Chapitre XXXVII (1/2)

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Je dormis comme un loir, mais je me réveillai tôt. Le bateau était encore endormi et semblait s’étirer doucement dans les eaux sereines de Port-Eden. Dehors, les petites échoppes qui bordaient le quai reprenaient vie tranquillement : une odeur de pain me chatouillait les narines, un petit navire de pêche négociait sa marchandise et quelques passants faisaient résonner leurs pas sur les pavés.

Mon cerveau se ralluma très lentement, dans une ambiance légèrement brumeuse, et je rosis dans le noir en me remémorant certaines activités de la veille… D’ailleurs, le coupable était sous mes yeux, blotti dans la fraîcheur matinale, moelleux comme un pain au chocolat sortant du four, beau comme le soleil illuminant la mer, doux comme une pièce de velours sous mes doigts engourdis. Je le regardai dormir un long moment, ne serait-ce que pour m’assurer qu’il n’était pas redevenu citrouille une fois que minuit était passé, mais il était là, tout simplement. A ma portée, presque à ma merci, comme s’il avait mieux à faire que de déguiser quoi que ce soit.

Peu à peu, une lumière timide, intermittente, s’invita dans les cales au hasard des sabords et des écoutilles qui ponctuaient le navire. Cela se devinait à la lueur croissante qui filtrait sous la porte, mais à l’intérieur de cette cabine qui n’en était pas une, il faisait encore très sombre. Je devinai les contours du visage d’Orcinus, tout près du mien, et je sentais les courbes et la chaleur de son corps tout contre moi… Pour en profiter encore plus, je voulus me déplacer un peu et me mettre sur le flanc. Alors je… tombai ! Paf, par terre.

Je lâchai un « Ouille ! » sonore tout en me réceptionnant tant bien que mal sur le sol. Orcinus s’éveilla en sursaut, mit une seconde à comprendre ce qui s’était passé, et vint à ma rescousse avec un sourire moitié moqueur, moitié inquiet.

« - Tu t’es fait mal ?

- Non. Enfin, ma dignité est brisée, mais tout le reste va bien.

- Ah… Je peux rigoler, alors ?

(Je lui fis ma plus belle grimace).

- Tu n’es pas gentil.

- On me l’a déjà dit… Bon, tu reviens, ou tu préfères rester par terre ? »

Je revins, évidemment, et embrassai son sourire presque carnassier, heureusement démenti par la lueur douce, bienveillante, qui brillait dans ses yeux auxquels l'obscurité donnait des reflets bronze et noir. Il me serra contre lui, non sans se moquer de moi tout contre mon oreille. Je lui rendis son étreinte tout en le menaçant d’une vengeance terrible s’il ne cessait pas de ricaner… Mais il ne semblait pas très effrayé, et quand il se rallongea sur le dos, passant un bras sous sa nuque et l’autre autour de ma taille, il avait l’air scandaleusement serein.

Je me tournai vers lui, tout contre lui (mais en veillant bien à ne pas renouveler mes cascades), posai la joue sur son épaule et la main sur son ventre. Je me sentais doublement enveloppée, dans la nuit comme dans sa chaleur, et j’éprouvai un sentiment de sécurité tout à fait nouveau, qui me rendait aussi songeuse qu’audacieuse. Aussi laissais-je mes doigts parcourir son corps, effleurer sa peau, parcourir creux et courbes, muscles et aréoles. Orcinus avait les yeux fermés et le sourire élastique, gémissant sous mes caresses tandis que son sexe se tendait vers moi de plus en plus. C’était une sensation délicieuse de le voir réagir ainsi au moindre de mes gestes, comme si je prenais un tout petit pouvoir sur lui…. Et sans cesser de lui taquiner la peau au hasard de mes mains, je murmurai soudain dans le noir.

« - Orci, ça ne te gêne pas, que je te touche comme ça ?

- Hmmm… Non. Fais-toi plaisir, je t’en prie.

- Depuis que je vis avec vous, j’ai remarqué que vous étiez tous très à l’aise avec votre corps. Chez moi, c’est très différent.

- Peut-être parce que nous vivons en lien étroit avec la mer… Lorsqu’on se baigne tous ensemble, lorsqu’on manœuvre sous un soleil de plomb, lorsqu’on joue sur une même scène, forcément, ça crée des liens ! Le corps est notre outil de travail, à nous.

- Pas seulement… glissai-je en laissant ma main descendre vers son bassin.

- Pas seulement, en effet ! dit-il tout bas.

- …

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