comme lui ne méritait pas une telle femme.

***

Dans le hall principal au rez-de-chaussée, Marry appuya sur le bouton de l’ascenseur d’un doigt parfaitement manucuré. Elle jeta ses grosses boucles blondes d’un mouvement derrière son épaule et s’installa au milieu de la cabine en fer, telle une diva.

Les jambes légèrement écartées, perchée sur ses hauts talons, elle se matait dans le miroir, pomponnée et préparée. Tandis que les deux portes se fermaient, elle vit une silhouette noire se diriger rapidement dans le couloir et y glisser une main. Le sourire de Marry s’étira, puis se referma avant que l’homme en costume la rejoigne dans l’ascenseur.

  • Bonjour, fit Chuck, lui aussi très séduisant, réprimant une envie de lever son sourcil.
  • Bonjour, dit-elle froidement en feignant le fait qu’elle n’était pas insensible à son costard.
  • Deuxième étage, c’est ça ? demanda-t-il ensuite, appuyant sur le chiffre quand elle hocha à peine de la tête. On y sera vite, ajouta-t-il en réajustant sa veste.

Trépignant sur place, Marry s’appuya à la rambarde derrière elle, chaque main de part et d’autre de son corps pour le laisser la détailler. Elle était sexy dans une robe rouge moulante, dont le manteau en fourrure cachait les épaules dénudées. Chuck se racla la gorge, planté juste en face en la fixant intensément. Ils étaient tous les deux très classes.

Lorsqu’il s’adossa à la paroi, imitant sa position, Marry abaissa un peu son visage, tout en ne le quittant pas des yeux. Elle le provoquait avec son petit nez se trémoussant. Chuck eut un rictus et détourna le regard avant de faire un pas vers elle qui provoqua un tremblement dans les jambes à la belle blonde. L’instant d’après, il eut ses lèvres proches des siennes, ses yeux topazes, lubriques, capturant les siens. Il lui bloqua le passage en passant son genou dans son entre-jambe et tout mouvement en déposant son pouce sur son menton.

“Ding”

  • Madame Stein, fit Chuck, toujours adossé au mur en l’invitant à sortir en première d’un geste galant.

Marry, nullement perturbée par l’échange chaud qu’ils venaient de partager dans une succession de regards obscènes, se redressa des talons sur lesquels elle s’était appuyée. Elle lui lança un petit sourire par-dessus son épaule, vérifiant qu’il la suivait bien. Une fois retournée, Chuck se mordit les lèvres en levant les yeux au ciel. Dieu qu’il aimait jouer.

***

Plus délicatement, Eglantine fit un mouvement vers Michael, sur la réserve. Elle ne voulait pas le traiter comme un étranger. Tout en réajustant une mèche derrière son oreille, elle lui tendit sa joue en touchant son avant-bras du bout des doigts. Elle ne manquait jamais de grâce, faisant frissonner son ancien petit ami lorsqu’il ressentit son contact après tout ce temps.

  • Michael, dit-elle doucement en lui adressant un sourire sincère.

Ce dernier rougit, les papillons dans son ventre renaissant en même temps qu’il parcourait son visage radieux. Tout deux se regardèrent longuement sans rien dire, sur leur petit nuage, tandis qu’Elliot et Katerina ne savaient plus où se mettre.

  • L’amour brille, sous les étoiles…

L’apparition en fanfare de Chuck attira tous les yeux sur lui. Il n’en fut pas mécontent, même en voyant Elliot croiser les bras fermement.

  • Voilà notre premier menteur, lâcha-t-il d’un ton provocateur en venant coller une grosse bise à Marry, histoire de l’énerver encore plus.
  • Ah la la, ne soyez pas aussi rancuniers, fit-il en se servant lui aussi une tasse. Peut-être qu’il y a des choses qui vous dépassent, mais il sera temps d’en discuter une fois tout le monde réuni, ajouta-t-il en s’installant à un des sièges, avant de croiser les jambes.

La même pensée générale traversa l’esprit des Richess déjà présent : “Cet homme est d’une détente… ”.

Ça en était à la fois agaçant et admirable, mais pas du point de vue de tous.

Quelques minutes plus tard, Blear arriva un parapluie à la main pour se couvrir de la neige menaçant sa jolie crinière brune et légèrement ondulée. Elle avait le teint très pâle, les joues et les lèvres rougies par le froid alors qu’elle portait un long manteau couleur moka et une écharpe, qui avait l’air aussi douce que de la chantilly, remontée jusqu’au menton. Blear aussi avait pris ses distances avec le restant du groupe, pas comme certains qui étaient restés en bons termes de loin. Ils ne surent comment l’accueillir, mais une chose était sûre, elle savait quoi dire à Chuck.

Laissant son parapluie de côté, elle se planta devant lui, en colère :

  • Tu devrais avoir honte plutôt que de te présenter sous ton meilleur jour et de… de boire un café comme s’il n’y était ! N’as-tu pas une once de culpabilité ??

Il avait pu faire le malin devant les autres, mais face à Blear, il se pourlécha les lèvres.

  • Tu n’as rien à dire ? Que je comprends ! Si j’étais toi, je me cacherais dans un trou de souris et n’en sortirais plus ! Nous cacher une telle chose, comment tu as…
  • C’est à moi que tu devrais en vouloir.

À nouveau, tous les regards furent attirés par la voix du dernier arrivé. Dossan, toujours dans son veston en cuir, arrachant son bonnet de sa tête d’un geste pour secouer ses cheveux noirs, se présenta au groupe. Il n’avait pas non plus l’air de craindre quoi que ce soit, s’avançant dans la pièce d’un pas certain.

  • Je suis le premier concerné, ajouta-t-il en défiant Blear qui était aussi remontée qu’un ressort.
  • Mais pas le premier arrivé, lâcha Elliot. Quand on est invité pour expliquer ses conneries, je ne pense pas que ce soit très bien de se présenter en dernier.
  • Excuse-moi, Elliot, vois-tu… J’ai dû prendre le train, parce que ma voiture est au garage, et qu’il a eu du retard, et pourtant, je suis là. Donc, peut-être qu’on peut commencer cette réunion, maintenant, au lieu de se disputer pour autre chose que le sujet principal ?

Sa répartie arracha un sourire à Chuck. Il y avait longtemps que les deux hommes ne s’étaient plus vus. Le temps des accolades attendrait la fin des explications.

***

Dans le local de classe qui leur servaient toujours de lieu pour le conseil, les jeunes Richess et Kimi attendaient les premiers mots de Nice. Celle-ci prit le temps d’inspirer un bon coup avant de s’asseoir en bout de table :

  • Bien. Que la réunion commence.

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