Une balade en forêt presque comme les autres

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 La chienne reniflait une touffe d'herbe puis, d'un coup, elle partit comme un boulet de canon dans une direction.

 —  Ne. Tire. Pas. Comme un camion, LENNA !

 —  Un lapiiiin !

 —  Tu es un malamute d'Alaska, bordel, pas un teckel.

 —  Pff. Pas drôle.

 Harnais complet, laisse épaisse comme une corde d'escalade, renfort métallique... Pour la retenir, les deux mains devaient soutenir l'effort.

 De temps en temps, je devais laisser la laisse s'étendre, parfois, je devait l'enrouler autours du bras pour éviter de la voir trainer dans la terre ou la boue. Tout était calme. Même la pluie ou la neige ne dérangeait pas.

 Lenna s'arrêta au milieu de la promenade en alternant son regard noisette entre moi et un chemin inconnu.

 —  Hé. On peut aller plus loin ? Je veux voir plus loin dans la forêt.

 —  Mh. Si tu veux.

 —  Ok !

 La descente était abrupte et rocailleuse. La chienne descendit avec une agilité qui m'étais inaccessible.

 —  Hé. Après, j'ai le droit à un bonbon ?

 —  Si tu te comportes bien.

 —  Mais je suis gentille.

 —  Ouais... Joker sur celle-là mais je vais pas remonter l'historique. La flemme.

 —  Hihi. Ah ! Un trou !

 Lenna bondit et se mit à creuser avec ses longues griffes. Un trésor ? Non. C'était juste marrant. Un sourire doux s'étira sur mes lèvres.

 Je n'ai pas l'habitude de sourire beaucoup, ses moments m'accordaient la paix intérieure. Mon esprit trouvait, pour un moment, un instant de tranquillité sans trouble à l'horizon. Je m'installe sur un rocher proche enchassé dans la terre.

 —  Lenna. Viens ici. La concernée leva sa truffe pleine de terre et m'observa pour s'assurer d'avoir bien entendu. Viens.

 Elle approcha, obéissante. Je lui détacha la laisse en retour.

 —  Allez, amuse toi un peu.

 —  Ouaiiiis !

 Elle se met à courir partout. Elle plonge dans son trou fraichement aggrandit pour creuser encore plus frénétiquement.

 Une vraie boule d'énergie au pelage beige et blanc qui allait et venait dans la zone. Je n'avais pas forcément l'esprit tranquille en la détachant mais je n'aime pas l'idée de priver les autres de leur liberté d'exister. Je n'aime pas jouer le tyran ni même le donneur d'ordre, même avec un animal. Je suis probablement trop romantique, ou trop lâche, pour un homme mais je pense que pour être écouté, l'amour et le respect sont de bien meilleurs outils que la force brute ou les lois rigides. Je laisse mes appréhensions du passé de côté et je lui offre cette liberté de mouvement.

 Tout se passa bien cette fois-ci. Lenna revint complètement épuisée et s'assied devant moi d'un air fier, couverte de terre.

 —  Tu t'es bien dépensée ?

 —  Oui ! C'était marrant.

 Je me mets à lui gratter l'arrière des oreilles comme un petit massage. Je sais qu'elle adore ça, elle ne bouge plus quand je démarre.

 —  Tu as été gentille.

 —  Comme toujours !

 —  Menteuse.

 Ces moments me montrent à quel point je me sens à l'aise avec les animaux. Les chiens inconnus viennent spontanément me renifler avant d'être tirés par leurs maitres comme si j'étais un lépreux, les chats qde mes parents ou de mon meilleur ami qui préfèrent dormir ou jouer avec moi plutôt qu'avec leurs maîtres respectifs... L'espèce humaine est un animal, qu'il le veille ou non et je crois que j'assume cette branche de mon héritage...

 Si seulement j'avais cette aisance avec mes propres homologues.

 —  Dis, ma grande... Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?

 —  Pourquoi je dois décider ? C'est toi l'humain.

 —  Je m'en fiche, tout simplement.

 —  Tu n'as pas des choses à faire ?

 —  Rien d'important.

 —  Rien n'a d'importance pour toi.

 —  Tu extrapôles un peu.

 —  J'aime pas l'air que tu as sur le visage.

 —  Quel air ?

 —  Celui que tu avais juste avant. Ton air vide.

 —  C'est pour ça que tu me déranges à chaque fois ?

 —  Oui.

 Un nouveau sourire illumina mon visage tendit que ma main passa sur la truffe froide pour retirer un peu de la terre qui s'y était coller.

 —  Allez. Rentrons.

 Rentrer n'était pas aussi long que partir. Lenna connaissait le chemin, avait déjà mit ses traces. Elle préférait souvent rentrer en courant.

 —  Arrête de courir ! J'ai que deux pattes moi !

 —  Cours ! Allez ! Ca fait du bien à la tête et t'en as besoin.

 —  Je... Je...

 J'avais plus de souffle très vite, impossible de répondre. Mais au moins, nous rentrions ensemble, l'esprit léger.

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