La Noël

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À la ferme, on réveillonne plus tôt pour permettre à Patrice d'aller officier à la place de son pasteur malade pour la messe de minuit « Je dois juste réviser mon sermon sur la venue prochaine du messie et je suis prêt ». Un silence divin s'installe. Patrice se remémore ce qu'il vient de dire et demande : « Quoi ? Vous me regardez comme si j'étais Jésus. » Tout le monde regarde ailleurs ou son assiette. Patrice réfléchit et se tourne vers le père Simon : « Qu'est ce que tu leur as encore raconté ? ». Marwah prend sa défense : « C'est rien, c'est juste un rêve que j'ai fait et le père Simon l'a… interprété. » Marwah raconte. Pour détendre l'atmosphère, Aline lève son verre : « Merci pour ce joli conte de Noël » Et ils trinquent, reprennent le repas et retournent dans la magie de cette soirée traditionnelle, en famille, en cette fin d'année 2030 où Aurélie et Noël n'ont plus à se cacher, où Aline regarde Thomas comme au premier jour et comme à chaque Noël, où Noëlle s'éclipse de table pour aller continuer de décorer le sapin, où Natacha a sa main droite sur son ventre et sa main gauche dans celle de Patrice, où Marwah se déchausse discrètement sous la table pour caresser de son pied nu le mollet du père Simon, où l'amour les enrobe et les unit avec en bruit de fond un chant de circonstance qui diffuse comme un doux parfum de nostalgie : Minuit chrétien.

Ils partent à la messe avec Patrice, sauf Aurélie, Marwah et leurs hommes. Les femmes débarrassent dans la bonne humeur. Il fait chaud au coin du feu. Le sapin clignote. Les cadeaux attendront d'être déballés demain matin. Aurélie informe Marwah qu'elle a préparé la pièce à côté de la grange pour qu'elle passe la nuit avec le père Simon :

  • C'est un peu rustique, il y a même de la terre battue par terre.
  • Tant mieux. J'ai un cadeau pour lui. On aura pas peur de salir.

Elles éclatèrent de rire.

Aurélie se rappelle trois ans plus tôt. Son petit bonhomme venait souvent la rejoindre dans son lit et il se passait des choses. Et puis un jour elle le guida pour rentrer en elle en le regardant droit dans les yeux:

  • Tu es un homme maintenant.
  • Je suis ton homme.
  • Je suis ta femme.
  • Je t'aime.

Marwah la sort de son souvenir :

  • L'autre jour je suis tombé sur sa carte d'identité. Il n'a que 49 ans !
  • Ah bon ? Il en fait au moins 60.
  • Tu m'étonnes… C'est pour ça que cette nuit j'ai prévu quelque chose, pour le ramener à 49. Parce que tu sais, ça change tout. Que nous aussi on peut faire un bébé et le gérer avant d'être trop vieux.
  • Tu as quel âge ?
  • 29.

Aurélie prend Marwah dans ses bras et lui chuchote des encouragements, des choses gentilles, comme des incantations magiques.

Dans le salon, Noël est assis aux pieds du père Simon : « Pardonnez-moi mon Père parce que j'ai pêché. » Noël fait la liste de ce qu'il a à se reprocher. Le père Simon écoute, acquiesce. « Pour te faire pardonner, je te demande d'être gentil avec quelqu'un. Avec Aurélie. Soit à son écoute, soit à son service, même et surtout dans son plaisir. Que votre prochaine nuit lui soit consacrée. » Le père Simon conclue par une phrase en latin en dessinant de son pouce droit une croix sur le front de Noël.

Dans la petite pièce à côté de la grange, Marwah prépare une grande gamelle d'eau chaude. Sur le lit elle ouvre un cartable qui se déplie pour avoir accès à toute une panoplie d'outils. Tondeuse, rasoir, ciseaux. Vêtue d'une simple nuisette très courte sans rien dessous, elle cache son premier outils dans son dos avant de s'approcher langoureusement de son Padre symboliquement attaché, assis sur une simple chaise en bois, nu comme le Christ sur la croix. Elle le chevauche et commence danser sur lui en usant de sa tondeuse sur la barbe et les cheveux du Padre. Elle chantonne, change d'outil, met des produits, rince, se mouille, se salie, se frotte à lui. Au final elle hésite à lui faire une couleur. Mais ce sera pour un autre jour. Elle enlève sa nuisette et détache le Padre pour l'entraîner sur le lit, le met sur le dos, le chevauche, met ses mains sur son nouveau visage, et remonte un peu pour s'imbriquer en lui pour une nouvelle danse langoureuse, maintenue par les mains puissantes du Padre sur sa poitrine.

La fille de l'évêque reproduit le schéma de l'amant interdit que sa mère s'est offert aussi.

Dans sa chambre, Noël s'affaire, attentif au moindre gémissement d'Aurélie. Lui aussi à ses outils. Elle rit, ça la chatouille, elle le guide, sur tout son corps, dans tout son corps, à transpirer, à respirer, à se goûter.

Aline aussi à ses outils, il ne rit pas, ça lui fait un peu mal, dès que ça pique il lui dit d'arrêter. Puis il la retourne pour aller lui réveiller les sens entre les fesses, d'abord avec du lubrifiant, ensuite avec les doigts pour finir avec la langue, d'où le parfum pêche choisi par Aline au supermaché, Thomas a tout de suite compris le message. Il souffle un grand coup et ça la fait rire un peu trop fort pour les voisins. Finalement il y va tout doucement, en surface, assez pour qu'elle apprécie et suffisament pour que lui s'oublie à s'évanouir en lui mordillant la nuque, l'ultime arme secrète pour qu'Aline voit défiler sa vie avant de sentir crépiter tous ses organes depuis sa langue jusqu'à la plante de ses pieds, un instant ou le temps et la vie s'arrêtent en elle sans savoir si elle doit remonter à la surface pour respirer à nouveau le bonheur qui l'attend encore et encore.

Cette nuit là aussi, la petite Noëlle s'est surprise toute seule à serrer très fort son gros nounours entre ses jambes pour souhaiter d'avoir de beaux cadeaux le lendemain. Elle a senti quelque chose. Elle est aller vérifier, en se grattant doucement avec l'index, puis avec un deuxième doigt et là ses yeux se sont grand ouvert d'un coup. Alors elle a continué, tout doucement, délicatement, de plus en plus vite puis sa tête a explosé avant de s'endormir.

Le lendemain matin Noëlle est la première levée pour aller déballer ses cadeaux. Le salon s'anime, tout le monde arrive. Le dernier couple se présente, Marwah lui tient le bras comme une mariée devant l'autel, elle tousse pour attirer l'attention d'un auditoire qui se tait à découvrir le nouveau Père Simon, cheveux courts, sans barbe, méconnaissable. Depuis ce jour il ne cessera de rajeunir au contact de Marwah.

Cette dernière, comme à l'église où elle accompagne la messe avec l'orgue, se met au piano et commence à chanter doucement une chanson :

I don't want a lot for Christmas
There is just one thing I need
I don't care about the presents underneath the Christmas tree
I just want you for my own
More than you could ever know
Make my wish come true
All I want for Christmas is you

  • I love you Padre.

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