25 décembre. QRN sur Bretzelburg.

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Enclavé entre la Suisse et l'Autriche, le petit comté de Bretzelburg offre une vue époustouflante sur les montagnes qui le cernent. Traditionnellement neutre, le minuscule état a, depuis l'invasion de la Syldavie, renforcé ses liens avec l'OTAN. À l'initiative du chef de l'état, le Comte Pacôme Hégessippe Adélard Ladislas von Mushruhm, le gouvernement a conclu un accord avec l'organisation. Depuis peu, le pays abrite un petit détachement militaire multinational. Dans le bus qui les transfère vers le hall d'arrivée de l'aéroport, nos trois amis et Milou en longent d'ailleurs le quartier-général, installé à côté des bâtiments civils.

— C'est la France qui fournit les moyens aériens précise Morane. C'est un avion militaire français qui vous transfèrera en Syldavie.

— "Vous" ? Que voulez-vous dire ? Vous ne nous accompagnez pas, Commandant ? demande Tintin.

— Non, je reste ici afin d'assurer la coordination générale de l'opération. Vous ne partez que dans trois jours, nous mettrons ce temps à profit pour répéter toutes les phases de la manœuvre dans le détail et vous briefer sur les plans B, je tiens à ce que vous vous familiarisiez avec les moindres détails de la mission. La cohésion et une bonne synchronisation sont les clés du succès.

— Mais tonnerre de Brest, comment comptez-vous nous introduire dans ce nid de vipères ?

— Pas vous Capitaine, vous restez avec moi au QG pour assurer la liaison, et pour la dernière phase de l'opération nous prévoyons une extraction par la mer. Vous m'assisterez dans sa conduite.

— Mais espèce de capitaine de bateau-lavoir, il est hors de question que je laisse Tintin et la petite risquer seuls leur peau !

— Ce n'est pas négociable, reprend le Commandant. L'extraction risque d'être très mouvementée quand les Russes se seront aperçus de l'intrusion. Et puis le mode d'insertion ne permet pas d'envisager un troisième homme.

— Que voulez-vous dire, demande Tintin, intrigué par le sourire mystérieux qu'aborde Bobette.

Tout en descendant du bus et en se dirigeant vers le terminal, Morane reprend :

— Vous serez largués à très haute altitude par un avion militaire. Nous avons opté pour une infiltration par les airs et de nuit. Vous sauterez à quelques kilomètres seulement de la frontière bordure sans toutefois que l'avion ne pénètre dans leur espace aérien.

— Mais c'est insensé ! fait Tintin. Le moindre coup de vent nous fera dévier, nous pourrions nous retrouver du mauvais côté de la frontière !

— Nous sommes au XXIème siècle, Tintin. Les parachutes actuels n'ont rien à voir avec ceux que vous connaissez. Le modèle que vous utiliserez permet de planer sur une distance de plusieurs dizaines de kilomètres, quarante au moins si les conditions sont bonnes.

Haddock s'emporte :

— Mais espèce de crème d'emplâtre à la graisse de hérisson, il doit falloir des connaissances bien précises pour utiliser un tel engin !

— Le Capitaine à raison Commandant, ajoute Tintin. Je n'ai sauté en parachute qu'une fois dans ma vie, il y a deux ans, enfin, 80 ans, c'était en 1942*. Largué à quelques centaines de mètres à peine, j'ai failli manquer ma cible et finir à la mer. Et c'était en plein jour.

— Nous l'avions prévu. Vous sauterez en tandem avec Bobette, elle sera accrochée au parachute et vous à elle. C'est aussi elle qui assurera la navigation. Elle est formée pour ça, vous n'aurez qu'à vous laisser faire.

Bobette, ravie, affiche un sourire goguenard qui ne manque pas d'énerver Haddock plus encore.

— Tintin accroché à ce ... à cette trompe-la-mort en costume de majorette ? Pas question ! fait Haddock. Et pourquoi ne pourraient-ils pas gentiment prendre l'avion, comme tout le monde ?

— Parce que Svetlana arrivera dans le pays un jour ou deux après seulement. Même si Bobette parvenait à entrer sans problème sous l'identité de Svetlana, l'arrivée de cette dernière quelques heures ou même un jour ou deux après ne manquerait pas de déclencher l'alerte. Toutes les entrées sont enregistrées, les sorties aussi.

— Mais tonnerre de Brest, faites entrer Bobette sous sa véritable identité, elle n'aura qu'à endosser l'autre une fois cette gourgandine des steppes de Sibérie neutralisée !

— Pas si simple Capitaine, reprend Morane. Tous les aéroports sont équipés de caméras à la pelle et de systèmes de reconnaissance faciale. Trop risqué. Sans compter qu'il leur serait difficile d'emporter le matériel nécessaire à la mission.

Haddock éructe, insulte l'univers entier. C'est Tintin qui doit le ramener à la raison.

— Laissez donc, Capitaine. J'ai confiance en Bobette. Si elle estime pouvoir faire ce saut insensé, je m'incline.

— Elle le fera, confirme Morane. C'est une excellente chuteuse, et je sais de quoi je parle. J'ai quand même fait l'Indochine. Ou plutôt, c'est l'Indochine qui m'a fait. Et Bobette s'est entraînée pendant six mois à sauter dans de telles conditions. À raison de trois nuits par semaine, ajoute-t-il.

Au moment où ils débouchent dans le hall principal, ils sont accueillis par deux militaires français en tenue de vol. Le premier, un bellâtre brun aux allures de gravure de mode, arbore un grand sourire Pepsodent. Son allure très posée contraste avec celle nonchalante du second, un grand blond avec un menton en galoche.

— Bob ! crient-ils à l'adresse de Morane pour attirer son attention.

— Tanguy ! Ernest ! Quel plaisir de vous voir ici, vous avez fait le déplacement !

Les deux hommes sont manifestement très heureux de revoir leur collègue. C'est le dénommé Tanguy qui lui répond.

— Bien sûr, nous n'aurions voulu rater votre arrivée pour rien au monde ! Nous tenions à saluer les héros.

Morane se tourne vers les dits héros.

— Tintin, Bobette, Capitaine, je vous présente le colonel Michel Tanguy et le commandant Ernest Laverdure. Ce sont eux qui vous largueront au-dessus de la Syldavie.

* : voir "L'Etoile mystérieuse".

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