Parce qu'il faut bien commencer quelque part ...
Dans les années 70, j'étais une enfant.
Vous savez, cette période reculée où l’on pouvait rouler à 200 kilomètres heure sur l’autoroute, faire du scooter sans casque et s’en griller une au comptoir du bistrot du coin.
Autrement dit : une miraculée !
Lorsque je regarde dans le rétroviseur - j’ai le temps maintenant en roulant à 40 kilomètres heure - je me dis qu’à un certain moment, quelque chose a échappé à mon contrôle.
Pourtant, j’ai tout bien fait comme ils disaient : une scolarité brillante, j’ai décroché mon bac avec mention très bien à 17 ans puis j’ai tiré quatre ans d’études supérieures et ai obtenu ce qui, dans l’hexagone, est considéré comme sacro-saint : un diplôme.
Certains diraient : « j’ai eu ma dose ».
J’ai vécu mon adolescence durant cette fastueuse période, où le monde qui m’entourait était en pleine ébullition artistique, où Led Zep passait à la radio, où les Italiens faisaient du cinéma et où l’on voyait des pubs de lessive à la télé de l’ORTF.
Avez-vous remarqué qu’aujourd’hui, les spots vantant des produits de base tendent à disparaître ? Bien sûr, la mère Denis nous a quittés mais tout de même !
Où sont les ingénieurs en blouses blanches nous démontrant, courbe à l’appui, l’ingéniosité de leurs nouveaux procédés ? Que sont devenus les fabricants de Banga, les pizzas Vivagel chères à Coluche et à Jacqueline Huet, les rôtis du Père Dodu ou les lessives maousse costaude et toute rikiki ?
A cette époque, Caterpillar fabriquait des bulldozers, pas des chaussures à l’esthétique plus qu’improbable mais tellement « in ».
Nous sommes entrés dans l’ère technologique et avec elle, nos besoins de base semblent avoir disparu. Plus besoin de manger, si ce n’est pour se soigner aux Oméga3 et sans gluten, plus besoin de se vêtir, si ce n’est pour défiler pour la collection d’hiver qui je vous le rappelle, est présentée en été.
Place à la téléphonie mobile, à internet, aux réseaux sociaux et aux banquiers qui sont devenus assureurs et opérateurs téléphoniques pour notre plus grand bonheur.
Que s’est-il passé durant ces quarante années pour assister à une évolution aussi démesurée du monde qui m’entoure ? A moins que ce ne soit moi qui ait changé et qui soit devenue asociale et subversive.
J’avoue que cette question me torture depuis plus d’une décennie et que certains lecteurs préconiseront de m’envoyer fissa chez le psychanalyste du coin afin d’exorciser le mal.
Car c’est bien ainsi que je me perçois dans la société d’aujourd’hui : je suis le « malin incarné » qui n’a plus sa place dans cet univers apaisé.
Une menace pour la quiétude de nos concitoyens.
Suis-je devenue une dangereuse délinquante, la Mesrine du 21ème siècle ? J’en ai bien peur ! Comment, me direz-vous, une bonne fille comme vous, intégrée dans la société, cadre modeste certes mais cadre tout de même d’un grand groupe du CAC40 a-t-elle dérivé à ce point-là ?
Vous aviez tout pour réussir et vous avez tout gâché.
Monsieur l’Avocat Général, veuillez lire l’acte d’accusation de l’abominable individu assise dans le box des accusés. Cela risque d’être long mais le contenu est éloquent.
La prévenue devant vous :
- Trouve désagréable de devoir prendre l’avion ses chaussures à la main et de se faire peloter par un grand noir affublé d’un uniforme ridicule
- Prétend savoir conduire et à ce titre, déconnecte en permanence son ABS, son ESP, son régulateur de vitesse, ses phares et essuie-glaces automatiques, son radar de recul, son radar anti-collision et refuse la boîte noire que son assureur voudrait mettre en place sur son véhicule en prétendant que ce serait une incursion dans sa vie privée
- Refuse, chez Décathlon, de donner son département de résidence à la caissière, pardon… à l’hôtesse de caisse au motif qu’elle n’est pas payée pour nourrir les statistiques de ce respectable établissement
- Refuse d’être dirigée par « plus con qu’elle » en entreprise
- Lit « Le canard enchaîné » toutes les semaines avec la complicité de son conjoint qui l’a abonnée et la réabonne
- Pense que toute activité humaine est susceptible d’emmerder quelqu’un et qu’à ce titre, la quiétude de tous est la fin de toute vie
- Refuse obstinément de sauver la planète en prenant un vélib qu’elle trouve trop lourd à utiliser ou les transports en commun qu’elle prétend sales, inconfortables, puants et peu fiables
- Trouve anormal de devoir donner sa date de naissance et son numéro de portable pour effectuer un achat sur internet
- Ne fait pas confiance aux forces de l’ordre pour assurer sa sécurité
- Pense qu’on devrait organiser un championnat du monde d’athlétisme pour les blancs et des jeux olympiques d’hiver pour les noirs pour respecter la parité
- Ne voit pas la différence entre l’église catholique et une secte
- Préfère avoir des problèmes d’ISF que de RMI contrairement à la croyance populaire et à Philippe Bouvard mais n'a malheureusement pas de problème d'ISF, cela viendra peut-être un jour ...
- Milite pour le retour des majorettes - ça, c’est juste de la nostalgie, je les trouvais drôlement sexy avec leurs uniformes, leurs bâtons et leurs cuisses dodues
J’en passe et des bien pires.
Vous voyez Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les jurés que le cas devant vous est d’une gravité extrême et que je vous demanderai la plus grande sévérité afin d’empêcher une éventuelle contamination, à l’ensemble de notre société, d’idées subversives et de comportements asociaux.
Voilà où j’en suis, l’heure est grave et je jeterai mes dernière forces dans une plaidoirie certainement perdue d’avance mais je crois en l’être humain, je crois en vous Mesdames et Messieurs les jurés et peut être saurez-vous m’entendre et me laisserez-vous vous expliquer les causes de ma dérive, mon enfance facile, mes parents qui ne buvaient pas, le système scolaire qui m’a déformée et les étudiants soixante-huitards qui m’ont pervertie.
Je vais donc essayer à travers quelques petits récits qui suivent de vous expliquer que tout n’est pas mauvais en moi, que je suis victime des circonstances et que plus de quarante années d’influences néfastes peuvent briser toute femme normalement constituée.
CHAPITRE 2
D’un concert de Peter Gabriel
En octobre 2013, Peter Gabriel était à l’affiche du POPB.
Pour les quelques provinciaux attardés des territoires reculés pour lesquels je prends mon passeport et demande un visa pour m’y rendre, qui l’ignoreraient, il s’agit du Palais Omnisport de Paris Bercy.
Une espèce de pyramide tronquée avec de la pelouse sur les faces latérales et arrières. Le type qui s’occupe des espaces verts là-bas est un héros, l’Indiana Jones des paysagistes.
Je ne sais pas qui a eu l’idée du nom "Palais Omnisport de Paris Bercy" dont la contraction est imprononçable, mais je soupçonne que c’est le même que celui qui a lancé un concours d’idées lors de la création du grand stade pour la coupe du monde de 1998. Après des mois de cogitations intenses et de consultations internet, il en est sorti le grandissime « Stade de France ».
Mais où sont-ils allés chercher cela ? Il est toujours rassurant de constater que nos élites servent à quelque chose.
Mais je m’égare.
Mon époux et moi avions acheté nos places plusieurs mois à l’avance car de nos jours, à Paris, et quand bien même il aurait été question d’un spectacle de troisième zone, vous devez savoir le 15 septembre ce que vous ferez le 12 avril de l’année suivante.
Je sais, c’est la rançon de la concentration urbaine.
Cependant, pour les petits malins organisateurs de spectacles, c’est aussi un bon moyen de piéger quelques gogos dont j’ai malheureusement fait partie ce soir-là.
En effet, subissant toujours ma tare congénitale « seventies », j’avais gardé en mémoire de ce magnifique musicien la période Genesis de la grande époque et les six premiers albums solo qui avaient suivi et dont l’originalité et la beauté me font encore frissonner aujourd’hui.
Du fait de l’affluence prévisible, il était hors de question d’attendre la sortie du dernier album pour réserver ses places et c’est là que se situe le traquenard.
Quelques jours avant la date du concert, j’entends dire, par hasard, que l’intégralité du dernier disque est constituée de reprises de chansons plus ou moins connues de vieilles gloires oubliées dans le genre Paul Simon, Neil Young ou Randy Newman.
Ce fût la consternation. Comment un musicien à l’originalité légendaire, un créateur de sons et de rythmes de son envergure pouvait-il se laisser aller à réinterpréter des chansons d’artistes moins talentueux que lui ?
Cependant, l’espoir demeurait, ma naturelle confiance dans son talent me disait qu’il avait certainement transformé tous ces vieux morceaux un peu désuets en une splendide explosion sonore.
Un second soupçon s’immisça dans mon esprit lorsque j’appris que l’intégralité du concert serait jouée avec un orchestre symphonique, l’orchestre de Radio France, qui avait trouvé là le moyen d’arrondir les fins de mois difficiles générées par les cachets maigrelets de la radio publique.
Dans ma grande naïveté, mais il était trop tard pour reculer, je me rappelais que Deep Purple et quelques autres s’étaient essayés avec une certaine réussite à l’exercice et que notre surdoué de Peter ferait le reste.
Après le sempiternel passage par la case « sécurité » qui consiste en clair à faire contrôler son billet par un grand gaillard de cent kilos, en général black, je m’installais sur un siège particulièrement dur et inconfortable. C’est à ce genre de détail que je constate que les seventies sont loin et que je me suis embourgeoisée.
A l’époque, les concerts c’était : debout dans la fosse pendant quatre heures dans une salle totalement enfumée et dans une bousculade indescriptible. On trouvait ça magique.
Je me souviens d’ailleurs très bien de la première fois où j’ai assisté à un concert de Peter Gabriel. C’était pour la sortie de son troisième album qui reste, à ce jour, un joyau du rock et qui présente la particularité de ne contenir aucun son de cymbale.
Réécoutez-le, vous entendrez que je dis vrai.
A cette époque, en première partie, je découvrais le groupe Simple Minds qui effectuait ses débuts dans la cour des grands. Rassembler autant de talents en un seul concert eût pour moi le même effet que si j’avais dîné le soir même en compagnie de Dostoïevski, Gandhi et le Dalai-Lama assis à la même table.
Derrière moi, une espèce de mi-punk, mi-hippy tirait comme un forcené sur un pétard aux dimensions aussi surréalistes que le membre de Rocco Siffredi. Effet garanti, il avait rendu stone la moitié de la salle. Je ne sais si son herbe était de mauvaise qualité ou si sa constitution était trop sensible, toujours est-il que soudainement, il se mit à vomir abondamment en m’aspergeant copieusement le dos. Au moment où j’allais insulter cet imbécile, le martèlement du rythme d’Intruder commença, ce qui calmât mes ardeurs.
L’entrée sur scène de Peter Gabriel et de ses musiciens se fit par le public ce qui l’obligea à fendre une foule dense et proche de l’hystérie et accessoirement, de prendre un bon quart d’heure avant que tout le monde ne soit en place.
Un grand moment !
Mais je me suis encore égarée. Revenons au concert de 2013.
Je me posais donc sur mon fauteuil inconfortable et alors que la première partie avait déjà commencé. Sur la scène, j’assistais au dernier morceau d’une blonde un peu rondouillette, seule en piste, le popotin posé sur un tabouret et gratouillant péniblement quatre accords de guitare sèche.
C’est devenu la grande mode, on appelle ça un concert acoustique, et cela a le mérite de ne pas coûter cher.
Enfin, passons - mais je ne pense pas que Peter ait découvert la nouvelle Patti Smith ce soir-là.
La lumière s’étant ensuite rallumée avant l’arrivée de "The Artist", j’avais tout loisir pour observer la salle. Je mesurai la dégringolade. Les esprits moins chagrins diraient l’évolution.
Tout le monde était sagement assis, pas la moindre volute de fumée, pas la moindre tenue vestimentaire déjantée, pas le moindre look expérimental, si ce n’est quelques cinquantenaires jouant à « la garde meurt mais ne se rend pas ».
L’impression générale qui ressort des spectacles auxquels j’assiste depuis quelques années est de vivre dans un pays ménopausé. La moyenne d’âge au théâtre frise la soixantaine et bien qu’elle fût un peu inférieure à Bercy en 2013, je dus me rendre à l’évidence que Peter n’arriverait pas à ce concert par les allées et que je ne retrouverais pas la magie de la soirée de 1981.
Un spectateur sur deux ne trouvait rien de mieux à faire que de tapoter frénétiquement sur les touches de son téléphone portable. Si j’avais pu détourner la recette des SMS envoyés durant ces quinze minutes, je crois bien que j’aurais pu prendre ma retraite.
Qu’ont-ils bien à se raconter ? Mystère ! Je les soupçonne d’écrire par pur emmerdement ou pour faire semblant d’avoir des problèmes importants à traiter. De nos jours, dans notre société, il est globalement très mal vu d’attendre sans ne rien faire. Ce n’est pas la France qui bouge, ce n’est pas la France qui gagne dirait un nain de ma connaissance. Remuez-vous, remuez-vous, ça ne sert à rien mais ça masque l’indigence générale.
J’en étais là de mes réflexions lorsque la lumière s’éteignit et que le rideau se leva. Des applaudissements nourris saluèrent l’entrée de Peter sur scène, ce qui était bien la moindre des choses.
Je pris immédiatement une première claque. Peter avait vieilli. Il faisait même vraiment vieux.
La deuxième fois que je l’avais vu, ce devait être en 1994. Il était fin, élancé et il avait des cheveux.
Je sais, ce n’est pas très important pour chanter mais j’ai été bercée durant mon adolescence par les riffs de hard-rockers chevelus ce qui explique mes perceptions musico-capillaires.
Il s’était laissé pousser un petit bouc, blanchi par l’âge, ce qui lui donnait une allure de Sean Connery vieillissant. Et puis il avait grossi. Ce n’était certes pas encore Demis Roussos mais il y avait de l’idée.
Vous direz que si le physique avait un quelconque rapport avec le talent, il y a longtemps qu’Adriana Karambeu aurait eu le prix Nobel. Quoique, comme me le faisait remarquer l’homme qui me supporte au quotidien : « Adriana, elle a pris un petit coup de vieux ».
Monsieur Gabriel, lorsqu’on a que cela à faire, s’entretenir pour son public, on fait un petit effort.
Il portait un genre de haut de survêtement avec la capuche qui lui pendait dans le dos, un truc dans le genre « petites frappes zivala » du 9.3 qui envahissent le Forum des Halles à la nuit tombée.
Le concert débuta. L’orchestre était pléthorique. Autant de monde pour faire un peu de musique aurait rendu malade n’importe quel gestionnaire d’entreprise avisé et une réduction drastique des effectifs aurait immédiatement été envisagée.
Les chansons s’enchaînèrent sans aucune interruption, toutes sur le même ton monocorde et sans aucun rythme. Je ne distinguais pas les morceaux les uns des autres et tout était d’une platitude à endormir un Bernard Tapie chargé à la Wonder.
Le plus surprenant était que le public semblait apprécier le pathétique spectacle.
Des applaudissements nourris m’indiquaient que nous allions changer de morceau. Les rares moments où les flasques mélodies prenaient un peu d’amplitude, la réverbération dans la salle transformait la musique orchestrale en une gigantesque cacophonie d’où il était impossible de distinguer quoi que ce soit.
Peter ne bougeait pas d’un pouce sur la scène, il était planté là, sans vie, sans âme. Il me signifiait, lui aussi, que les belles années étaient derrière moi, que c’était fini la rigolade, la débauche des sens et le frisson de la pop.
Enfin, l’arbitre siffla la mi-temps. Je regardai autour de moi, tout le monde semblait content, mon époux et moi mis à part. Il est comme moi, un peu « mauvais public », ce doit être une des raisons pour lesquelles je l’aime.
Je spéculais que tous ces spectateurs n’avaient jamais vu Peter auparavant. Ou alors ils étaient tous frappés du syndrome du voyageur.
Connaissez-vous le syndrome du voyageur ? C’est une maladie extrêmement répandue en Europe Occidentale et dans les milieux un peu aisés, en tout cas suffisamment aisé pour partir en vacances ce qui, je vous l’accorde, sera de plus en plus rare après le passage de la crise, encore une.
Cette affection, le syndrome du voyageur, interdit ceux qui en sont frappés de porter le moindre jugement un tant soit peu objectif, voire négatif, sur leurs vacances.
Tout était beau, tout était intéressant, tout était bon, tout le monde était charmant et en plus : "on l’a eu sur internet à prix canon".
Dès lors qu’on a payé, et encore plus si c’était cher, cela doit être inoubliable, un point c’est tout.
Mais je suis convaincue que vous n’avez jamais entendu de telles sornettes de la part de vos fréquentations.
Toujours est-il que l’envie de quitter la salle durant l’entracte me taraudait mais, comme un ami nous accompagnait, je restais sagement à ma place à contempler les torrents de SMS qui s’envolaient sur les ondes.
Le spectacle reprit. Je gardais un secret espoir d’amélioration vu qu’il allait, enfin, chanter ses propres chansons et que globalement on était là pour ça.
Il débuta sur « San Jacinto », morceau emblématique du quatrième et probablement meilleur album de sa carrière. La déception ne tarda pas. Envolées les sonorités de guitares distordues du refrain, évaporé le rythme endiablé de la fin, il ne restait qu’une immonde, informe et sirupeuse interprétation de ce chef d’œuvre, ânonné par un pseudo orchestre symphonique un peu aphone.
Le moral était au plus bas, la dernière espérance s’était envolée et j’allais devoir subir, pendant plus d’une heure, le massacre de Peter Gabriel par lui-même.
J’ai eu, à ce moment-là, la même impression que lorsque j’avais enduré « Another brick in the wall » joué par un orchestre musette. Je vous l’assure, c’est du vécu.
Je pris mon mal en patience en attendant de pouvoir sortir.
Enfin, la récréation sonna. Je sortais au bras de mon cher et tendre et nous échangeâmes sur le génocide qui venait de se dérouler dans nos oreilles estourbies.
Je lui dis que tout cela m’avait donné l’impression d’entendre du Chopin à la cornemuse.
A ce moment, une petite bonne femme boulote se tourna vers moi et d’un ton péremptoire m’asséna : « mais ce n’était pas du Chopin ! »
Rideau !
CHAPITRE 3
Des gourous du développement durable
Lorsque j'ai écrit cette chronique écologique, il y a 4 ans, je l'avais intitulée : « des ayatollahs du développement durable ». Comme je n’ai pas envie de me faire buter par un de ces barbares barbus et de connaître le même destin que les artistes de Charlie Hebdo, j’ai choisi le mot « gourous » tout aussi dangereux idéologiquement mais un peu moins meurtriers !
Qu’a-t-il bien pu se passer en si peu de temps pour que notre monde fût autant affecté par le CO2 ?
Ce gaz inoffensif aux faibles concentrations, présent dans notre atmosphère, est devenu, en quelques années, le guide suprême de nos existences, le dictateur absolu, le Duce, le Führer bref, le nouveau Néron.
En effet, sa nature gazeuse et donc insaisissable l’apparenterait plutôt à une créature mystique plus proche du Dieu vengeur punissant les hommes de leurs péchés que du tyran ordinaire.
Bien entendu, comme toute créature divine, il n’est rien sans ses disciples ou ceux qui prétendent l’être : j’ai nommé les écologistes, pas les vrais, pas ceux qui étudient sérieusement les problèmes réels, non, je veux parler de ceux qui passent à la télé.
Mon premier contact avec l’un de ces individus fût fortuit. Un de mes amis avait reçu en cadeau un bouquin aux photos assez jolies et appelé « La terre vue du ciel ».
Poussée par la curiosité, je m’informais sur cet ouvrage et découvrit le nom de l’auteur : Yann Arthus Bertrand. Palsambleu ! Pour être affublé d’un nom pareil, la famille ne devait pas se prendre pour de la merde en sachet ! Trois clics de souris sur internet me confortèrent : la famille était dans la joaillerie, j’avais vu juste.
J’appris ainsi qu’après une brève carrière d’acteur dont il ne me paraît pas être sorti de joyaux impérissables, et encore moins de palme d'or, il avait voué sa carrière à la photo après avoir géré une réserve naturelle. Fort bien.
Par la suite, j’oubliai le personnage jusqu'à sa réapparition écologique il y a quelques années.
Le ton avait changé. L’heure était grave et la mise en accusation sérieuse.
Cet homme m’avait déclaré coupable de tous les maux parce que je prenais une douche tous les jours, et même deux fois par jour parfois, que je générais trop d’emballages en carton, que j’avais une voiture que j’entendais utiliser (au prix qu’elle m’a coûtée !) et que, de temps à autre, je jetais dans la poubelle le reste de pâtes que je n’avais pas fini.
Je replongeais dans la biographie de ce personnage afin de savoir s'il avait repris ses études pour posséder une aussi admirable analyse du problème et des solutions à apporter.
Que nenni ! Il avait passé son temps à survoler la planète en long et en large, ses mois de janvier à couvrir le rallye Paris Dakar, bullé à Roland Garros au mois de juin et arpenté les allées du salon de l’agriculture. Diantre ! Que d’empreinte carbone et le gars de me reprocher de me laver tous les jours !
J’espère qu’il n'avait pas fait de mauvaise rencontre au salon de l'agriculture car il m’a été rapporté qu’il y circulait, à une époque, un sinistre individu qui disait « casses toi pauv’con » à ceux qui refusaient de le saluer.
Mais ce sont vraisemblablement des fables dans le genre de celles qu'on raconte aux enfants pour leur faire peur.
Pour revenir à notre YAB, nous avons maintenant une bonne vision de l’application qu’il peut faire à lui-même de ses préconisations pour les autres. Bon, on peut au moins lui accorder le mérite de s’être farci durant dix ans de suite sur le Dakar, un crétin patenté du calibre de GH (je vous laisse deviner qui est GH) ce qui lui accorde toute ma compassion.
Mais la cerise sur le gâteau en ce qui concerne notre grand homme, arriva tout à fait par hasard sous la forme d’une conversation avec une copine qui avait participé à une conférence organisée par son entreprise. YAB devait intervenir en fin de journée pour un cachet que la confidentialité et surtout la décence m’interdisent de dévoiler mais très largement supérieur à mon salaire annuel.
Il prit la parole cinq minutes environ avant de prétexter un rendez-vous important (un truc mieux payé ailleurs) et de laisser la parole à l’un de ses sous-fifres qui enfonça des portes ouvertes pendant l’heure que dura son intervention. Le type le mieux payé au monde n’est pas Bill Gates. Au tarif horaire, il est enfoncé par YAB !
Mon enquête aurait été bien incomplète si je ne m’étais point intéressée au second donneur de leçon qui squatte abondamment nos écrans, je veux bien sûr parler de Nicolas Hulot.
Le nom est plus sympathique, plus peuple, et on se dit que ce personnage devrait moins nous prendre de haut. Je connaissais évidemment la partie émergée de l’iceberg sous la forme de ses reportages au nom totalement imprononçable d’une contrée reculée d’Amérique du Sud où je ne poserai jamais mon 36 fillette et diffusés par une chaîne nationale.
Une rapide lecture de sa biographie m’informa qu’il avait pour point commun, avec le précédent, d’avoir, lui aussi, fait un Paris Dakar.
Décidément cette course poussiéreuse suscite les vocations, à moins qu’il n’y ait un micro climat.
J’appris également qu’il animait une chronique motocycliste sur France Inter dont le titre évocateur était : « la poignée dans le coin ». Fichtre, un titre pareil aujourd’hui lui vaudrait à minima 48 heures de garde à vue.
Cet ex « rejeteur de CO2 » converti à l’écologie me valut deux grandioses crises de rire.
La première lorsqu'il se mit en tête de faire un petit tour en avion de chasse dont il devait assurer le commentaire. Au bout d’une minute de vol environ, notre athlète avait gerbé dans son casque avant de préférer s’évanouir pour ne pas voir la suite.
De là doit lui venir son aversion pour les transports peu économes en énergie et son amour du pousse-pousse.
La seconde fut l’inénarrable blague téléphonique de Lafesse qui réussit à faire croire à une brave dame que Nicolas Hulot remontait par les canalisations et allait bientôt apparaître dans sa cuvette de WC. Ce que peut faire la notoriété ! Je ne sais pas si le droit de vote pour tous est une bonne chose, il devrait y avoir un permis de vote.
De petits détails m’interpellaient sur la cohérence du personnage, la chaîne qui diffusait son émission fétiche vivant exclusivement des recettes publicitaires procurées par ses annonceurs.
Je m’interrogeais alors sur son degré d’indépendance au cas fort improbable je vous l’accorde, où son propos aurait pu être contraire aux intérêts de ces derniers.
L’émission devant coûter un peu cher, du fait de voyages lointains et de l’utilisation de moyens de transport parfaitement écologiques du type avions, hélicoptères et volumineux 4x4, cette chaîne avait besoin de sponsors pour arrondir ses fins de mois. C’est d’abord Rhône Poulenc qui s’y colla, ancêtre commun d’Aventis spécialisé dans la chimie pharmaceutique et de Rhodia œuvrant dans une chimie plus lourde avant que le flambeau ne soit repris par EDF et L’Oréal.
Rien que de grands philanthropes ! Ce mélange des genres me laissait perplexe.
L’écologie médiatique a ceci d’étonnant qu’elle est portée presque exclusivement par de gros pollueurs repentis ou par des entreprises désireuses de repeindre, en vert, leurs activités, un peu comme si pour devenir flic il fallait absolument passer par la case malfrat.
Il est certain qu’après avoir fait fortune en exploitant la crédulité et le sentiment de culpabilité du citoyen moyen pendant vingt ans, certaines mises en application de leurs préceptes deviennent plus faciles. Il est, ainsi, plus aisé d’aller bosser à TF1 en vélo si on habite un hôtel particulier dans le 16ème plutôt qu’une tour HLM à Sarcelles.
J’allais oublier le dernier écolo médiatico-drôlatique, un des plus emblématiques, qui voulait faire la révolution en 68, changer le monde et nous faire vivre à la cubaine. Le voilà aujourd’hui qui vient nous donner de nouvelles leçons, quarante ans plus tard, après il est vrai, avoir subi une assez longue éclipse dans un pays voisin avec qui nous avons une relation du type : « je t’aime moi non plus ».
Il est venu nous expliquer, sans rire, qu’il était favorable à un péage urbain à Paris au prétexte que la circulation y était catastrophique. Puis-je émettre l’opinion que si les élus à la mairie de Paris ainsi que ceux d’autres villes ne s’étaient pas évertués, depuis près de dix ans, à empêcher toute circulation par des aménagements saugrenus, le problème ne serait peut-être pas aussi crucial ?
Cependant, force est de constater que ça marche et pire encore, les décisions les plus abracadabrantes, que dis-je, abracadabrantesques, deviennent pour le grand public force de loi.
Ainsi :
- Il faut acheter des voitures, soutenir nos constructeurs en difficulté pour sauver nos emplois, mais il est très mal vu de les utiliser. Trop polluantes, trop encombrantes dans nos villes et trop dangereuses car comme chacun sait, nous sommes tous des irresponsables qui ne savent pas conduire et leur destin est nécessairement de finir enroulées autour d’un arbre. Les voitures sont donc à bannir. Ainsi, voyez uniquement dans l’achat de votre prochaine voiture, un acte de soutien aux actionnaires de Renault ou de PSA
- Il faut se chauffer au bois, c’est plus sain. Je ne sais pas si la maire de Paris apprécierait de me voir scier les quelques platanes maigroulets situés devant mon immeuble mais cela pourrait être amusant et puis ça éviterait de voir quelques voitures s’enrouler autour. Je rappelle que la combustion du bois est tout aussi voire plus polluante que celle du charbon. Et je connais l’argument massue de l’écolo de base qui m’expliquera que, durant sa vie, l’arbre a absorbé plus de CO2 que durant sa combustion, ce à quoi je rétorquerais : « Et si on le laissait sur pied ? »
- Il faut prendre les transports en commun. A l’heure de l’individualisme forcené, c’est le seul lieu de collectivisme non seulement toléré mais fermement recommandé. Qu’importe qu’ils soient saturés, puants, sales, peu pratiques et peu fiables, il s’agit d’un acte citoyen incontournable. Allez hop ! Tous dans la bétaillère !
- Il faut de la croissance, c'est à-dire produire plus, plus d’objets inutiles, plus de placebos pour lutter contre la vieillesse et les chairs flasques (certains sponsors précités ne vivent presque exclusivement que de ce mirage) et de pseudo solutions du genre éoliennes, panneaux photovoltaïques ou bouses de vache à la production poussive et inversement proportionnelle aux taux d’aide qui leur sont accordées
Tout cela, bien sûr, financé par un contribuable apathique et des clients d’EDF captifs.
Ceux qui payent des impôts et ne s’éclairent pas à la bougie paieront deux fois.
Ce ne sont que quelques exemples mais ils démontrent à quel point une immense schizophrénie s’est emparée de ce monde qui veut tout et son contraire.
Remarquez, cela nous vaut de très grands moments télévisuels.
Ainsi cette illuminée ayant subitement décidé de vivre dans une yourte sur des sommets enneigés et se lavant à la neige fondue ou encore ces étudiants bobos stockant leur compost dans la commode du séjour de leur studette de 18m² en attendant que les vers accomplissent leur œuvre.
L’idée que la vermine grouillante qui peuple ce tiroir se développe dans mon appartement me fait frémir.
A bon entendeur salut !
CHAPITRE 4
De la religion
Autant annoncer la couleur de suite : je suis une brebis totalement égarée. Et j’entends les cris d’effroi de certains qui diront que cette chronique est blasphématoire, pas drôle du tout et qu’on ne peut pas rire de tout. A ceux-là, je réponds illico qu’il est impératif de rire de tout et de respecter la liberté d’expression, de dessins et de croquis ! Le jour où nous ne pourrons plus faire cela, nous aurons un gros souci.
Mais comme d’habitude, je m’égare …
Ce n’est pas faute d’avoir essayé de croire.
J’ai été baptisée contre mon gré, je n’étais pas en âge d’exprimer ma désapprobation ni de me révolter ce jour-là et je dois mes essais en croyance, à ma mère, qui militait pour une éducation religieuse que mon père refusait ardemment. Comme dans les couples, il faut faire des compromis, décision fût prise que je suivrais des cours d’éducation religieuse, que je chanterais dans la chorale de la paroisse de la petite ville où nous demeurions et que je ferais ma communion solennelle.
En échange de quoi et après ces divins efforts, je serais libre de faire ce que je veux de la religion.
En échange de quoi également, mon père obtenait de ma mère que j’échappe à une scolarité religieuse dans un institut catholique du département, très réputé et très cher.
Ouf, je ne m’en suis pas trop mal sortie. Je ne crois pas que j’aurais supporté les cours dispensés par des bonnes sœurs et des bons frères psycho rigides, tatillons et pointilleux, dénués d’humour et très coincés avec les plaisirs de la vie. Je n’aurais pas mieux accepté les petits camarades de classe issus de familles catho où madame s’empressait de donner naissance à 10 gosses parce que prendre la pilule eût été considéré comme un crime.
Et, bien que je me sois trop souvent ennuyée à l’école publique, je la préférais, de loin, à l’école catholique.
Suivant les préceptes du deal parental, je fus inscrite à la chorale et ce fût, depuis le baptême imposé, mon premier contact lucide avec la religion. J’étais en âge de me faire une opinion, de m’exprimer et de me révolter.
La paroisse était composée d’un curé bougon d’une cinquantaine d’années mais, au fond, brave homme, que j’aimais bien et qui, néanmoins, me faisait un peu peur à cause d’une prognathie maxillaire inférieure, et de chenapans, tous du sexe masculin qui n’avaient pas plus que moi choisi de chanter dans la chorale à l’occasion de la messe dominicale.
Etant la seule représentante féminine de ce choeur, je bénéficiais d’emblée de la sympathie de tous : du curé, des chenapans, de la femme de ménage de la charmante église du XIIIè siècle qui traînait ses pantoufles sur le froid carrelage lorsque nous répétions et qui fricotait probablement avec le brave curé, de la Vierge Marie, de Jésus et de ses apôtres et de Dieu en personne, ainsi que des clients de la paroisse qui s’entassaient le dimanche pour entendre de petits anges chanter Dieu.
Je profitais honteusement de ce statut privilégié en introduisant régulièrement des mots, dans les chants liturgiques du dimanche, qui ne faisaient pas partie des textes.
Des bananes, croissants, canards, roudoudous et mainates surgissaient au beau milieu des "gloires à mon Dieu", "des Jésus me voici devant toi" et des "Ave Maria".
Personne ne pouvait manquer ces incursions lexicales, reflet de mon monde d’enfant rempli de préoccupations de la plus haute importance : « aurais-je assez d’argent de poche pour acheter un croissant en sortant de la chorale? », « il faut que j’apprenne à mon mainate à dire merde, tu me fais chier », « j’ai envie d’une banane », « Cloco me pincera les gambettes avec son bec pour fêter mon retour » ….. Cloco était le nom dont était affublé mon canard blanc avec un bec jaune qui connût un funeste destin, des années plus tard, en se faisant manger par un renard.....et tout le monde faisait semblant de n'avoir rien entendu.
Seul, le curé bougon me jetait un œil noir mais, son sens de la compassion, l’empêchait, à la fin de la messe, de me gronder. De plus, il ne voulait pas perdre la seule et unique voix de soprano colorature qui retentissait dans l’église parmi les voix des garnements ténors et contre-ténors.
Sur le chemin qui me ramenait chez moi, je riais à gorge déployée de mes forfaitures. J’avais réussi à rendre ludique la corvée du dimanche : chanter des textes auxquels je ne croyais pas un instant et dont les paroles me paraissaient ridicules en introduisant des mots tout ce qu’il y a de plus païen.
Il y eût ensuite la communion solennelle qui se préparait longtemps à l’avance, sous la forme de cours hebdomadaires d’éducation religieuse effroyablement ennuyeux et, juste avant l’événement, sous la forme d’un séminaire qui fût le seul moment un tant soit peu rigolo. Il s’agissait de rassembler, pendant 4 jours, dans la campagne environnante, sous des tentes et en pique-niquant, les futurs communié(e)s pour prier ensemble, tous ensemble, tous ensemble.
Pour moi, c’était banco : je manquais 4 jours d’école dont j’avais une sainte horreur et j’avais l’occasion de rencontrer des enfants que je ne connaissais pas, de tester mon pouvoir de séduction, de faire ma belle, de balancer des conneries, de jouer à la squaw et à la Robinsonne.
Le grand jour arriva et je portais la robe de communion de ma mère, qui croyait me faire un immense honneur en me la prêtant.
Sa robe s’apparentait à une crème chantilly démodée et compliquée à enfiler avec des volants du haut en bas et d’un blanc immaculé, dans laquelle j’empêtrais mes guiboles d’un blanc tout aussi immaculé et mes petons 31 fillette. Pour cette grande occasion, on avait également monté mon épaisse et longue chevelure sur ma tête en un genre de choucroute qui tenait grâce à de nombreuses saucisses-barrettes.
Je ressemblais à un mets Alsacien très connu au-dessus des épaules et à un gâteau en dessous des épaules. Un mélange improbable salé-sucré.
Après la cérémonie, et durant le repas de fête qui suivit, je m’empressais de tâcher cette robe dans une réaction vengeresse inconsciente et me faisais copieusement enguirlander par une mère furibonde.
A la suite de cette communion solennelle et, ayant rempli ma part du contrat familio-religieux, je m’empressais de mettre en application la dernière prescription de la décision parentale et je m’ex communiais de toute religion.
Liberté !
Jeune adulte, je lisais le coran, le talmud et la bible, non par accès mystique ou révélation divine mais afin de parfaire mon éducation générale et dans un but purement intellectuel. Je m’informais également sur Luther et les évangélistes, sur les Orthodoxes, sur Bouddha et ses dérivés.
J’en concluais que - et je revendique le droit de penser que – n’en déplaise à tous les culs bénis de la terre :
- La religion catholique est une secte qui a réussi
- Le Vatican est une entreprise dont le meilleur chef d’entreprise, si j’en crois les adeptes, a été un Polonais, béatifié et canonisé qui avait un si grand sens du show business qu’il était surnommé « pape star » et qui circulait dans une papa mobile !
- Jésus et les apôtres étaient une bande de potes qui aimaient festoyer autour d’une grande table. Jésus était le meneur de la bande parce qu’il y a toujours un meneur dans les bandes. Malheureusement, il y eut un salaud parmi les potes. Qui n’a pas été trahi au moins une fois dans sa vie par ce qu’il croyait être un ami ? Pour Jésus cela s’est très mal terminé
- Continuer à dire vierge Marie après avoir donné naissance à Jésus et la conception virginale de Jésus relèvent du foutage de gueule. Il faudrait arrêter de nous prendre pour des cons
- Les textes religieux sont des contes tantôt merveilleux tantôt atroces et cruels
- La religion, quelle qu’elle soit, n’avait, avant l’apparition des sciences, qu’un seul but : expliquer les phénomènes inexplicables qui faisaient flipper l’humanité depuis son existence et rassurer cette humanité ignare, grâce à des croyances surnaturelles
- Depuis que la science fournit des explications rationnelles aux orages, aux comètes et autres bizarreries climatico-spatio-existentielles qui inquiétaient l’Homo Sapiens depuis des siècles, il n’y a plus aucune raison de croire en quelque divinité que ce soit
- Au nom de la religion, depuis des siècles et pas seulement récemment, pour ceux qui auraient la mémoire courte, l’homme peut tout aussi bien tuer à tout va que construire des merveilles architecturales et jamais, je ne participerai de quelque manière que ce soit à cette ambivalence digne d’un traitement psychiatrique
- Dans un monde totalitaire où il serait obligatoire d’adhérer à une croyance religieuse, et si tant est que ce monde totalitaire permette de choisir, je choisirais, par défaut, le bouddhisme car ce n’est pas une religion mais une science de l’esprit et les bouddhistes, contrairement aux autres pratiquants des grandes religions, n’exercent aucun prosélytisme et ne tuent pas au nom de leurs croyances. Les athées non plus n’exercent aucun prosélytisme et n’emmerdent pas les autres avec leur athéisme
- Les protestants sont bien trop rigides pour mon goût, le meilleur exemple que je connais fût un premier ministre démissionnaire qui était vraiment très coincé et pas rigolard du tout
- Croiser des belphégores dans les rues me mets extrêmement mal à l’aise et il faut arrêter les conneries, soit les hommes se déguisent également en belphégore au nom de l’égalité, soit femmes et hommes circulent à visages et à têtes découverts et s'habillent sans signe distinctif de religion. Il ne devrait pas y avoir d’autre choix possible
- On vit parfaitement bien sans religion et il n’est pas nécessaire de croire au divin pour respecter l’autre, être attentif, ne pas se comporter comme un abruti et aider l’autre quand l’occasion se présente
- Il est scandaleux que la messe du dimanche soit diffusée sur une chaîne publique alors que nous vivons dans un pays laïc et que mes impôts servent, en partie, à rémunérer les écoles privées catholiques sous contrat d’association avec l’Etat
- La religion a, dans l’histoire de l’humanité, généré plus d’obscurantisme que de progrès
- Les fanatiques, intégristes religieux et autres fous des dieux existent dans toutes les religions
Amen !
CHAPITRE 5
Des emmerdeurs
Il est de la plus haute importance, que vous sachiez que, quelque part dans le monde, vous attend l’emmerdeur.
L’emmerdeur, et son corollaire féminin, l’emmerdeuse, est une espèce, dans le monde répandue, mais plus encore en France. Une question me torture depuis longtemps : la capacité à emmerder l’autre est-elle un sport national franco-français ?
Le profil de l’emmerdeur est sensiblement toujours le même : un être irrationnel qui vous pètera la rondelle pour une connerie jusqu’à temps que vous craquiez ou que vous cédiez alors que vous êtes la zénitude et la politesse incarnées.
Vous avez immanquablement, dans votre douce vie, eu à faire aux :
- Mec ou à la gonzesse qui raconte sa vie pendant des heures avec son téléphone portable dans le TGV où vous aviez pourtant pris la précaution de réserver une place en 1ère classe réputée plus silencieuse et moins peuplée, qui vous a coûté un bras et afin de piquer un somme réparateur
Si vous osez demander à la pie de la boucler en précisant que sa vie n’intéresse personne, vous serez insulté et vous deviendrez le fauteur de trouble, …
Comble de l’injustice ferroviaire
- Chefton, cheftaine qui vous casse les bonbons en pinaillant sur des détails insignifiants dont personne n’a cure. Cela ne fait guère avancer le schmilblick, ceci met en péril votre légendaire efficacité et votre business et vous fait perdre un temps précieux, bouffant votre énergie, vous obligeant à travailler un nombre d’heures inconsidéré au prétexte que le chefton/cheftaine n’a pas trouvé d’autre moyen pour asseoir son autorité, se prouver à lui-même/elle-même sa valeur et s’assurer que sa place, que dis-je, son rang dans l’entreprise sont justifiés. Ce qui bien entendu n’est pas le cas parce que, l’incompétence va de pair avec l’emmerdement maximal. Vous devez composer avec sinon vous pouvez dire adieu à toute promotion financière et professionnelle, …
Comble de l’injustice salariale
- L’acheteuse avec qui vous avez effectué quelque transaction mineure de type vente d’un DVD à 5€ sur le market place de Price Minister, et qui vous accuse de malhonnêteté, de mensonge et de tous les maux de la galaxie parce qu’elle a attendu l’article 7 jours et vous rend responsable de la dégradation des services postaux. Vous vous évertuez à lui expliquer que vous n’êtes pas responsable des délais parfois anormalement longs des acheminements postaux et que vous ne voyez pas en quoi il y a mensonge ou malhonnêteté dès lors qu'aucun délai de livraison n’a été annoncé lors de la vente. Elle réplique, parce que les emmerdeurs ont la "compréhensive" très difficile, que son DVD aurait dû arriver le lendemain de l’achat effectué sur internet. Dépité, vous répondez que vous n’avez pas de drone livreur de colis, et vous vous demandez si elle a fumé de la moquette. Et ainsi de suite jusqu’à ce qu’elle vous ait énervé tant et si bien que les insultes finissent pas fuser au bout d’un nombre incalculable d’échanges épuisants qui vous ont presque rendu fou, …
Comble de l’injustice commerciale
- Client qui se croit seul au monde et qui, bien qu’une file d’attente de 150 kilomètres se soit formée, demande et redemande les mêmes informations sur la configuration de la salle de spectacle où il veut acheter des places. Le vendeur, effaré de constater qu’il devra faire des heures sup non rémunérées pour éponger la file d’attente, a déjà tout expliqué et réexpliqué, ce dont vous pouvez témoigner. Au final, le client n’achètera aucune place de spectacle et les personnes de la file d’attente, survoltées d’avoir attendu si longtemps, reportent leur mauvaise humeur sur le pauvre vendeur qui pense que : « ce n’est pas mon jour, j’aurais mieux fait de rester sous la couette », …
Comble de l’injustice tout court !
- Duo, trio ou quatuor, plantés à la mi-temps, bloquant ainsi la sortie ou l’entrée de ceci ou de cela, et alors qu’il y a pléthore de place pour raconter les areu areu de bébé et qui ne comprennent pas que vous lanciez un timide « pardon » pour passer et vous lancent un regard outré, …
Comble de l’injustice civique
- Copropriétaires qui, un pied dedans, un pied dehors, bloquent l’ascenseur pour jouer à la concierge pendant que vous attendez au rez-de-chaussée avec, dans une main, les courses, et dans l’autre, la poussette du petit dernier. Vous ruminez qu’il est hors de question que vous montiez avec un tel chargement les 5 étages où vous perchez. Vous vous époumonez afin de vous faire entendre des bavards égoïstes, en vain. Vous tambourinez sur la porte de l’ascenseur pour faire comprendre que cela fait déjà 20 minutes que vous attendez ce carrosse électrifié, on vous ignore royalement, …
Comble de l’injustice de la vie en communauté
- Le vacancier qui, par instinct grégaire, allonge sa serviette de plage pile à côté de vous alors que la plage, en long et en large, est immense et absolument déserte – si, si, cela existe. Cela faisait 6 mois que vous rêviez de faire le crocodile sur la plage et que vous vous réjouissiez de ne pas voir d'être humain pendant 1 semaine, …
Comble de l’injustice vacancière
- La passagère du TGV en face de qui vous êtes assis – vous savez, les places « duo » en face l’une de l’autre – qui veut à tout prix engager la conversation. Vous déclinez poliment, faites comprendre que vous souhaitez écouter de la musique mais elle a des questions existentielles à poser sur le trajet, les arrêts et les heures d’arrivée. Vous avez envie de lui dire qu’il n’y a pas écrit SNCF sur votre front et que ces questions prétextes à conversation imposéen sont une méthode digne de la maternelle et vous finissez par être désagréable face à l’incapacité de cette passagère à comprendre que vous n’avez pas envie de parler, …
Merde alors !
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