Scènes post-générique

7 minutes de lecture

Le docteur Lisa Marie est de retour. L'équipe médicale est aux petits soins. L'immaculée conception de l'espace, ça sent le prix Nobel, à se partager avec les doctorants du CERN et leur unique et treizième lancement en solo. La revoilà sur Terre. À la case départ. Elle n'a aucune envie de retourner dans son hôpital à regarder mourir ses patients. Malheureusement toutes les places sont prise pour Mars. Et Alexeï, elle n'est pas prête de le revoir. Il redescendra dans 2 mois, dans un autre pays et ira rejoindre son autre famille pour toujours et à jamais. Elle rêve de vacances, de jours à ne rien faire, de planning d’entraînement à déchirer et à oublier. Mais on ne quitte pas l'agence. On s'en fait virer. Quand elle annonce au directeur qu'elle enfreint 28 protocoles avec ses rodéos franco-russes en apesanteur, il se lève et applaudit des deux mains à s'en secouer le cigare. Il a même trouvé un nom : mission Vierge Marie. Désespérant. Elle choisit déjà un prénom pour son bébé, le dernier prénom que l'humanité donnera à un garçon : Lambert. Le nom de famille du dernier patient qu'elle a perdu. Lambert est aussi un prénom. Comme son nom à elle, Marie. Tout ceux qui portent un nom de famille qui est aussi un prénom ont eu un ancêtre qui a été abandonné devant une église. On leur donnait comme nom de famille le Saint du jour. Lisa regarde au fond de sa boite à bijoux. Elle est là. La chaîne en or avec la croix chrétienne en pendentif. Interdite dès les premiers test pour l'espace. Aujourd'hui, elle l'embrasse et la remet. Mission Vierge Marie. Spéciale dédicace à tous les enfants abandonnés.

***

À la Saint-Vincent tournante à Chambolle-Musigny, c'est le père Simon et le pasteur Patrice qui officient à la messe. Même Marwah elle a, fidèle au poste devant l'orgue électronique pour accompagner les chants. Le maire est au premier rang avec sa femme qui est revenue car elle ne manque aucune mondanité officielle, elle adore ça. Dehors Noëlle s'ennuie. Elle ne peut pas rentrer dans l'église, crise de panique en pensant à tout ce qu'elle a à se reprocher. Elle ne peut pas non plus acheter le verre pour tourner, elle est encore mineure. Chloé lui fera goûter. Elles sont guidées par Sophie bien-sûr, qui est venue avec Phoebe, elles ont laissé Abigaëlle chez Aline. Chloé insiste pour passer à un stand avant que la messe ne se termine et que tout le monde envahisse les rues. Elle prend la main de Noël et fait un grand signe au loin en criant :

  • Sébastien !

Elle peut enfin présenter Noël à son ex. Comme prévu, Sébastien fait de même :

  • Je te présente Abel.

Il s'agit du jeune homme mal rasé au teint mat à côté de lui. Révélation. Voilà pourquoi dans leurs relations ça se terminait souvent par derrière. C'était le rituel du vendredi soir avant le week-end. Maintenant il doit savoir ce que ça fait. D'ailleurs avec Noël aussi, à leur première fois le scénario a mal tourné à la fin. Depuis, Chloé a repris le dessus, elle s'autorise même à lui titiller l'arrière train, mais la dernière fois elle a dû aller trop loin car il s'est mis à chanter en Yodel. Elle a failli s'étouffer de fou rire dans le lit. Et quand elle a raconté ça à Noëlle elle est restée fascinée pour finalement conclure :

  • Tu dois avoir des doigts magique. Dis, tu pourrais essayer sur moi, dis, allez, c'te plait ! Chui ta meilleure copine !

Mais elle y pense tout d'un coup. Abel et Sébastien, qui fait le chien ?

À la fin de la journée, monsieur le maire et sa femme ont subi tous les sacrements, ils ne sont plus en état de rien. Michèle avoue à son mari :

  • Ce soir je ne dors pas à la maison. Michel a réservé à la cloche. Au fait, c'est quoi ces rumeurs ? J'ai lu sur le darknet : les enfants du sous-préfet emménagent à la Villa du Parc. C'est quoi cette histoire ?
  • Tu sais, Michel peut dormir aussi à la Villa, mais pas dans notre lit, j'y suis déjà.
  • Nan merci, il veut pouvoir rentrer rapidement à Besançon en train, c'est plus pratique depuis Darcy.
  • OK. Alors l'histoire c'est que Chloé a invité son nouveau petit copain, Noël. Qui a une petite sœur qui s'est faite virer de son lycée, j'ai dû l'inscrire à Carnot et pour y aller c'est plus pratique depuis chez nous. Donc les deux sont là.
  • Je crois que je vais vômir.
  • Pareil.

En voyant ce spectacle, Phoebe explique à Noëlle :

  • Tu vois, l'alcool est toxique dès le premier verre.
  • Je ne sais pas, je ne bois pas.
  • Sophie n'a pas repris non plus depuis la naissance d'Abigaëlle. Ça va poser problème pour son travail.
  • Elle allaite ?
  • Oui.

Noëlle prend la main de Phoebe et raconte :

  • Alors laisse la faire, c'est une maman, elle y va à l'instinct, comme avec toi, elle t'a déjà fait goûter, et tu as trouvé ça bon et elle a trouvé ça bon aussi de te donner sa nourriture magique, celle de son corps, celle de son sang, éternelle.

Phoebe acquiesce avec la furieuse envie de recommencer. Où est Sophie ?

Ainsi débarrassée de son chaperon, elle récupère le maire et sa femme en disant à cette dernière :

  • Ne vous inquiétez pas madame, je vais m'occuper de lui.

Elle le guida vers le bus VIP qui ramène tout le monde au centre ville de Dijon. Accrochée à son bras, ils croisent quelques huiles qui le saluent lui et la prennent elle pour Chloé.

***

À la Villa du Parc, le maire reçoit Aline et Jean-Paul. Il sont venus avec leur petite Pauline. Chloé et Noël sont là, Noëlle minaude à côté de son François, elle le regarde comme Dieu le père, elle est comme envoûtée à moins que ce ne soit lui, lui qui a laissé tomber ses mauvaises habitudes, lui qui s'est éloigné de ses mauvaises fréquentations, lui qui se sent plus vivant, plus fort, plus solide à proximité de sa petite étoile qui, au lycée Carnot ne se fait pas remarquer, suit les cours avec assiduité et concentration, apprend le russe pour être dans la meilleure filière et participe à la chorale où elle a un solo pour le concert à l'église Saint-Michel, comme une renaissance motivée par l'homme de pouvoir qu'elle admire et dont elle partage la couche. Et lorsque la proviseure principale pleine de soupçons la convoque dans son bureau pour lui demander ce qu'il en est vraiment, elle répond :

  • Madame la proviseure principale, ma motivation, principale, est de suivre la ligne directrice qui nous amène au diplôme, qui nous amène en classe préparatoire, qui nous amène en école, qui nous amène au travail puis à la reconversion avant une retraite bien méritée en attendant la fin, car sans ça il n'y a pas de vraie vie, la vraie vie d'à côté, celle de nos rêves, de nos véritables aspirations, de nos envies, de nos désirs, de sentir notre cœur battre quand l'être aimé nous rejoint ou disparaît, de donner la vie, de répandre l'amour derrière cette couverture sociale, celle qui nous définit, celle qui restera dans les mémoires, les rapports et les notes, tout ce qui recouvre notre véritable essence faite de passion, de chair et de sang, notre … humanité. Alors, madame, ce qu'il en est vraiment, ce n'est pas cette éducation obligatoire jusqu'à 16 ans, c'est juste cette prise de conscience qu'à chaque seconde, je sais, madame, que je suis tout simplement vivante, et que cette force me guide, efface toutes les contraintes et motive chacun de mes gestes, de mes caresses à l'être aimé, de la Foi qui anime mon esprit et mon âme, loin de la futilité matérialiste capitaliste moderne qui nous est enseignée, loin des programmes de compétences à acquérir, il s'agit tout simplement de sentir, d'écouter, de suivre et de faire grandir ce qu'il y a de plus pur en nous, ce qui nous définit, le meilleur de nous-même, notre inspiration. Posez-vous la question. Qu'est ce qui vous inspire ? Pour quoi êtes vous prête à donner votre vie au lieu de vous priver de votre temps, de suivre le programme qu'on a tatoué sur votre destin. Quelle est votre véritable inspiration ? Qu'en est-il vraiment ? Parce que moi, c'est juste l'amour. Celui qu'on doit trouver, celui qu'on doit défendre, celui pour lequel on est prêt à tout, même s'il faut se cacher derrière un rôle de théâtre tragique, celui de l'existence que vous nous proposez, avec ses actes et sa dernière page, sans suite. Où en est-vous avec l'amour ? Où en êtes-vous avec votre humanité ? Ce n'est pas à moi de vous le dire. Vous pouvez trouver la réponse toute seule, il suffit de regarder sur votre boîte à lettres en rentrant chez vous ce soir. Combien y a-t-il de noms inscrits sur cette petite porte de votre vie ?

Voilà tout ce qu'entend Aline dans sa tête en regardant Noëlle. Mais au-delà elle se voit en elle aussi. Elle se rappelle aussi à quel point elle s'est sentie proche du papy de Thomas. Alors elle comprend. Elle accepte. Se sentir heureuse dans le bonheur, ça ne passe pas forcément par les conventions établies, par la morale ou par la loi. Juste par le cœur. Et Noëlle a un cœur. En attendant, Aline devra demander à Jean-Paul ce que le maire a dit parce qu'elle n'a rien écouté. Elle le regarde parler. Il a l'air bien. Passionné par ce qu'il fait. Il a même été ministre, du travail. Dévoué à servir. Pas d'enrichissement personnel. Même cette Villa appartient à l'état. Elle a été laissée disponible à la fermeture de la Base aérienne 102. Cette Villa était le lieu de fonction du club féminin, présidé par la femme du commandant de Base. Comme il convenait qu'une femme d'officier ne travaille pas pour rester disponible pour son mari qui revient du travail ou de mission, il fallait donc les occuper toute la journée dans cette Villa du Parc de la Colombière. Peinture sur soie, marquetterie et surtout sorties sportives en randonnées, à la piscine ou au ski en autres activités culturelles. Des sous-officiers étaient mis à disposition pour toutes ces missions. Ils étaient très appréciés de la gente. Très. Il s'en est passé des choses ici. Du coup, Aline redemendera deux fois à Jean-Paul ce que le maire a raconté. Aline est souvent distraite dans les lieux qui ont vécu.

Annotations

Vous aimez lire Christ M.org ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0