Chapitre 49 - Karina

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Avant

Tokyo

- Je rentre tout à l’heure.

- Quoi, déjà ? demandé-je à Felix en posant devant lui un verre de thé glacé à la pêche.

Il passe une main dans ses cheveux et soupire.

- J’attends un colis à Kyoto, donc oui.

- Felix, si ce colis c’est le dernier ensemble Chanel, tu peux encore attendre avec ta grande sœur, non ? Je me sens seule ici.

Je désigne la penthouse que j’ai à Tokyo, avec une vue incroyable sur la ville, un canapé blanc, le sol en bois et une petite table en verre face à la télé.

- Il ne fallait pas acheter une villa, oneechan.

- Dis-le mec qui vit tel un ermite dans une villa montagnarde à Kyoto.

Je porte à mes lèvres mon verre de champagne.

- J’ai juste récupéré celle de notre père. Il l’a désertée pour s’en acheter une à Tokyo, non ? On allait pas la laisser à l’abandon.

- Avoue que t’aimes juste l’idée d’être seul.

- Aussi.

Mon petit frère se relève et je fais comme lui.

- Attends, tu vas vraiment partir ? J’ai jamais vu un mec de vingt ans être aussi renfermé.

- Arrête, c’est pas comme si j’étais un bad boy ténébreux non plus. Je te dis que j’ai un colis à aller récupérer.

- Le livreur le mettra dans ta boîte aux lettres.

- Ça rentrera pas, la boîte aux lettres est minuscule.

Je croise les bras et sonde mon frère.

- T’as commandé quoi, encore ?

- La PS5.

- Felix ! m’indigné-je.

- Quoi ? J’aime bien jouer, c’est bon. Ça occupe mes journées.

- Trouve-toi un travail, si tu t’emmerdes.

- J’aide notre père.

- Tu détestes notre père. Tu travailles avec son manager qui lui rapporte tout. Tu ne travailles pas avec lui.

- Si. Indirectement.

- Et puis, tu fais rien je suis sûre.

- Si, je vais dans les villes pour superviser la construction des immeubles, une fois de temps en temps.

J’applaudis.

- Wow, Felix, c’est super.

- C’est bon, laisse-moi faire ma vie. Tu as vingt-cinq ans, j’en ai vingt. On a la vie devant nous, on se reverra, Karina. T’es ma grande sœur, je vais pas t’abandonner.

- Promets.

- Promis.

- Je peux au moins t’accompagner à la gare ?

- Ok.

Felix passe dans la chambre que j’ai mis à sa disposition pour récupérer ses deux valises. Je l’attends dans l’entrée de la maison, et il revient rapidement. Nous quittons ma villa. Il fait beau dehors, le soleil tape sur Tokyo. Nous sommes en mai, la saison des pluies arrivera bientôt.

Nous marchons jusqu’à la gare, et j’accompagne Felix jusqu’au quai où il embarque. Juste avant de descendre les marches pour arriver face aux rails et monter dans le train, il me serre dans ses bras.

- On se voit pour mon anniversaire, Karina. Je t’inviterai à Kyoto.

- Ok, ça marche. Tu m’envoies un message quand t’es rentré.

- Oui, Maman.

Je le frappe et il rit, puis il reprend ses valises.

- Allez, salut.

- Salut, oneechan.

Felix passe le portique de sécurité puis descend les marches. Je me colle à la vitre pour voir mon frère passer sur le quai et grimper dans le train. Même si je ne le vois pas à l’intérieur du TGV, j’attends le départ du véhicule avant de faire demi-tour.

Je me promène dans le hall de la gare, explorant les différentes boutiques. J’en repère une nouvelle, alors je rentre dedans et regarde un peu les articles proposés. Il y a un peu de tout : à manger, des bijoux pour enfants, des magazines, un rayon papeterie…

- Excusez-moi, je crois que vous avez fait tomber ça.

Je sursaute et me retourne, faisant face à un jeune homme avec un jean large noir et un sweat gris. Il a une grosse touffe de cheveux châtains et de yeux noirs. Il est plutôt bel homme.

Je souris et regarde ce qu’il me tend. C’est un bout de papier. Je hausse un sourcil en l’attrapant et je tombe sur un numéro de téléphone.

- Euh…

- Désolé, c’est trop nul comme manière de vous aborder, n’est-ce pas ? C’est juste que je vous ai vue tout à l’heure… Le blond avec qui vous étiez, c’est votre copain ?

Je secoue la tête et glisse mes mains dans les poches de ma veste de base-ball.

- C’est mon petit frère.

- Oh. Ok. Vous êtes célibataire ?

Je souris en penchant la tête sur le côté, balançant mes cheveux noirs que j’hésite à couper depuis deux ans.

- Oui.

- Ça vous dit d’aller boire un café ?

- Ouais, évidemment.

Je suis l’homme en dehors de la boutique, me rappelant les consignes de ma mère sur le fait de ne jamais faire confiance à un inconnu. Pourtant, le brun m’a l’air tout à fait inoffensif.

Nous quittons la gare et rejoignons un café que je connais dans le coin. Le barista gère la boutique seul, et il passe tout le temps des musiques de J-pop. Je crois d’ailleurs qu’il est fan du chanteur Ryubi Miyase, parce qu’il passe en boucle ses musiques.

- Tu prends quoi ?

- Un café noir.

- C’est moi qui paye, sourit le brun. Va t’installer.

J’opine du chef et m’assois sur les tabourets en hauteur, prévenant Felix au cas où il doit sauter du train pour venir me sauver.

Felix : Comme ça tu te sentiras moins seule.

Moi : Fallait pas partir. Je t’en veux encore.

Felix : La PS5, Karina.

Le jeune homme pose le gobelet de café devant moi et s’assoit à mes côtés. Par respect, je pose mon portable et lui souris.

- Merci.

- Tu t’appelles comment ?

- Karina Nagashi. Et toi ?

- Akira Kokami.

J’opine du chef tout en prenant une gorgée du café brûlant.

- Tu fais quoi comme métier ? Tu as quel âge ?

- Wow, c’est une interview ? demandé-je.

Akira sourit.

- Non, non. C’est juste comme ça. Personnellement, je suis banquier. Et j’ai vingt-cinq ans.

- Ok. Je… je suis au chômage, en fait. J’ai vingt-cinq ans aussi.

Akira hausse les sourcils et me désigne de haut en bas.

- Au chômage ? Comment tu fais pour te payer des colliers Dior en étant au chômage ?

Je souris en buvant une nouvelle gorgée de café.

- Mon père est un magnat de l’immobilier. Asahi Nagashi. Et mon frère l’aide, alors il gagne pas mal aussi. Avec mon père et mon frère, j’ai de quoi vivre neuf vies sans travailler.

Akira hoche la tête. L’heure passe rapidement, et il se met à flirter. Je me prête rapidement à son jeu, repoussant mes cheveux en arrière, soutenant son regard, riant à ses blagues pourries et le touchant sans arrêt.

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