Postface

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En fin d'après-midi, Noëlle arrive et ressent tout ce qui s'est passé dans la journée à la ferme. Elle aurait aimé aussi être présentée à Chloé. Elle part faire son inspection de l'abri en attendant que Noël rentre pour lui parler. Alors qu'elle en est aux vérifications des batteries, elle entend quelqu'un descendre, c'est lui. Malgré son absence à la ferme aujourd'hui, il est au courant de tout car Chloé lui a évidemment raconté. Noël annonce donc à Noëlle :

  • Tu peux rencontrer Chloé demain matin, elle sera à la mairie, salle de Flore, là où il y a les expositions des peintres, à 10h.
  • D'accord. Merci. Et félicitation pour ta nouvelle vie, je suis heureuse pour toi.

Noëlle prend son grand frère dans ses bras.

  • Et garde tes forces pour ce soir, je crois qu'Aurélie a prévu tout un cérémonial d'adieu pour toi.

Pendant ce temps, Chloé appelle son vigneron :

  • Ça y est, il faut qu'on parle. De notre accord.
  • Oui ?
  • J'ai rencontré quelqu'un.
  • D'accord. En fait, moi aussi.
  • Ah bon ? Et ben… Tu n'osais pas me le dire ?
  • Je vous être sûr.
  • D'accord. Alors … bonne chance.
  • Merci, toi aussi. Au fait, tu viens toujours à la Saint-Vincent ?
  • Oui, bonne idée, je te le présenterai.
  • OK, moi aussi. Bisou.
  • Bisou.

Ils se sont engagés dans une relation de confort organisée par leurs parents à l'occasion d'un Rallye du Lions Club et du Rotary Club. Du coup, ils se sont inventés un accord pour se sentir plus libres, moins prisonniers de la situation :

  • Dès qu'on rencontre quelqu'un d'autre et que c'est la bonne personne, un coup de fil et c'est fini : bisou !

Ce soir là, Aurélie, nue dans son lit, attend Noël. Il arrive, se glisse sous les draps et se place sur elle. C'est leur dernière fois. Ils se disent au revoir comme ils se sont dits bonjour la première fois. Après quelques caresses, ils sont prêts. Sans se lâcher des yeux, elle le guide. Une fois en elle, elle lui dit :

  • Tu es un homme maintenant.
  • Je suis un homme.
  • Je t'ai laissé entrer en moi, je vais t'en faire sortir. Demain tu seras libre de vivre ta vie d'homme. Quand tu sentiras que ça vient, il faudra te retirer. Je me retournerai pour que tu puisses terminer notre histoire, une ultime entrée en moi.

Par la porte de sortie. Ce matin là, à peine rentrée dans la cour, elle voit Chloé qui l'attend. Elles s'approchent l'une de l'autre en souriant. Noëlle s'exclame :

  • Enfin on se rencontre ! J'ai toujours rêvé d'avoir une grande sœur.
  • Bonjour Noëlle, merci.
  • On va voir l'expo ?

Elles discutent devant les œuvres d'art, à la fin du tour de la salle, elles sont amies et parlent déjà de se prêter des fringues. Mais Chloé est inquiète. Elle sait que son père n'aime pas le sous-préfet. Et elle lui envoie son fils en rendez-vous pour un obscure événementiel que SciencesPo veut faire à Dijon, tout ceci n'est que prétexte pour les faire se rencontrer, qu'il se fasse une opinion en vrai plutôt que sur le papier. Car, père d'une petite fille de 3 ans, il vit avec une survivaliste de 10 ans de plus que lui, son père est en pleine reconversion sexuelle, un scandale pour la République, donc… :

  • Bonjour monsieur le maire. Je viens vous présenter le projet.

Il écoute la présentation, regarde vite fait les documents, mais il n'est pas dupe. Il connaît sa fille. De son côté Noël a bien l'intention de lui dire.

  • Alors comme ça, vous êtes ami avec ma fille ?
  • Oui monsieur le maire. On est même assez, proches.
  • Je vois. Je comprends. Comment ça se passe pour elle à SciencesPo ?
  • Plutôt bien, elle a même absorbé notre confrérie, en avance de phase.
  • Oui j'ai eu le compte-rendu, je suis un ancien de la cave.
  • Ah…
  • Et avec votre père ?
  • On ne se voit plus beaucoup.
  • Votre mère nous manque beaucoup au service social. Elle faisait du bon travail. Votre père, je l'ai croisé hier soir, on fréquente les mêmes endroits un peu spéciaux. Je n'ai pas de leçons à donner dans ce domaine. Et votre mère a bien raison de se consacrer à sa nouvelle petite famille, c'est important la famille. En fait je suis rassuré que Chloé se prenne en main plutôt qu'on la guide, et je veux lui faire confiance, respecter ses choix. Vous est moi on est dans le même camp désormais, celui de Chloé, d'accord ?

A lieu de répondre, Noël lui tend la main. Le maire la saisit. Il se regardent dans les yeux. Le maire reprend :

  • Vous lisez la presse, vous avez vu, ma santé me lâche. On voit les choses différemment quand on est au pied du mur.
  • Il faut que je vous présente ma petite sœur. Elle est une sorte de, magnétiseuse. Très puissante.
  • Noël, fiston, je veux bien. Ça te dit un petit Porto ? Le chef des services technique vient de me donner une bonne bouteille qu'il n'ose pas ouvrir. 1958. Pour les grand hommes m' a t-il dit. J'ai envie de le goûter avec toi.

Noëlle a des ennuis. Ça ne s'est pas vraiment passé comme prévu avec le prof de français. Elle raconte toute l'histoire à Chloé :

Noëlle

« Au club théâtre c'est la bataille pour avoir un rôle important dans la pièce. Aux auditions je fais connaissance des autres filles, elles sont sympathiques et très jolies aussi, ça va être dur de se faire remarquer du prof. Mais bon, je l'intrigue avec mes regards appuyés, ces légers contacts physiques subtils et d'autres trucs de séduction hypnotiques. Et puis je le trouve beau et gentil, peut-être que j'y mets un peu de moi en lui. Je crois que je l'impressionne, il sens toute ma puissance, mon indépendance, mon style de vie à la ferme plutôt qu'en ville et je suis aussi la fille d'un haut fonctionnaire. Le samedi matin on fait des exercices de théâtre avec la troupe, à midi on mange au fast food et l'après-midi on s'endort à moitié à lire des passages de la pièce. Coup de chance, il habite pas loin de la ferme, aussi il vient à me proposer de me racompagner après les répétitions. On discute de tout et de rien sur le trajet, je me sens bien à ses côtés, à la place de sa femme dans cette voiture. J'ai mis un parfum envoûtant, une jupe courte, un beau décoletté, un chignon qui me dégage la nuque, je regarde souvent le paysage pour qu'il puisse voir tout ça d'un coup d'oeil. Je le sens regarder mon cou, la finesse de mes bras nus, ma poitrine et mes jambes, son regard est comme une chaleur sur mon corps. Il se passe quelque chose, j'ai l'impression de perdre le contrôle. J'ai envie qu'il s'arrête et qu'il me saute dessus. Ah non, ça c'est ses pensées, on fusionne. Mais je le vois heureux avec sa femme, en famille, il a un garçon à la fac et une fille de mon âge. Tiens ? Elle n'est pas au lycée avec nous. Un handicap. Qui ne se voit pas. Elle est sourde. Et elle a des difficultés scolaires dans son institution spécialisée, elle y est interne. Elle lui manque, il l'aime beaucoup. Il me propose de me montrer la version originale du livre de la pièce qu'on est en train de jouer, il l'a chez lui. On arrive dans sa jolie petite maison. On est samedi, sa femme est partie faire des courses avec sa fille, son fils n'est pas rentré ce week-end, il a une piaule en ville. On est seuls. Détendus. Souriants. On est bien. À boire du thé en me faisant son exposé de l'édition originale. Mais on pense à autre chose. Nos regards se croisent. Une fois, deux fois. Puis ils restent l'un dans l'autre. Je lui souris. Il arrête de parler. Il me trouve très belle. Il profite de ce moment. Il n'a rien l'intention de faire.

— Alors comme ça vous jardinez aussi ?

Et nous voilà dans le jardin, il m'a prêté les bottes de sa fille qui vient souvent l'aider. Je suis trop sexy avec ma jupe courte et mes bottes, je lui fais remarquer en riant avec les mains pleines de terre car je me suis mise à désherber autour de ses salades dans sa grande serre où l'on est à l'abri des regards. Lorsque je me relève il s'est rapproché et mon visage est tout près du sien. Je ris encore, on se regarde et son visage s'approche, je ferme les yeux, il m'embrasse. Je me sens chavirer, il y a comme un glissement de terrain, c'est tellement intense. Lorsque je rouvre les yeux je m'aperçois que je lui ai mis plein d'herbe sur les épaules. Je me mets à les frotter. Puis je m'accroche à son bras pour le suivre, on sort de la serre, on enlève les bottes et on va se laver les mains. Je commence, puis je lui demande de m'aider. Il se met derrière moi et ses mains glissent sur mes bras jusqu'aux doigts et il m'embrasse dans le cou. Je gémis doucement de plaisir, en sécurité, en lui. Je frotte mes fesses sur son bas ventre, je me retourne, je l'embrasse fougeusement et je m'accroupis pour soulager toute la tension qu'il a en lui et juste après quelques caresses je suis surprise de tout recevoir sur le visage. Je le regarde, il est choqué de m'avoir fait ça alors je me relève et je l'embrasse à nouveau puis il me lèche toute la figure et on se serre fort. Il réajuste son pantalon et il me raccompagne à la ferme. Sur le trajet, je lui tiens la main et je sens ce qui va se passer, le drame pour sa femme et pour sa fille. Je ne peux pas lui faire ça. Arrivé à la ferme, il attend que je descende mais je sais que c'est le moment de traiter le problème à chaud. Sinon tout va commencer à changer en lui et il sera trop tard.

— Monsieur, je suis désolée. Je n'aurais pas dû. J'ai juste fait ça par jeu et finalement ça me bouleverse trop, ça vous touche trop aussi. Je ne veux pas briser votre belle famille. Je pourrais vous dire qu'il ne s'est rien passé du tout et en rester là mais non. Il s'est passé quelque chose et si je reste dans les parages je ne réponds plus de rien et vous risquez de perdre le contrôle aussi. Alors lundi on va aller voir la proviseure. Et on va tout lui expliquer. Que j'ai eu un comportement déplacé. Que si je reste dans ce lycée ça va mal tourner pour nous. Qu'il faut me renvoyer. Qu'on ne se voit plus. D'accord ?

Il a l'air complètement perdu. Sous le choc. Je lui prends sa main gauche et j'embrasse son alliance. Je sors de la voiture et je me tiens droite, je ne sais pas quoi faire de mes mains. J'attends qu'il parte. Lorsque sa voiture tourne au loin, je fonds en larmes. Lundi matin au lycée, la proviseure est sous le choc. Elle accepte l’arrangement. Je suis virée. En sortant du bureau on part chacun de notre côté, il ne m’a même pas adressé un regard d’adieu. Je sens qu’il n’est pas si innocent que ça. Mais pas dans notre histoire, dans une autre. Une sorte de tromperie sexuelle plus qu’un adultère. Je me concentre. Il est gay ? Non. Ça aurait pu. Je vais dire au revoir à ma classe, à certains profs et je sors du lycée. Je prends le bus pour rentrer à la ferme. Le paysage défile. J’ai quelques flash sans comprendre les images. Je me rappelle la photo de famille dans le salon. Il doit y avoir une réponse là-dedans. Sa femme ? Elle le néglige. Elle a une liaison à son travail. Pas dans sa hiérarchie. Un stagiaire. Mais bon, ça n’est pas encore ça. Il s’agit d’une ombre sur lui mais quoi. Je continue, le fils. 20 ans, il est indépendant dans son appart. Un petit travail de petit fonctionnaire mal payé, ASVP. Mais il aime bien, sauf lorsqu’il est obligé de mettre des contraventions aux innocents usagers. Sinon il aime ses autres missions, déambuler, surveiller le marché couvert, participer à la sécurité de tous les événements de sa petite ville moyenne, il se sent à sa place ainsi, ça lui suffit, il n’a aucune ambition professionnelle. C’est quelqu’un de bien mais sa sexualité est trouble. Il a eu quelques aventures homosexuelles. Il aime bien s’habiller en fille. Mais il y a autre chose encore. Il est bi. Il aime les filles aussi. De ce côté c’est le désert. Lui aimerait que ce soit une oasis. On arrive, je sors du bus et je ne pense plus à rien d’autre que d’aller m’occuper des animaux. Au bout d’une heure je me laisse tomber dans la paille, les bras en croix, je secoue mes jambes pour enlever mes bottes et je commence à somnoler. Un flash, encore le fils. Sa soeur vient le voir. Elle pleure, elle lui raconte ses problèmes. Il la rassure. La réconforte, il l’aime bien. Ils communiquent en langage des signes. Mais je comprends tout. Je les entends :

— J’ai encore eu une mauvaise note, je pense que c’est foutu pour le CAP. C’est trop dur, je n’y comprends rien, j’en ai marre.
— Ça va aller, on va trouver une solution. Je peux te faire réviser tous les soirs. On va y arriver.
— Merci, t’es gentil. Heureusement que je t’ai. D’accord, on va essayer. Et toi comment ça va ?
— Le travail c’est bien mais comme tu vois je me sens un peu seul ici. Les amis que j’ai ne sont jamais disponibles et côté coeur c’est le calme plat. Je suis en manque affectif.

Elle le prend et le serre dans ses bras puis elle recule pour lui dire :

— Ben moi en plus du reste, c’est pareil. Il y a des garçons qui me draguent mais ils sont tous débiles ou nuls voir les deux. Ça craint. En fait je n’ai jamais vraiment eu de copain. Personne de bien ne m’aime.

— Moi je t’aime et je t’aimerai toujours.
— Merci, c’est gentil. Mais moi aussi je suis en manque affectif comme tu dis.
— Ça peut s’arranger.

Et il la chatouille, elle crie, elle rit et ils tombent sur le canapé dans les bras l’un de l’autre. Il l’embrasse sur le front, elle sourit. Elle se sent bien avec lui. Elle demande :

— Montre-moi.
— Quoi ?
— Comme tu embrasses.
— Une fille ou un garçon ?

Elle rit. Elle est au courant des déviances de son frère :

— Sérieusement, allez !
— T’es sûre ?
— Oui.

Et elle approche ses lèvres et ferme les yeux. Il lui fait un bisou sur la bouche. Elle sourit. Mais elle attend. Il sent son coeur battre. Il ose, un baiser. Elle ne sourit plus. Mais elle attend toujours. Alors il l’embrasse, goûte à ses lèvres, lèche ses dents, elle ouvre la bouche et leurs langues se mélangent. Noëlle se réveille dans la paille. Ce n’est toujours pas ça, l’ombre sur le prof de français. On verra plus tard, finie la pause, au boulot ! Ce soir je me couche tard. Rien à préparer pour le lendemain. Sauf que ça va être chaud quand maman va apprendre que je suis virée. Tiens, je vais raconter ça à Chloé ça va la faire rire. Je l'appelle et on délire jusqu’à une heure du matin. Elle est sympa, je l’aime bien. Je m’endors. Encore un flash. Je les vois nus l’un contre l’autre. Il veut mettre un préservatif mais elle lui fait comprendre que ce n’est pas la peine, qu’elle a un système de contraception. Il y va, il se sent en elle, il la trouve si belle, si attirante, il l’embrasse autant qu’il peut, il la touche, il sent que ça vient, c’est trop tôt alors il se retire et lèche ses seins, descend, lui fait un peu mal, remonte et entre à nouveau en elle. Puis elle lui passe dessus et il finit derrière elle, tout étourdi, essoufflé. Elle se retourne pour le regarder, elle a un drôle de regard. Il se rend bien compte qu’elle n’est plus vierge depuis longtemps mais il n’ose pas demander. Ça ne correspond pas à ce qu'elle raconte de sa vie intime. Il se passe sans doute des choses à l'internat. Et ce regard qu’elle lui lance lui fait comprendre qu’elle a envie d’en parler. Je vois son regard, je scrute, j’essaie de comprendre, elle se sent sale, mais pas à cause de ce qu’elle fait là, inconsciemment elle implique son frère dans son problème, pour lui donner un indice, pour avoir un prétexte pour pouvoir lui en parler et tout d’un coup, furtivement, je vois une ombre passer. L’ombre de son père. Mon Dieu. Je coupe tout, je ne veux rien savoir de plus. Quelques jours plus tard, dans la rubrique faits divers du Bien Public on pouvait lire : Une bien sombre découverte lundi matin dans le gymnase du lycée où la troupe de théâtre répétait. Le professeur de français a été retrouvé pendu par le cou avec un baudrier d'escalade juste au dessus de la scène provisoire. Un nouveau coup dur après l'expulsion d'une des actrices principales de la pièce que les lycéens préparaient pour Noël, une revisite du Petit Prince de Saint Exupéry. Le rectorat enverra dès que possible un remplaçant. En attendant, le professeur de latin fera l’intérim. La gendarmerie nationale a interrogé la proviseure. Ils débarquent à la ferme. Je suis en pleurs. Je leur raconte mes ébats avec le prof de français. Mon expulsion. À aucun moment je ne leur ment. Il ne faut jamais mentir aux forces de l'ordre. Tout le monde le fait, c'est même un droit de citoyen français. C'est nul. À tel point que ce n'est pas facile de leur dire la vérité, ça les déstabilise. Mais il y a une chose qu'on peut leur dire à eux, surtout aux gendarmes des campagnes, c'est ce genre trucs auquels ils sont si souvent confrontés :

— Je suis un peu médium. Je vois des choses. Il a fait des choses, d'abord à son fils. Allez le voir, il est peu perturbé. Et à sa fille aussi, handicapée, elle est sourde et un peu ... limitée. »

Chloé demande donc à son père de faire quelque chose :

  • Noëlle, la petite sœur ? Ne t'inquiète pas, j'appelle tout de suite le proviseur de Carnot. On va lui trouver une place. Ça va s'arranger.
  • Mais c'est beaucoup trop loin pour rentrer à la ferme, et Aline n'a pas de place chez elle.
  • Chloé, on a trois chambres d'amis. Elle n'a qu'à venir à la maison en attendant de trouver une solution.

Excellent. Une façon discrète d'essayer la démagnétisation ou je ne sais quoi. Foutu pour foutu… Quelques jours plus tard dans la chambre d'amis, le maire fait la position du chien tout nu avec une boule dans la bouche et une chaîne autour du cou attachée au pied du lit.

  • Alors monsieur le maire, on a pas été gentil ?

Coup de fouet sur les fesses.

  • On a pas été sage ?

Clac !

  • C'est pas bien, c'est vilain.

Elle enlève tous ses vêtements sauf ses petites chaussettes blanches et elle prend la cravate du maire, se la met autour du coup et la place pour cacher ses parties intimes, ensuite elle tourne autour de lui et termine son discours :

  • En plus on fait des choses cochonnes avec une mineure…
  • Elle lui enlève la boule pour qu'il puisse parler :
  • Ils sont où les chapelets, l'eau bénite et tout ça ? On est loin là, on est loin !
  • Traitement personnalisé.
  • Ah bon ?
  • Non, en fait je voulais juste jouer un peu. Je suis diabolique.

Et elle l'embrasse sur la bouche.

  • Ça y est, tu es guéri.

Elle le détache. Il se relève. Face à elle. Il déclare :

  • Je sens comme une chaleur en moi.

Elle le regarde, baisse les yeux et dit :

  • Oui, je vois, tu es en forme.

Elle se rapproche, jusqu'à le toucher. Il frissonne.

  • Ça va aller mon petit François, tout doux, on va terminer le rituel .

Et elle se met à genoux. En quelques secondes elle lui fait révulser les yeux et un râle de soulagement envahit la chambre d'amie.

Au Centre Régional De Lutte Contre Le Cancer Georges-François Leclerc , les médecins n'en reviennent pas. Plus d'ombre, plus de métastases et les résultats sanguins sont normaux. On annule la chimio et les rayons. Le maire est sauvé. Bizarrement, il n'a plus envie de retourner en boîte clandestine. Et le fait que sa femme fasse des galipettes avec le maire de Besançon ne le préoccupe plus du tout. Et ce matin, au lieu de prendre son petit-déjeuner seul comme d'habitude, Noëlle est là, à ses côtés, et lui prépare des tartines de pain frais grillé avec du beurre salé et de la confiture de fraises avec un bon bol de café en grains bio fraîchement moulu et un nuage de lait frais entier accompagné de miel de printemps pour remplacer le sucre. Lui est là, à moitié endormi mais le visage reposé, comme assouvi. Elle trempe une tartine dans le bol et lui porte à la bouche, il ouvre, il croque lentement, il mâche, elle lui essuie le coin de la bouche avec sa petite culotte blanche qu'elle vient d'enlever de sous sa nuisette grise argentée aux reflets bleus comme ses yeux. Et puis elle le regarde, elle l'admire, amoureusement elle fond de plaisir à le revoir prendre des forces. Mais elle surveille d'un coin de l’œil l'escalier au loin, de peur de voir Chloé descendre, même si cette dernière n'est pas dupe. Elle connait bien son père. En fait, ni l'une ni l'autre n'ont envie de se fâcher ou de se perdre. François doit partir, un rendez-vous avec le préfet, il va encore couvrir le sous-préfet pour un problème. Il part se préparer. Chloé et Noël descendent main dans la main. Pendant qu'il part aux toilettes elle s'approche de Noëlle pour discuter :

  • Comment il va ?
  • Bien, très bien, je crois.

Chloé lui met la main sur son poing fermé, à l'intérieur, la petite culotte blanche que la petite main de Noëlle n'arrive pas à cacher. Chloé lui fait un bisou sur la joue et lui chuchote à l'oreille.

  • Merci pour tout. Tu prends bien soin de lui. Il a l'air de beaucoup tenir à toi. Prends soin de toi aussi, d'accord ? Je ne veux pas vous perdre.

Elles se serrent dans les bras. Noëlle lui répond de la même façon :

  • Du coup, j'hésite. Le père ou la fille ? Je pense que je vais être très heureuse, avec les deux, je prends les deux.

Et elle lui répond

  • Bienvenue dans la famille.

Justement, Noël arrive et il se demande ce qu'il se passe. Noëlle en profite pour s'excuser de devoir aller se laver les mains, en fait elle va remettre sa culotte. Finalement elle ne la remet pas jusqu'en haut et s'assoit sur le trône. Elle repère le journal local, le Bien Public. Elle se rappelle d'un document étrange qu'elle a lu dans la bibliothèque du couvent, une procédure facile à retenir pour lire une phrase codée dans ce journal. Elle teste. Plouf. C'est censé être un présage, genre il va faire très chaud aujourd'hui. Plouf. Elle note les mots trouvés sur son smartphone. Ensuite il faut lire la phrase à l'envers.

  • La fin est toujours le début d'autre chose.

Mince, il n'y a plus de papier. Où sont les lingettes ?

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