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Le plus délicat me restait à faire.

— Nathan, je dois te faire part d'une décision importante qui a été prise au Club.

— Ne me dis pas que vous allez recommencer vos conneries !

— Nathan, je t'ai observé. Je vois bien que tu participes pour ne pas te démarquer. En fait, ces pratiques ne te concernent pas.

— Si ! Je dois avouer qu'aller voir son seuil de tolérance à la douleur est intéressant !

— Mais sans plus !

— Je veux aussi comprendre tes motivations, te comprendre. Oui, cela m'est étranger. Qu'une partie de toi me soit étrangère me gêne.

— Je vois. Tu es vraiment trop. Tu sais, tu as compris que j'ai deux faces. Une face sombre et une face claire.

— Je veux savoir pourquoi tu vas aussi loin dans la douleur. Je veux comprendre ton besoin de frôler la mort.

— Je t'ai expliqué ! Je suis un drogué ! Il m'en faut toujours plus !

— Ça, ça se soigne ! Mais pourquoi cette destruction ? Regarde ton corps lacéré !

— Tu n'aimes pas ?

— Je ne sais pas ! Il y a une certaine beauté, oui, mais aussi de la frayeur à te regarder. Et puis tu as failli mourir…

— Oui ! Parce que parfois, je me demande pourquoi je vis. Pourquoi ne pas disparaître ?

— Tu ne t'es jamais fait aider ?

— Je ne suis pas fou ! Je gère !

— Je n'aime pas ça ! Et tu dis que vous allez recommencer à supplicier des mecs ? Vous êtes des dingues.

— Je vais recommencer !

Voilà ! Je l'avais dit.

— Non ! Je ne veux pas. Tu n'as pas le droit. Je ne veux pas te perdre. Tu ne te rends pas compte de ton importance pour moi.

— Nathan ! Viens près de moi. Je sais ton amour fou pour moi. Et je sais ce que je te dois. Si tu n'avais apparu dans ma vie, j’aurais glissé. William m'a révélé mon côté obscur, mais c'est toi qui m'as révélé mon côté lumineux. Tu es solaire, tu es mon soleil.

— Mais alors pourquoi…

— Parce que je suis les deux. C'est aussi pour ça que je t'ai poussé à partir pour tes études. Tu ne dois pas être touché par ces forces obscures. C'est pour te protéger.

— Nic, justement, j'ai pensé… Ton boulot, tu peux en trouver un autre ! Viens avec moi, accompagne-moi. J'ai trop besoin de toi.

— Nathan, tu ne veux pas entendre. Je viens de te dire que je vais remonter en croix. Je ne peux pas fuir cela. C'est ma destinée. Même si ce sera sans doute la dernière fois…

— Tu veux dire que tu veux mourir crucifié ? Nic, arrête !

— Non. Ce n'est pas cela. Je veux le refaire et le revivre en pleine conscience. Ce sera un achèvement. Je crois que cela permettra de tourner le dos à ces forces.

— Tu veux dire qu'après, nous pourrons vivre ensemble, pour toujours !

— Nathan, jamais tu ne sortiras de mon cœur. Tu es la plus belle chose qui me soit arrivée. Je veux ton bonheur, mais ce n'est pas possible avec moi.

— C'est ce que tu dis ! Moi, mon bonheur, c'est avec toi !

— Mais regarde les choses en face ! Je vais aller rejouer avec la souffrance et la mort ! C'est d'un fou, d'un malade mental que tu veux ?

— Mais tu viens de dire que ce sera la dernière fois…

— Comment vais-je en ressortir ? Et puis, que tu le veuilles ou non, il y a nos dix ans de différence.

Il se tait.

— Écoute, voilà comment cela va se passer. J'ai demandé à ce que cela se passe après ton bac. Il me faudra deux semaines pour être valide. Nous partirons ensuite en vacances, dans des endroits paradisiaques pour vivre notre amour et nous séparer dans la joie. Après, je serai éternellement près de toi, avec toi, mais nous ne serons plus ensemble. Tu prendras ton envol, sous ma protection. Je t'aime, je te dois tellement, tu mérites tellement mieux !

Je l'attirai à moi. Je le connaissais. Je savais que je lui demandais l'impossible. C'était la seule solution. J'étais trop toxique pour lui.

Cette nuit, et toutes les suivantes, nous fîmes l'amour comme si c'était la dernière fois. Nathan était un havre de fraîcheur, d'innocence. J'aimais me délecter de sa jouvence. Il était prévenant, attentif. Pourquoi devais-je me séparer de ma raison de vivre ? Pourquoi devais-je briser sa joie ? Je l'aimais trop pour le tenir prisonnier à l'ombre d'un malade. Je savais que je risquais de l'entraîner vers le pire. Je n'avais pas rompu avec ma vie précédente, avec ma vie tout court.

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