Chapitre 34

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Quand le réveil sonne, j’ai l’impression que je viens juste de fermer les yeux. Une douce musique de piano a beau avoir remplacé Edith Piaf, le réveil n’en est pas moins brutal pour moi. Quand la lumière est allumée, j’enfouis ma tête dans l’oreiller dans l’espoir bête de grappiller quelques minutes de sommeil. Je m’étonne de sentir de la chaleur à côté de moi. La dernière fois que j’ai vérifié, je n’avais pas non plus autant de jambes. Alors, les souvenirs de la veille me reviennent. La conversation avec Enzo, les longues minutes à nous embrasser, la vision de lui la tête entre mes cuisses… Le sang me monte aux joues à cette pensée.

Je retire la tête de l’oreiller et consent enfin à ouvrir les yeux. Enzo est là, à vingt centimètres de moi, m’observant. Il me sourit quand il voit que je me réveille, mais continue de me regarder en silence.

- Pourquoi tu me regardes comme ça ? Je lui demande.

- Pour rien. J’attends de voir.

- Voir quoi ?

- Si tu vas t’enfuir.

Je me redresse un peu, esquissant un air interrogateur – du moins, c’est ce que j’essaie de faire, mais avec ma tête du matin, rien n’est moins sûr.

- C’est un peu ta spécialité, dit-il avec un léger sourire.

- Je ne suis pas resté hier soir ?

- Si, mais là c’est un autre jour…

Malgré son ton nonchalant, j’ai l’impression d’entendre un peu d’angoisse là-dessous. Je me penche sur lui et pose mes lèvres sur les siennes, l’embrassant tendrement pendant quelques instants.

Je me recule.

- Je ne compte aller nulle part, dis-je pour le rassurer.

- Donc ce soir tu seras encore là ?

- Si je survis à quelque soit l’activité prévue aujourd’hui, je serai là, et à la fin ce sera toi qui cherchera à me mettre dehors.

Il me fait un grand sourire qui me réchauffe le cœur. Passant sa main dans mes cheveux, il m’attire à lui pour un long baiser. Nous sommes interrompus par son réveil, qui sonne une seconde fois, et je me recule à regret.

- Je crois qu’il faut qu’on se prépare. Tu veux bien me passer mon caleçon qui est de ton côté s’il te plaît ?

Il hausse les épaules.

- Pour quoi faire ?

- Bah, parce que je suis nu, c’te question.

Derechef, il hausse les épaules avec un petit sourire.

- Et alors ? C’est rien que je n’ai pas déjà vu. Et de très près même…

Je sens mes joues chauffer à ce souvenir. Je suppose que c’est exactement ce qu’il veut, puisqu’il affiche toujours un sourire malicieux. D’accord, s’il veut jouer comme ça.

D’un geste, je repousse les couvertures et me lève, allant à l’armoire chercher des vêtements, avant de rejoindre la salle de bain, me faisant violence pour ne pas me cacher avec mes fringues. Je vois du coin de l’œil qu’il affiche un petit sourire amusé. Je note également le coup d’œil qu’il lance sur mon corps, et je ressens un peu de fierté devant son air de satisfaction.

Je m’habille en vitesse et ressort. Je m’assoies sur mon lit pour enfiler des chaussette tandis qu’Enzo se lève tout juste. Contrairement à moi, lui ne fait preuve d’aucune pudeur. Sans se presser, il sort de son lit et s’étire, m’offrant le spectacle de sa nudité superbe. Tranquillement, il avance vers l’armoire, roulant les hanches de façon outrageusement sexy. J’essaie de me concentrer sur les lacets de mes chaussures, mais je ne peux empêcher mes yeux de revenir dessus. Je fais taire la pointe de déception qui s’immisce quand il passe ses vêtements.

Je ramasse les fringues, éparpillées par terre dans l’empressement d’hier soir.

- Bon, finalement, je crois que c’était une bonne idée de prendre cette chambre, je dis en lui tendant son caleçon.

Il l’attrape avec un sourire. En une minute, il finit de se préparer. Alors que je passe à côté de lui pour aller à la salle de bain, il me plaque soudainement contre le mur et m’embrasse fiévreusement, sa langue venant rapidement caresser la mienne, ses mains agrippant fermement mon bassin. Après une minute, alors que je suis à bout de souffle, il se recule.

- Pour que tu n’oublies pas de revenir ce soir, dit-il avec un sourire en coin.

Ça, je ne risque pas d’oublier. Il se penche vers moi pour déposer un dernier baiser sur mes lèvres, puis tranquillement quitte la pièce. Je reste là une seconde, les jambes flageolantes, tâchant tant bien que mal de reprendre mon souffle.

Je vais enfin à la salle de bain, et m’observe dans le miroir. J’essaie de rediscipliner mes cheveux, qu’Enzo a ébouriffés. J’en profite pour regarder si quelque chose a changé chez moi. Je sais que c’est idiot, mais je ne peux m’empêcher d’avoir la sensation que ce qu’on a fait est marqué sur mon visage. Pourtant, après un examen attentif, je dois admettre que j’ai la même tête qu’avant.

Un sentiment d’angoisse me prend à l’idée que quelqu’un puisse savoir ce qui s’est passé. La discussion avec Margot a beau m’avoir éclairé sur… un certain aspect de moi-même, je ne suis pas pour autant prêt à l’assumer. J’ai d’ailleurs été plutôt soulagé qu’Enzo parte en premier de la pièce. Pas que je ne souhaitais pas le garder là, mais nous voir arriver ensemble aurait forcément conduit à des questions, et je ne suis pas sûr d’être un suffisamment bon menteur pour y répondre de façon crédible. J’avais un peu peur de lui en parler, mais l’espèce d’accord tacite pour ne pas se montrer ensemble me convient bien. Enfin, je ne sais même pas si accord il y a. Après tout, qu’en pense-t-il ? Vu qu’il sortait avec une fille il n’y a encore pas si longtemps, j’imagine que lui non plus n’est pas prêt à assumer, mais il vaudrait mieux voir ça avec lui. Je soupire. Pourquoi faut-il que tout soit aussi compliqué ?

Deux coup frappés à la porte me font sursauter. C’est probablement Anne, ou Mme Blanc, qui frappent pour nous dire qu’il est l’heure de descendre.

Je me regarde une dernière fois dans le miroir puis, rassemblant mon courage, sort de la chambre.

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