52 - La Chloé

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Noël, à l'école politique, rencontre la fille du maire. Il vont organiser la fête de l'apocalypse. Un parchemin lègue toute la confrérie masculine aux filles qui décident de créer le MGPD : le musée du garçon politique de Dijon. Tous les prétextes, surtout les pires, sont bons pour faire la fête. Très prépa spirit.

Alors que Noël est tranquillement assis au Lounge, le café chope de SciencePO BFC, elle se pointe comme un fruit défendu et lui scande :

  • Ho le gars, t'es has been. Va falloir nous confier les clés de ta confrérie à la noix. Deux noix.
  • Bonjour Chloé, enchanté.
  • Ah… euh, moi de même, on se fait la bise ?

C'est la magie des lieux. Il doit y avoir des vapeurs d'huiles essentielles non autorisées qui flottent entre les clim réversibles. En fait ils ont rendez-vous. L'ordre du jour de la réunion est établi. Ils le respectent avec café et ensuite ils passent en off avec une chope. Chloé commence :

  • Pourquoi tu es si populaire ?
  • Parce que je suis medium et avec leurs rites obscures je me sens comme à la maison où toute la famille baigne dans le paranormal.
  • Ouais, c'est plutôt parce que tu es le fils du sous-préfet.
  • Et toi la fille du maire.
  • Ça suffisait pas, mon passif m'a aidé : avortement.
  • C'est tout ?
  • J'avais trop fricoté avec mon cousin.
  • Ah… Pas mal. Moi j'ai fait un bébé à ma baby-sitter.

Elle éclate de rire. Puis se ravise :

  • Pas mal non plus.
  • Je suis toujours avec elle. On a même failli se marier l'année dernière. Regarde, c'est ma fille, Gabrielle, elle est jolie, hein ? Dit-il en lui montrant une photo sur son smartphone.
  • Trop belle.
  • Elle a trois ans. Et toi, ça se passe bien avec ton vigneron ? J'ai vu sur les réseaux.
  • En fait, c'est une rencontre arrangée, imposée, pour lui aussi. Mais on s'amuse bien quand même.
  • Moi c'est un peu sur la descente avec ma baby-sitter. Alors de son côté elle s'éclate avec une autre maman.
  • Elle est en avance sur son époque. Tu l'aimes ?
  • Oui, depuis la première fois que je l'ai vu, je devais avoir 5 ans.
  • C'est mignon. Tu pourras me la présenter ?
  • Quoi ? Tu ne veux pas rencontrer mes parents d'abord ?

Et ils éclatent de rire.

En fait il doit aller rendre des documents à sa mère ensuite, il lui propose de l'accompagner. Elle accepte. Ils prennent le tram jusqu'à République et changent pour la ligne 2 jusqu'au Drapeau pour finir à pied et discuter un peu. Ils sont bientôt arrivés. Chloé repère le Kebab Jouvence, les frites au cheddar fondu et oignons frits lui font envie. En plus ils ont de la despé en rayon. Ils arrivent presque main dans la main devant la petite maison de la petite rue Saint Honoré. Chloé est charmée par la modestie des lieux et tout l'amour et la bienveillance qui se dégage d'Aline, resplendissante, au bras de son vieux gentil. Il y a même un bébé tout mignon. Jean-Paul demande :

  • Je crois qu'on s'est déjà vu quelque part.
  • Peut-être, je suis la fille du maire.
  • Ah oui, la cérémonie, la semaine dernière, vous lisiez un texte au pupitre. J'étais dans les rangs. Porte-drapeau.
  • Ah, d'accord. Très bien. J'ai un peu bafouillé… non ? » Aline leur propose de rester dîner. En voyant la tête de Noël, Chloé lui prend le bras et annonce :
  • En fait j'avais prévu quelque chose avec Noël ce soir.
  • Ah bon ? Demande Noël, un peu gêné.
  • Oui, c'est une surprise.
  • Bon, ben, bonne surprise alors.

Leur souhaite Aline.

Ils se disent au revoir. Et s'en vont. Dans la rue, Noël murmure un merci. Chloé rétorque :

  • J'ai vraiment prévu quelque chose. J'ai une furieuse envie de frites. Je t'invite.

Au Kebab Jouvence elle entre en tentation avec une vraie portion de frites recouverte de faux lardons halal et de fromage orange artificiel arrosés d'une vraie fausse bière cocktail pour fille. La jouissance à l'état pur devant un Noël médusé invité à partager ce repas au goût de l'interdit. Elle se montre à lui telle qu'elle est, avec tous ses défauts qui au lieu de le repousser, l'attirent et lui montre à quel point elle peut se passionner pour ce qu'elle aime même et surtout si c'est un peu sale et un peu gras. Elle s'imprègne de l'odeur, s'essuie la bouche avec les manches, rajoute du sel pour éveiller ses sens et succomber tout simplement rassasiée de l'envie assouvie.

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