07h00 - 08h00

3 minutes de lecture

L'action se déroule dans un supermarché au fond d'une grotte en sable du côté nord du Caire

Gréta double tout le monde dans la file d'attente et passe devant la caissière sans la regarder.

— Eh ! madame ! dit l'effrontée.

Bien sûr que ma chérie prend la remarque comme une insulte. Déja qu'elle ne s'arrête pas aux contrôles routiers et pique-nique sur les voies d'urgence, alors des gens qui attendent sur du sable comme des fans de beach volley.

— Qu'est-ce qu'elle dit, la connasse ?

Gréta revient sur ses pas.

La pauvre employée voit une ombre de deux mètres carrés assombrir sa caisse.

— Arrêtez ! vous allez me filer la cagasse* !

Gréta change soudain de comportement et la prend dans ses bras en la sortant de sa chaise à la vitesse d'un siège éjectable qui laisse la caissière sans réaction.

— T'es de Limoges comme moi ? Effuse Gréta.

— Oui, du nord de Limoges ! répond la petite voix du plus profond des plis abdominaux de ma chérie.

Après une extraction qui ressemble à un reflux gastrique de chameau, la pauvrette ressort toute trempée.

— Mais Bon Dieu, qu'est ce que tu fous ici ? réenchérit ma chérie.

— Je m'appelle Mariette. J'ai été limogée du Carrefour Market de Paguenaud.

— Il semble normal de se faire limoger à Limoges ! Assure le Baron qui matte son décolleté ouvert sur deux pamplemousses pur jus. Puis rajoute :

— Mariette, je t'aurais vu plutôt du Mans !

S'ensuit naturellement un rire quelque peu contenu pour ne pas trop vexer la porteuse d'agrumes.

Je suggère de filer au plus vite avant d'être ratrappés par la bande d'hématies. Je vois le visage de Mariette s'assombrir à nouveau pour devenir aussi pâle qu'une vampire anorexique.

Elle nous montre du doigt la baie de Rio... Enfin presque, le Christ du Corcovado barre le passage avec ses deux bras tendus à l'horizontal. Le gars a une envergure minimum de deux mètres et la prise au vent d'un catamaran passant le Cap Horn. Et dire qu'on voulait mettre les voiles, on est servi.

Il a dû bouffer un casse-croûte de gazelle pour nous arriver dessus aussi vite. Pas le temps de finaliser un plan de secours qu'il chope Ahmed et Youssef par le paletot et leur apprend les rudiments du wingsuit en djellaba en les envoyant en l'air. Les pauvres vont s'écraser sur un rocher n'ayant pas eu le temps de règler l'entrecuisse de leur combinaison berbère.

Günther abasourdi, se tate la poitrine pour vérifier qu'il a bien sa cotte de maille et fonce tête baissée tel un sanglier protégeant sa portée. Le Christ l'aplatit d'un coup de poing aussi facilement qu'un clou dans du saindoux. Le pauvre amérit la truffe dans le sable comme un canadair qu'aurait pas pu larguer sa cargaison de flotte.

N'écoutant que mon courage, je regarde Gréta pour prendre l'initiative d'attendre sa décision. Elle reste figée comme une goutte de confiture sur une assiette plate et froide, sortie du frigo. Cette technique permet à coup sûr de savoir que la confiture est cuite à point. De là, il faut empoter tout de suite, refermer et retourner le pot.

Je tombe en déconfiture car Gréta ne bouge pas et qu'il me reste un épisode pour finir cette aventure. Donc, pour résumer :

Nous sommes, Moi, Gréta, Mariette, le Baron, Günther à condition d'aimer la micro-chirurgie, Jack qui se planque depuis un moment, bloqués dans un supermarché par un type qui a été nourri au plâtre. Ahmed et Youssef malheureusement ne pourront pas renouveller leur contrat ayant été transformés en magnet.

* chiasse en patois limousain. Classe non ?

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