Calenham

Une minute de lecture

Calenham lança les dés pour la énième fois de la soirée. Une exclamation de fureur les accueillit. Son vis-à-vis serra les poings et le gratifia d’un regard noir avant que cette colère ne retombe aussi soudainement qu’elle était apparue. Autrefois, une perte aurait conduit à une bagarre ou au moins à un marchandage. Aujourd’hui, tout cela était superflu. La lassitude avait gagné leurs rangs. Ni le jeu, ni les putains n’arrivaient à égayer les heures qu’ils passaient à attendre. Attendre quoi ? Nul ne le savait ! Engoncés dans leurs armures, l’épée à la ceinture, ils patientaient ainsi depuis une éternité. Chaque tour de garde sur les remparts le laissait plus déprimé qu’avant.

En face était un amoncellement de tentes où grouillaient des milliers de soldats. Parmi cette animation, on comptait cinq catapultes montées depuis plusieurs jours. L’armée ennemie s’étendait à perte de vue et pourtant aucune directive ne semblait annoncer une action à venir. Nul assaut ne venait faire trembler les murs ou les faire pisser de crainte. Des bruits couraient. A la tête de ce siège se tiendrait, prétendument, un très jeune nobliau venu faire ses classes sur leur cité. Calenham n’y croyait pas. La ville était importante. Quelques mines dans l’arrière-pays avaient fait sa richesse et toute la contrée dépendait de son autorité. L’armée pour laquelle il s’était enrôlé dès ses douze ans était réputée. L’enseignement de l’art martial était rigoureux et leurs faits d’armes passés proclamaient à des lieux à la ronde leur force. Il y avait cru. On lui avait vendu cette vérité qu’il n’avait jamais remise en cause mais l’ennemi était arrivé. Venu d’un pays lointain, il ignorait leur réputation. Eux s’étaient précipités, l’épée haute et l’assurance dégoulinante de leurs pores. Ils avaient déchantés. Acculés, ils avaient été exterminés. Il ne devait son salut qu’à sa chance. Il se sentait impuissant, entre les murailles du lieu qui l’avait vu naître et ce sentiment l’oppressait.

Avec un soupir, il relança les dés.

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