XXXVII : Les annonces

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Aline prend quelques jours de vacances. Elle s'enfuie avec Jean-Paul. Ils prennent le Tram, la ligne 2 dont le terminus est à la gare. Le train pour Paris, en première classe. Un taxi les dépose dans le 8ème, au numéro 8 de la place Saint-Augustin, un somptueux restaurant les attend avant de monter dans une suite de rêve. Ça tombe bien, elle a quelque chose d'important à évoquer avec lui.

Installés dans la suite, ils se changent pour descendre au restaurant. Elle est habillée chic, maquillée, parée de bijoux, les cheveux teints, une jolie coiffure mais surtout elle rayonne, elle est resplendissante. Pour l'apéritif, elle demande un cocktail sans alcool mais avec des fruits rouges :

  • À nous !
  • Tu es si belle.
  • C'est parce que je suis amoureuse. Parce que je suis heureuse. Et je suis enceinte.

Dit-elle en cachant sa bouche dans son verre histoire de noyer cet aveu. Jean-Paul tousse. Lui aussi veut lui annoncer quelque chose. Mais ce n'est plus le moment. Place au bonheur d'Aline. Il lui prend la main, ils sourient en se regardant profondément dans les yeux.

  • Et si tu te poses la question, il est bien de toi. Thomas ne me touche plus depuis des mois, depuis qu'il a retrouvé son Frédéric. Tu sais, je suis vraiment contente, comblée, j'ai 45 ans, c'est ma dernière chance de femme d'avoir un enfant avec mon … amant.

dit-elle pleine de joie avec fierté et l'excitation d'une call girl accompagnant son vieux beau qui la regarde rire et sourire avec ses yeux pétillants plein de malice et il se dit qu'il a bien de la chance de vivre ce moment, là. Aline commence à plaisanter :

  • Je vois d'ici les titres des journaux. La femme du sous-préfet se fait engrosser par un ancien combattant.

Ils éclatent de rire, discrètement.

  • D'ailleurs on est où ici ?
  • Le Cercle National des Armées.

Aline se remet d'une soirée et d'une nuit merveilleuses dans un cadre idyllique. Elle flâne dans la salle de bain, celle de Jean-Paul, légèrement différente. Elle voit une petite boite blanche dépasser de sa trousse de toilette posée près du lavabo. Elle regarde, c'est une boite de médicaments. Elle prend vite son smartphone dans sa poche de peignoir et photographie la boite. Envoyer à Natacha. « Qu'est ce que c'est ? ».

Week-end gris à Dijon. Le ciel est lourd et bas comme un couvercle. Natacha est de permanence à la pharmacie. Elle entend le bip bip tribal, un message est arrivé. Elle regarde. Elle pianote sur son ordinateur pour vérifier. Va chercher le médicament et lit la notice à l'intérieur pour être sûre. Elle réfléchit. C'est pour Jean-Paul. Elle essaie de se remémorer la dernière fois où elle l'a vu. Ferme les yeux, se concentre. Respire doucement. Visualise, cherche des indices. Elle ouvre les yeux, tape la réponse sur son smartphone et envoie.

Pendant ce temps, ils ont eu le temps de s'habiller et font leurs valises. Jean-Paul l'embrasse et passe à côté. Depuis la nouvelle il ne peut pas s'empêcher de lui faire des petits bisous à chaque fois qu'il s'absente ou qu'il réapparaît. Aline entend le message arriver. Elle regarde. Elle lit : « Traitement contre le cancer ».

Sidérée. Bisou dans le cou de Jean-Paul qui voit la photo de sa boite de médicaments sur le smartphone avec la question et la réponse. Elle se retourne et le prend dans ses bras. Pas question d'échanger une vie contre une mort. On va sortir l'artillerie lourde. Si Patrice n'y arrive pas, on verra avec Noëlle. On vivra et on aura beaucoup d'enfants dans un château à la campagne. Pourquoi cette vision ? Aline le serre encore plus dans ses bras et l'entoure de tout son amour protecteur, infaillible, inépuisable, inconditionnel et absolu.

  • Je ne serai peut-être plus là dans 6 mois. Ce n'est pas assez pour voir naître le bébé.
  • Il est tant de voir ce que les autres médecines peuvent pour toi.
  • En tous cas j'aurai eu une belle fin de vie avec toi.
  • On en reparle dans un an ou deux, d'accord ?
  • J'aurais du t'en parler plus tôt.
  • J'aurais du le deviner.
  • Je suis vieux.
  • Ça va me rappeler ma jeunesse. J'ai accompagné un papy jusqu'à la fin de sa fin de vie. Avec tout mon amour. Tu en as de la chance d'être tombé sur moi. Ça va être un voyage merveilleux. Ou alors tu vas juste survivre. On verra. Mais dans tous les cas, je ne te promets que ... du bonheur. Jusque dans mon lit ou jusque dans ton cercueil. Ainsi va la vie, ainsi va la mort. Tu es condamné à vivre et à mourir avec moi. Et je ferai tout pour t'accompagner dans les meilleures conditions possibles. En fait c'est plutôt une bonne nouvelle. Tu seras heureux jusqu'à ce que la mort nous sépare.

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