Epilogue

5 minutes de lecture

Quand on répond à un défi, on ne sait pas toujours où ça va nous mener. En relevant celui-ci, je ne pensais pas qu'il allait m'entraîner pendant vingt chapitres pour une heure trente de lecture, même si ce n'est pas une première pour moi.
"Cupidon est un manipulateur", défi proposé par Lucile Lanaia, avait déjà débouché sur une petite nouvelle de cinq chapitres pour une vingtaine de minutes de lecture, et ça reste probablement un de mes récits préférés.

Il y a plus d'un an, en répondant à "Un personnage imaginaire" (je ne suis même plus certaine du titre du défi), j'ai mis le doigt dans un engrenage qui allait dévorer mes temps libres et une partie de mes nuits, puisque l'histoire compte à ce jour plus de soixante chapitres et de cinq heures de lecture.

En répondant à "Une Nouvelle Aventure pour Tintin', je m'étais promis de ne plus refaire la même erreur. Un ou deux chapitres, m'étais-je dit, trois tout au plus. Pour être certaine de m'y tenir, j'ai opté pour une histoire complètement décalée. Un délire déjanté, où j'allais pouvoir m'éclater en réunissant une multitude de personnage du neuvième art ... et du septième ... et tiens, pourquoi pas de la musique tant que j'y étais ! Tout ça en mêlant aventure, humour, romance, science-fiction, érotisme, espionnage ... voire même une dimension dramatique.

Je me suis amusée comme une folle :-)
J'ai aussi beaucoup trop tardé à écrire ce dernier chapitre de "Tintin et la Patrouille du Temps", le voici enfin :

4 mars 2023, Hameau Albert 1er, Chamonix-Mont-Blanc, 07H45 AM

— Aïe !

— Pardon ... je t'ai fait mal ?

Du bout des doigts, il effleure la cicatrice violacée, quelques centimètres à peine sous le sein droit de la jeune fille, avant d'y poser un baiser tendre et léger. Elle sourit.

— Non ça va ... plus haut ...

— Plus haut ? Comme ça ?

Le reporter laisse courir sa bouche sur la courbe d'un sein avant de s'arrêter sur le téton frémissant. Le sentir durcir entre ses lèvres est un ravissement. C'est sa langue maintenant qui harcèle le fier mamelon, pour un temps encore. Quand il saisit l'anneau d'acier entre ses dents, Bobette se tend comme un arc.

— Mmmhhh...

— Tu aimes? fait-il avant de reprendre ses assauts.

— Tu le sais très bien .

Sans s'interrompre, Tintin laisse courir ses mains sur les flancs de son amante qui ondule maintenant langoureusement. Quand elle sent le sexe durci du jeune homme effleurer sa cuisse, elle esquisse un sourire.

— Hum ... tu es en forme.

— Tu as envie ?

— J'ai surtout envie de me prélasser nue sur une plage ensoleillée ...

— Ça, ça va être difficile ... tu peux toujours sortir et aller courir dans la neige en tenue d'Eve...

Elle rit.

— Ça me dit beaucoup moins. Elle ajoute, malicieuse :

— Je préfèrerais que tu me fasses l'amour toute la journée, qu'en dis-tu ?

— Je vais te faire l'amour jusqu'à ce que tu demandes grâce.

Il s'empare délicatement de ses hanches, couvre de baisers le ventre aimé, descend encore, embrasse son bouton magique, contemple avec ravissement la perle de rosée qui éclot entre les lèvres tièdes de son sanctuaire avant de la cueillir du bout de la langue.

Leur dernière journée promet d'être torride. Son coeur se serre à l'idée de devoir la quitter. Mais pour l'instant, il va l'aimer jusqu'à la faire crier.

***

Ils en avaient longuement discuté. Bobette avait été intraitable. Il était hors de question qu'il reste, convaincue qu'elle était que la contribution du reporter à l'histoire avait une portée déterminante. En 1943, il venait à peine de rencontrer Tryphon Tournesol, leurs destins étaient liés et le Professeur n'allait-il pas inventer, quelques années plus tard, le duplicateur d'objets en 3D ? Ses travaux seraient à la base de la téléportation sans laquelle les voyages temporels ne seraient jamais ce qu'ils étaient devenus. Et puis Tintin était destiné à marcher sur la lune. La lune bon sang ! On ne pouvait pas tourner le dos à pareil destin ! Et elle ne pouvait pas l'exiger.

Quant à elle, tant que l'équipe du Professeur Mortimer n'aurait pas résolu le mystère des disparitions inexpliquées lors des sauts quantiques, il était hors de question qu'elle disparaisse à la manière de son frère Bob ou comme James. Elle n'était plus seule à présent, il lui fallait être raisonnable. Et puis, avait-elle ajouté, elle ne pourrait pas vivre au milieu du vingtième siècle. Elle était une enfant de la fin des années soixante, un pur produit de la grande contestation. Le mouvement hippie, l'amour et la paix, le sexe libre et déshinibé. Mai 68. Son immersion au début du XXIème siècle n'avait rien arrangé. Comment les amis de Tintin la verraient-ils, elle, avec ses tatouages, ses piercings, ses crop tops et ses mini-jupes ? Non, c'était hors de question. Il s'était d'ailleurs lui aussi convaincu qu'il ne pouvait pas lui demander ça.

L'évidence s'était dès lors imposée. Dure mais inéluctable. Ils s'étaient trouvés à travers le temps, mais ils n'avaient pas d'avenir ensemble. Souvent, ces dernières semaines, Bobette avait pleuré. Seule.

***

Même jour, aéroport de Genève,début de soirée

— Alors ça y est ? C'est ... le moment, fait-il d'une voie cassée.

Elle ne dit rien. Sa gorge est si serrée qu'elle ne peut parler. Dans le hall de l'aéroport, ils sont comme deux arbres au milieu de la tempête. Immobiles, juste tremblants, tandis qu'autour d'eux l'agitation de fin de journée fait danser les passagers, les équipages et les employés. Il sera à Paris dans une heure, de là l'équipe le prendra en charge. Avant la fin de la nuit, il sera à quatre-vingts années d'elle.

Elle se serre contre lui, pose sa tête sur son épaule. Il enfouit une dernière fois son nez dans ses cheveux, l'embrasse sur le front, sur les yeux, sur ...

— Je ... je crois que ... commence-t-il.

Mais elle pose un doigt sur les lèvres du jeune homme.

— Chuuuut, fait-elle. Vas-y maintenant.

Il empoigne son bagage, se meut péniblement, comme s'il portait le poids du monde. Se retourne une avant-dernière fois. Puis une dernière.

Les yeux remplis de larmes, elle le regarde disparaître derrière les portes automatiques.

Elle pose une main sur son ventre. Les médecins ont été formels et ne s'en étaient ouverts à elle que pendant sa convalescence. Comment en aurait-il pu en être autrement ? C'était si ... récent. C'étaient les analyses sanguines qui avaient révélé le petit miracle. Les larmes aux yeux, elle sourit. Le plus important, c'était que la balle, en effleurant son poumon droit, ne lui avait fait aucun mal. Elle était peut-être coincée dans ce putain de futur, mais elle ne serait plus jamais seule désormais.

FIN

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