Chaque soir, chaque matin, je caressais la tête de William, lui laissant des baisers auxquels il répondait parfois. Je lui disais mon amour, l'absence de reproches. Il ne répondait pas. J'espérais qu'un jour, nous puissions enfin nous réunir dans ce rejet de l'ignoble.

Ce ne fut pas possible. Un matin, alors que nous venions d'échanger un baiser, il me dit :

— Nicolas, je suis désolé pour tout.

— Will, ça fait longtemps que je suis passé dessus. C'est fini. Je ne t'en veux pas.

— Nic, aide-moi.

— Bien sûr !

— Je voudrais que tu me fasses partir maintenant. J'ai tout raté et je te fais perdre ta vie. Ce sera mieux pour nous tous.

— William…

Je fus incapable d'un autre mot. J'en parlai immédiatement à Ophélie. Elle venait d'avoir la même demande. Il ne renouvela pas sa demande. Nos visages devaient refléter la progression de l'acceptation dans nos esprits. Nous n'en avons pas parlé entre nous. Nous savions où en était l'autre. Combien de temps avons-nous miss à nous résigner ? Qui a dit le premier :

— Comment allons-nous faire ?

J'ai eu l'idée de renouer avec Charles. Il nous parla longuement des différentes méthodes. Il nous a assuré de son soutien, avant et après.

Nous avons dit notre accord à William, il en fut apaisé. Il nous souriait maintenant. Nous avons prévenu tous nos anciens amis, sans leur dire la raison de ces adieux. Le défilé dura deux semaines. Pour chacun, il fallut passer un long moment, réactivant des souvenirs dont je voulais me défaire.

Charles nous avait indiqué les produits et la dose. Nous avons passé une dernière soirée avec William. Il était prêt et déterminé depuis longtemps. Nous lui avons présenté les comprimés, lui disant de les recracher s’il doutait. Il les avala. Il s’endormit paisiblement. Nous l'avons embrassé. Ophélie est sortie. Je lui ai noué le sac autour du visage en pleurant.

Nous sommes partis, l’abandonnant dans sa dernière épreuve. Nous sommes rentrés complètement ivres. Le lendemain, j'ai appelé Charles qui a signé le certificat de décès.