Une Ombre rode

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Je suis sur cette Terre depuis le début, depuis une éternité. Depuis la naissance du Temps lui-même.

Je vous ai vus à une époque où vous vous grattiez encore le cul, blottis dans les branches d'un arbre pour échapper à un tigre à dents de sabre, apeurés, geignant.

Je vous ai sentis ramper dans les entrailles de la Terre, dans des galeries pour ne pas vous faire bouffer par des reptiles géants, que vous appelez dinosaures.

Et même avant, quand vous n’étiez qu’écailles et branchies, perdus dans l’abîme. Et je pourrais remonter encore plus loin dans votre passé.

Je vous ai vus maîtriser le feu, polir des pierres, commencer à élever des animaux, construire vos premières huttes. Bâtir des villages pour être entre vous, pour vous protéger.

Je vous ai regardés ramper, puis marcher, puis conquérir. Puis, je vous ai vu grandir, évoluer et faire proliférer vos villages qui devinrent des villes, des métropoles.

Des pays.

Je vous ai observé guerroyer entre vous, pour un territoire plus grand, une herbe plus verte, une eau plus pure. Et je vous vois vous entretuer depuis... l'aube des Temps. Pire que ces animaux que vous méprisez. Surtout dans l'art et la manière de tuer. Là, vous avez un don inné pour exterminer votre prochain. Ce qui me procure un plaisir, que dis-je : une jouissance incommensurable !

je suis cette ombre qui vous accompagne, qui vous guette où que vous alliez.

En fait, non, pas une ombre : une onde. Une onde qui vous traverse sans laisser de trace, qui lit en vous. Une onde qui se repait de vos terreurs, de vos cauchemars et de vos frayeurs les plus intimes. Une onde faite d'énergie pure.

Il m'arrive de rester dans un corps, d'en faire ma marionnette, comme ça. Pour m'amuser, passer le Temps. De transformer cet être en un monstre, un tueur, un tortionnaire pour voir jusqu'où vous êtes capable d'aller. De faire d'elle la pire personne possible, jusqu’à ce qu’elle devienne la plus hideuse incarnation du Mal que cette Terre ait jamais portée.

Et vous ne pouvez vous imaginer le paroxysme de l'horreur que vous êtes capable d'accomplir. Même la personne la plus douce, la plus brave, la plus empathique, la plus généreuse que cette Terre n'ait jamais portée, je peux en faire le pire criminel, le plus vicieux et lui faire réaliser les pires horreurs.

Et là, je me nourris de cette terreur que vous déclenchez chez les gens. Je me gorge de la panique que vous semez, du sang que vous faites couler, des cris que vous arrachez. Surtout à cette époque où vos méfaits sont relatés en large et en travers dans vos médias.

Continuez à être ce bipède orgueilleux, vantard et sûr de vous je m'en régale. Continuez à fabriquer vos armes, vos bombes, à tuer encore plus vos frères et sœurs. Grâce à ça, je grandis, je grossis, jusqu'à en devenir obèse, si j'avais eu un corps.

Mais, je ne suis qu'une onde, présente depuis que le Temps existe. Jusqu'à la fin du Temps.

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