Gabrielle

Dans la cour de la ferme, toutes les poules sont immobiles. Gabrielle les regarde depuis la grille de l'enclos qui les emprisonne. Elle cligne des yeux et là les poules retournent à leurs occupations.

Dans les magasins Gabrielle fait des caprices au rayon vêtements. Elle se sauve chez les garçons pour montrer des habits, toujours des bleus, un bleu spécial, azur, flashy.

Gabriel

Revoilà l'autre qui me prend mes jouets et maltraite mes poupées. Il vient à chaque fois avec son papa, si grand, si sombre, et sa maman toute jolie avec ses cheveux bouclés, ses yeux clairs et ses tâches de rousseur.

Ah non pas encore elle ! Elle arrête pas de mélanger mes habits quand on joue dans ma chambre.

Je fais un tas avec tous les habits bleus. Mais je ne trouve pas le bon bleu.

Et puis qu'est ce qu'elle raconte dans mon paragraphe ? Déjà qu'on ne me voit nulle part, et là elle me coupe la parole. Je suis invisible ou bien ? Si ça se trouve c'est moi le héros, c'est le titre du bouquin. Mais ici comme dans l'Invisible, le passé, le présent et l'avenir se confondent, toute l'histoire commence dans 30 chapitres, allez donc voir l'annexe d'Aline !

Pauline

Bonjour à toutes et tous. Je suis le bébé de la grande brune. Mon papa on dirait un papy. Dans la tribu ça grouille de réceptifs. Mais je n'émettrai que pour le bon, il faut que je le trouve ailleurs, j'ai le temps de voir. Sinon ma vie c'est maman. Je baigne dans un nuage rose avec elle. Que de l'amour. Que des bonnes ondes. Elle est si belle. J'espère que je serai comme elle.

L'évêque

Ça a bien changé depuis de temps. Enfin, pas tant que ça. Les centre-ville sont toujours les mêmes depuis le 12ème. Toute la pierre a survécu. Le bois a disparu. Je suis plus pierre que bois. D'ailleurs je m'appelle Pierre Bois. C'est ce qui est marqué sur ma CNI, pour l'instant. Avec ce nom j'ai tout entendu : « l'Abbé Pierre, le Père Pierre, à quoi à sert Pierre ? Etc. » Puis ils se sont tus. Sous la pierre, tombale. Des générations entières à perdre l'essence des textes petit à petit. Personne ne s'en est aperçu, mais tout tourne autour de l'église Saint-Joseph. J'y vais souvent, je me fais passer pour le diacre. Depuis que j'ai en charge le livre sacré, à lire ses textes de temps en temps, j'ai eu accès à l'Invisible mais aussi à l'éternité. C'est une vieille langue. Pas facile à comprendre. J'ai essayé d'en faire quelques traductions, une phrase ou deux. J'en fait lire de temps en temps au père Simon. Ça a l'air de marcher. Le comble, c'est que l'église Saint-Joseph où est rangé le livre sacré, c'est le nom de la rue : Rue de Jouvence. Ça ne s'invente pas ! Les signes sont parfois un peu trop voyants. Mais plus c'est gros, plus ça passe inaperçu parfois.

Le père d'Aurélie

Je lui ai laissé ma part sur la maison, elle l'a vendue, il paraît qu'elle en a fait bon usage. Je vais lui transférer les autres héritages et ce qui reste de mes biens, directement au notaire. Et une sorte de secte m'a approché. Ils savent tout de moi, ce que j'ai fait de mal et que je ne tiens plus à la vie. Ils mettent en relation des sociétés secrètes. L'un de leurs membres a besoin d'organes, beaucoup, et je suis compatible. En échange un destinataire recevra une compensation venant du demandeur, moins leur pourcentage, frais de dossiers. J'ai désigné un autre notaire comme destinataire, qui transférera à mon notaire qui aura des consignes. On ne sait jamais. Tout est prévu. Officiellement, un accident de la vie. Ça peut être n'importe quoi. Je ne souffrirai pas. Normalement je ne m'apercevrai même de rien. Ils ont l'air de maîtriser. Je me sens enfin en paix, surtout grâce à la lettre qu'elle recevra, il fallait que je lui dise.

Jean-Paul

Je suis le dernier arrivé. Quelque chose ou quelqu'un a mis Aline sur mon chemin. Je pensais que ma vie était finie mais en fait elle ne fait que commencer. Peut-être qu'elle ne voit en moi que le papy qu'elle a aimé quand elle était jeune ? Peut-être que je ne vois en elle que la compagne idéale dont j'ai toujours rêvé. Peu importe nos illusions ou la vérité, l'important est de vivre pleinement cet amour qui nous unit.

Tu es de ma famille
De mon ordre et de mon rang
Celle que j'ai choisie, celle que je ressens
Dans cette armée de simple gens, oh
Tu es de ma famille
Bien plus que celle du sang
Des poignées de secondes, dans cet étrange monde
Qu'il te protège s'il entend