Chapitre 5 : Début difficile

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- Mon fils, Homme humain, tu es prêt maintenant, le monde n'attend que toi. Le chemin sera dur, la mission juste, mais rappelle-toi, le plus difficile sera de combattre la haine, celle qui ronge, celle qui détruit tout, celle qui s'installe dans les cœurs, dit le Gardien au jeune Homme. Il ressemblait cette fois à un scarabée de taille humaine fait de coquillages et de coraux.

- Je ne vous décevrai pas, Gardien, dit le jeune guerrier.

- Nous verrons cela, Homme humain, mais pour l'instant, fête pour ta floraison.

La veille de son départ, tout le Jardin s'était mis en fleur et tous ses occupants avaient préparé un immense festin en son honneur. On y mangeait toutes sortes d'aliments surréalistes et on buvait des boissons féériques. Les oiseaux chantaient, les arbres dansaient et pendant toute la nuit on fit la fête.

Le lendemain matin, le guerrier fit ses adieux au Jardin et à ses occupants. Pour l'aider dans sa tâche, les êtres vivants lui avaient confectionné un cadeau, une armure complète aussi légère que résistante, faite de bambous, de feuilles et de racines, enveloppée dans un filet de soie, le tout parfaitement à sa taille. Il se sentait à l'aise et très agile dedans.

Le Gardien avait également un présent pour lui. Il prit une branche du plus vieil arbre du Jardin et, d'un revers de patte, il créa une épée en bois plus solide que l'acier et aussi légère que le vent. Le Gardien s'exprima ensuite :

- Cette arme te servira à vaincre la haine dans le cœur des hommes, et cette armure te protégera de tout malheur. Utilise-les à bon escient, mon fils Homme humain. Rappelle-toi, toujours être digne du statut de guerrier du cycle.

- Merci Gardien, merci mes amis pour ces présents. J'ai beaucoup appris ici et il me tarde de transmettre mon savoir à mes congénères, j'espère pouvoir revenir un jour ici pour tous vous revoir.

- Il y a une place pour toi dans mon Jardin, mon fils Homme humain, comme pour tout humain de la terre.

Sur ces mots, il partit, il dit au revoir aux êtres magiques du Jardin, il passa par la cascade de fleurs, salua au passage son ami gardien des portes du Jardin, le grand dragon vert aux ailes de papillon. Il se fit accompagner des mêmes petits êtres musiciens, faits de feuilles et de brindilles, qui le guidaient par leur musique fantastique.

Jetant un dernier coup d'œil derrière lui, le guerrier ne vit pas une branche à ses pieds, il trébucha et roula, sur une grande colline, pour finir son trajet dans un parterre de fleurs blanches. En ouvrant les yeux, il reconnut l'endroit, où il y a des lunes, il s'était évanoui. Il se remit debout et se tint fièrement, bien droit, prêt à faire face à toutes les épreuves qu'il allait devoir affronter ; il était prêt à accomplir sa mission.

Pendant plusieurs jours, il marcha dans la forêt, il put utiliser tout son savoir pour survivre dans la nature. Il continua son chemin jusqu'à arriver aux abords d'un village humain. C'était son ancien village, les lieux avaient changé, mais il les reconnaissait. L'endroit était plus grand et plus moderne, le village de son enfance avait disparu et, même si un sentiment de peine voulait l'envahir, sa tâche restait plus importante.

Tandis qu'il marchait à travers les rues, l'air impur le faisait chavirer. Les plantes fanaient dans une terre rendue infertile, les maisons s'imbriquaient les unes dans les autres, tout était sale et miséreux, la pauvreté régnait en maître et le guerrier se disait que les maladies devaient ronger les lieux. Le Gardien avait raison, il fallait réparer la Terre et protéger le cycle.

Les citoyens ne semblaient pas heureux de vivre. Pressés et de mauvaise humeur, tout les habitants criaient dans les rues, leurs visages moroses et rudes laissaient transparaître une fatigue évidente, une lassitude de la vie. Le guerrier ne se laissa pas abattre, même si la tâche qu'il devait accomplir lui paraissait difficile.

Il commença à parler aux personnes alentour, à vouloir les aider et leur montrer la voie de la nature, mais son comportement étrange et sa tenue burlesque, accentués par des propos farfelus, parlant d'êtres anciens, le faisaient passer pour un fou. Malgré ses nombreuses tentatives de communication, les gens commencèrent à prendre peur et finirent par le fuir.

Personne ne l'écoutait et personne ne voulait le croire, il dut s'enfuir quand les autorités du village commencèrent à le traquer pour l'expulser de la commune. En fin de soirée, alors que le soleil disparaissait à l'horizon, le jeune guerrier réfléchissait, il ne savait pas ce qu'il avait fait de mal, il ne savait pas comment faire pour qu'on l'écoute, le monde des humains semblait plus triste qu'il n'aurait imaginé. A force de se morfondre, il ne vit pas le vieil homme s'asseoir à ces cotés.

L'homme âgé se disait intrigué par lui, tout au long de sa vie, il n'avait vu pareil accoutrement. Il décida alors d'écouter son histoire, et même si elle paraissait absurde, parlant de fonctionnement de cycles et de quête de réparation de la terre, plus il l'écoutait, plus les dires du jeune guerrier paraissaient vrais.

C'est quand le jeune homme lui offrit un fruit du Jardin, pour le récompenser de sa patience et de son écoute. L'homme sage, qui n'avait jamais goûté un fruit aussi pur et bon, n'eut plus d'autre choix que de le croire. Ils passèrent des heures entières à discuter, parlant de nature, d'êtres vivants, de philosophie et de ce qui s'était passé au village plus tôt ce matin.

Après maintes discussions, le jeune guerrier se rendit compte qu'il ne connaissait rien des Hommes et de leur monde. Le Jardin lui avait appris à vivre avec les êtres vivants de la nature, mais non avec ses semblables. Avouant ses lacunes, il demanda à son ami, le vieil homme sage, de lui apprendre tout ce que lui ignorait.

L'homme sage lui enseigna donc l'histoire des Hommes, leurs langages, leurs lois, les gestes de courtoisie, le bon comportement à avoir envers ses semblables, à marcher comme un Homme, à penser comme un Homme. Il lui apprit les mœurs et les coutumes, la morale humaine. Il lui enseigna le fonctionnement des frontières et l'importance des pays, les noms des différents rois dirigeant le monde. Apprenant l'un de l'autre, les deux hommes discutèrent la nuit entière.

Après cette nuit-là, plusieurs habitants commencèrent à venir le voir pour écouter son étonnante histoire. Accompagné du vieil homme, il apprenait aux villageois tout son savoir, et de jour en jour, de plus en plus d'habitants affluaient pour l'écouter. Grâce à son enseignement, la vie était plus agréable, les gens étaient en meilleure santé et se nourrissaient mieux, le guerrier montrait les bienfaits des plantes, de l'air pur, des arbres et de l'eau claire des rivières.

Et à force d'êtres instruits, tous les habitants du village l'écoutaient et adoptaient son mode de vie. Les villageois se portaient mieux, les plus érudits écrivaient les préceptes du guerrier et les plus déterminés s'en étaient allés les conter dans d'autres lieux. Une vague de changement touchait le village, un changement qui ne plaisait pas au régent car il considérait le guerrier comme un hérétique et, de peur de perdre son statut de chef, il envoya plusieurs soldats tuer le jeune Homme.

Mais le Guerrier ne se laissa pas faire. Grâce à son entraînement, sa force animale et son équipement, il put vaincre toute la milice du village et cela sans les tuer. Avec l'aide des villageois, ils renversèrent le gouvernement corrompu, laissant les habitants seuls chefs de la cité.

Sa mission était finie, les villageois vivaient en harmonie avec la Terre, travaillant un peu plus chaque jour à la réparation du cycle. Le guerrier pouvait maintenant partir, pour poursuivre sa mission. Allant d'un village à l'autre, de ville en ville, de pays en pays ; son voyage dura des jours, des semaines, des mois et des années.

Certains habitants l'accueillaient à bras ouverts, d'autres le chassaient et fermaient leur porte. Lui fuyait les combats dès qu'il le pouvait et combattait uniquement quand il le devait, personne ne pouvait le battre. En effet, ayant la force d'un ours et l'agilité d'un félin, il échappait facilement à toutes formes d'autorité et aux guerriers les plus aguerris qui voulaient lui nuire.

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