Les événements heureux

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5 ans plus tard...

Natacha

Je termine enfin cette thèse, la date de soutenance est enfin arrêtée, tout est prêt, la présentation et la version imprimable. À la fin du mois je serai docteur en pharmacie. Ils m'attendent déjà rue du Drapeau. J'aurais préféré une petite officine de quartier pour commencer. Avec tout ça je n'avais pas remarqué que la semaine était déjà passée. Et j'aurais dû les avoir la semaine dernière déjà. Peut-être le stress ? Je regarde l'écran de mon test : un smiley. Je suis enceinte. Sidérée, je saute dans le premier tram et je vais au couvent, il est là. Juste un regard et il sait. Il s'approche de moi pour vérifier, il me caresse la joue et me serre dans ses bras. Pas de smiley pour lui mais je pense que je vais quand même devenir docteur maman. Je demande :

  • Ça va aller ?
  • Oui, ne t'inquiète pas.
  • Tu veux encore m'épouser ?
  • Seulement si c'est un garçon.

Je suis sûre qu'il le sait déjà. C'est sa façon de dire oui, ou non ? Je le serre dans mes bras. Il ajoute : "Je t'aime ma belle petite Natacha, mon trésor à moi, ma choucroute aux fruits de mer, cette nuit on fera l'amour et je t'arroserai de Riesling." Notre fameux week-end en Alsace l'a vraiment marqué. On y fêtait la fin de mon cursus, la fin de mes études. Mais bien-sûr ! C'est là qu'il a été conçu. Ou elle ? On passe voir Aurélie à la ferme pour annoncer la nouvelle. Au lieu de se jeter dans nos bras, Aurélie à l'air gênée, elle plante sa fourche au sol. Patrice fronce des sourcils puis comprend. Elle ose à peine lever le regard sur nous et annonce enfin ; « Moi aussi. » Patrice me regarde avec une mine interrogative, se tourne vers Aurélie qui avoue : « Mon p'tit bonhomme ». Noël. Il a passé toutes les dernières vacances scolaires à la ferme. Il n'y avait pas que les travaux habituels au programme apparemment. On sait qu'il y a quelque chose entre eux depuis longtemps, c'était sa nounou, ils sont donc logiquement proches, elle s'est bien occupée de lui, d'un peu trop près apparemment.

Aurélie

J'avais envisagé de commencer à prendre la pilule trois ans plus tôt, dès que j'ai eu quelque chose de lui en bouche, et même s'il m'aspergeait les fesses, le ventre, la poitrine ou le visage, j'ai fini par le laisser venir se soulager en moi, mon petit bonhomme. Car déjà à l'époque, on arrivait à le faire une ou deux fois par semaine. Aux dernières vacances, c'était la première fois qu'on était seuls lui et moi, pendant deux semaines. C'était plus fort que nous. Toutes les nuits. Tous les jours aussi. Le matin au réveil, la sieste après le déjeuner, des fois après le goûter et le soir avant de s'endormir pour se réveiller vers 3 heures et recommencer. Après quelques jours, un matin, je me suis regardée dans le miroir de la salle de bain, il m'avait fait un suçon sur le sein, je ne sais pas pourquoi, ça m'a troublé, j'y ai vu comme un signe, je n'ai pas pris la pilule, ni celle d'après et les autres non plus. J'ai ensuite mis tout mon cœur, toute mon ardeur, toute mon envie, tout mon désir pour que le sien jaillisse en moi, encore et encore, comme je lui criais à chaque fois. C'était mystique, c'était plus fort que moi.

Marwah

A ces annonces, le père Simon commence à se poser des questions. Tous les soirs je vais dîner à la cure avec lui. Souvent je reste dormir. Au chaud, dans son lit, tout contre lui et il se passe des choses. Ce soir j'arrive et rien qu'à le voir je sais ce qui l'inquiète. Je m'approche de lui, je m'assure qu'on est pas visibles depuis la fenêtre qui donne vers l'extérieur, je me blottis contre lui et je lui souffle à l'oreille : « Padre, ne vous inquiétez pas, on est pas allés assez loin pour ça, pas encore, quoi que… ça aurait pu, mais non, il va falloir être plus vigoureux cette nuit. » J'adore l'émoustiller, c'est notre petit jeu. Quand je l'appelle « Padre » et non « mon Père », c'est un code pour les moments rien qu'à nous. Je ne me reconnais plus. Mais à quelle référence se comparer ? À la folle possédée que j'étais avant l'exorcisme ? Il y a tout de même quelque chose de bizarre derrière tout ça. J'ai l'impression qu'il regarde quelqu'un d'autre quand je lui fais un strip tease avant de m'agenouiller devant lui comme à l'Église et que je l'aspire au paradis. Mais bon, le bonheur s'offre à moi, à lui aussi j'espère, à nous, autant le saisir. Je propose à Natacha d'assurer la chimie pendant les interventions un peu musclées qu'on est amenés à faire sur certains possédés. Il me faut juste une petite formation pour les préparations. Je vais également voir Aurélie pour m'investir dans le fonctionnement de la ferme. Je sens que c'est mon devoir de les protéger l'une et l'autre, que c'est important pour l'avenir. Et je me sens si bien à la ferme, avec Aurélie, elle a toujours pris soin de moi ces dernières années. On a fini par devenir proches. Alors qu'on est si différentes. Mais elle ne m'embrigade pas dans ses histoires de survivaliste, elle ne me juge pas non plus, je crois qu'elle me respecte, tout simplement, alors que je suis qui, moi, à côté d'elle ?

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