L'amour ne se mérite pas, il s'offre.

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Je lance à mon amie un regard interrogateur :

- Que veux-tu dire ?

- Réfléchis un peu : comment penses-tu que tes parents réagiront en découvrant que tu as désobéi à leurs ordres et t'es délibérément rangée du côté de leur ennemi ?

- Ils seront extrêmement contrariés . . .

- Je pense même qu'ils entreront dans une colère folle contre toi. Que feras-tu à ce moment ?

- Mes actions dépenderont des leurs. J'agirai en fonction de ce qu'ils feront. Nous ne pouvons qu'attendre pour l'instant.

- Je vais m'occuper d'Adler. Il a besoin qu'on prenne soin de lui après ce long voyage. Nous repartirons pour le royaume de la terre dès demain afin de rendre à Adam le charbon de Gaïa.

- C'est entendu.

Elle prend le coffret en bronze dans ses mains et quitte les appartements du roi. Je lui emboite le pas afin d'aller à la rencontre des habitants du château. Les courtisans et les courtisanes se pressent autour de moi, désireux d'avoir des nouvelles de la situation. Je m'adresse d'abord à la Duchesse Delaigue :

- Je vous remercie d'avoir pris soin du royaume de l'eau durant mon absence.

- Je vous en prie, Votre Majesté, me répond-elle en me faisant la révérence.

Je me tourne ensuite vers les autres nobles pour leur annoncer :

- Le roi est guéri, mais il a besoin de repos. Vous n'avez plus aucune inquiétude à vous faire à son sujet. Je prendrai en charge ses fonctions jusqu'à son réveil. C'est à moi que vous devez vous adresser si besoin, en attendant.

Des soupirs de soulagement envahissent la foule et les conversations reprennent bon train. Je quitte l'antichambre pour retourner à mes appartements. Je n'ai jamais effectué un aussi long voyage de ma vie et j'en suis épuisée ! La nuit étant tombée depuis un bon moment, maintenant, je décide d'aller me coucher.

Le lendemain matin, Éoline vient me voir dans mon salon pour me dire :

- Je pars pour le royaume de la terre avec Adler. Je rentrerai à la cité de l'air une fois le charbon de Gaïa remis à son propriétaire légitime. Au revoir, Oriane.

- Au revoir, Éoline et merci pour tout ! Tu as sauvé le roi de l'eau Kaï et nous a fait éviter une énorme catastrophe !

- Non, c'est toi qui l'a sauvé. Je n'ai fait que t'aider.

Elle est modeste, comme toujours. Je la reconnais bien là. Nous nous serrons longuement dans les bras l'une de l'autre et je demande à ma meilleure amie :

- Quand nous reverrons-nous ?

- Je ne sais pas, mais bientôt et dans de plus joyeuses circonstances, j'espère.

- Je le souhaite aussi. En attendant, pars et rentre vite chez toi. La cité de l'air a besoin de sa sage gardienne.

Elle me sourit, puis se dirige vers le balcon où l'attend Adler et s'envole sur son dos. Peu de temps après, on toque à ma porte. Je me tourne vers cette dernière et dis à voix haute :

- Entrez !

Le roi de l'eau fait son apparition, vêtu d'un beau costume bleu aux brodures d'argent. Un sourire illumine son visage et je me jette à son cou en m'exclamant :

- Oh, vous êtes réveillé ! Je suis si heureuse de vous revoir en pleine santé !

Il semble un peu surpris par cette soudaine marque d'affection, mais se ressaisit bien vite et m'entoure de ses bras en déclarant :

- Moi aussi, je suis heureux de vous revoir. J'ai entendu dire que vous êtiez partie pour un long voyage. Est-ce que tout s'est bien passé ?

- Oui, nous avons rencontré quelques imprévus, mais tout va bien.

- Vous m'en voyez soulagé. Je suis venu vous remercier, Oriane. Les médecins m'ont expliqué que c'est vous qui avez trouvé le moyen de me guérir.

- Oh, non, je ne mérite pas ces remerciements, avoué-je en m'écartant de lui. Je n'y serai jamais parvenu sans mon amie Éoline et, en plus, c'est de ma faute si vous êtes tombé malade !

- Qu'est-ce que vous racontez ? me demande-t-il, surpris.

- Mes parents n'ont accepté votre proposition de mariage que pour mieux vous éliminer ! Ils m'ont chargé de vous tuer en vous faisant avaler une pêche du démon du feu et je leur ai obéi sans réfléchir ! C'est de ma faute si vous avez failli mourir, je suis désolée !

Je tombe à genoux devant lui et éclate en sanglots, rongée par la culpabilité. Il me fixe en silence pendant de longues secondes, qui me semblent une éternité. Son visage exprime surprise et étonnement. Il ne s'attendait visiblement pas à une telle révélation de ma part. C'est normal : il est si bon qu'il ne pouvait pas s'imaginer que sa propre épouse lui veuille du mal. Il croyait sincèrement que l'empire du feu désirait aussi la paix, mais il s'est trompé. J'ai honte de mon pays et mes parents qui semblent sans scrupules et prêts à tout pour étendre leur domination sur le monde.

Mon époux finit par prendre mes mains et me dit d'un ton calme et doux :

- Relevez-vous, Oriane. Je ne vous en veux pas.

Je lève vers lui un visage surpris, baigné de larmes. Il les essuie avec ses pouces en m'expliquant :

- Vous n'êtes que la victime du désir insensé de vos parents. Ils se sont servis de vous, ce n'était pas votre volonté. De plus, vous regrettez sincèrement de les avoir écoutés et je crois en votre repentir. Je vous pardonne.

- Comment pouvez-vous accorder votre pardon à une femme qui a abusé de votre confiance et était prête à vous tuer ?

- Je n'étais qu'un étranger pour vous. Il est normal que vous ayez préféré écouter l'avis de vos parents. Je vous pardonne parce que je comprends ce que vous avez pu ressentir.

- Vous êtes si bon, si généreux . . . Je ne vous mérite pas.

- L'amour est une chose qui s'offre. Il ne se mérite pas.

Je le regarde avec des yeux pleins d'admiration, puis lui souris :

- Dans ce cas, je vous offre le mien.

Il me rend son sourire et me serre contre lui. Je passe mes bras autour de son corps. Son étreinte est douce, chaude et si réconfortante ! J'enfouis mon visage contre son torse en remerciant tous les esprits de m'avoir donné un époux aussi formidable ! Je ne sais ce que l'avenir nous réserve, mais quoiqu'il advienne et quoi que fassent mes parents, je sais que nous pourrons le surmonter ensemble.

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