Olric

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Spécial dédicace à Nouvel Emmanolife. Il sait pourquoi :-)

Une rumeur parcourt la salle tandis que la foule s'écarte comme la mer rouge devant Moïse. L'homme qui vient de faire son entrée, suivi par une section entière de gardes du corps, est plus petit que ce à quoi elle s'attendait. Presqu'au même instant, la voix de Tintin résonne dans l' oreillette de Bobette.

— Le Président russe vient d'arriver ...

Olric ! Vladimir, le vampire, le boucher du Dombas. Quel que soit son nom, elle ne le trouve pas très impressionant. C'est un septuagénaire à l'allure réservée, presque froide, qu'elle a sous les yeux. Très vite elle, repère l'officier d'ordonnance qui le suit à six ou sept mètres à peine. A la main droite, il porte une malette de cuir reliée à son poignet par une chaine de bonne taille. Pas question de lui subtiliser le bagage, elle devra trouver un moyen d'attirer le porteur à l'écart pour le neutraliser. La tâche promet d'être ardue.

Elle en est là dans sa réflexion lorsque le nouveau venu l'aperçoit. Une ébauche de sourire déforme ses lèvres pincées mais déjà, il la rejoint, lui effleure le dos de la main et s'approche si près d'elle qu'elle peut sentir l'odeur de son eau de toilette. Il se penche, sa bouche effleure son oreille quand il murmure, pour eux seuls :

— Cветлана, шлюшка, сегодня ты выглядишь очень сексуально. Давай встретимся позжe ? (1)

Décontenancée, elle a la présence d'esprit de ne rien répondre. La vraie Svetlana parle passablement bien le russe, en prononçant ne fut-ce que deux ou trois des quelques dizaines de mots qu'elle connait, Bobette ne manquerait pas de se trahir. Pour se donner une contenance, elle se mord la lèvre inférieure et incline la tête. Elle prend conscience après coup que cette moue équivoque peut prêter à confusion. Tant pis, tout vaudra mieux que de prononcer le moindre mot. De toute manière, le puissant Préssident est déjà happé par une dizaine de sangsues soucieuses de s'en attirer les faveurs.

***

Elle n'a décidément pas une seconde à elle car déjà, un petit monsieur l'aborde sans somation. Replet, bedonnant même, il arbore un petit chapeau ridicule et tripote sa canne pour se donner une contenance. Bobette doit faire un effort sur elle-même pour détacher ses yeux du formidable et monstrueux apendice qui lui sert de nez. Son veston bleu électrique contraste avec son gilet jaune vif aux gros boutons rouges. Il s'adresse à elle dans un français châtié.

— Très chère, mon ami Laszlo Zlotz m'apprend à l'instant que vous maîtrisez la langue de Voltaire. Vous rayonnez, chère Madame, d'une lumière iridescente qui égaie cette maison de mille feux. Permettez donc que je m'esbaudisse devant tant de grâce, tant de beauté. Fiat lux, et vous fûtes ! Quant à moi je fonds telle la guimauve sous la caresse de ce divin brasier que nos amis d'outre-atlantique nomment bien maladroitement barbe-cul.

Elle éclate de rire.

— C'est très gentil à vous, mais ne croyez-vous pas que vous exagérez un tantinet monsieur ... monsieur ?

— Dieu du ciel, il semble que j'aie omis de me présenter, j'en suis confus. Et me voici dès lors, tel un fétu de paille, balloté à travers le torrent de la honte. Achile, chère madame. Achile talon, pour vous servir, ambassadeur de sa grandiloquente et présidentielle altesse Emmanuel Jean-Michel Frédéric Macron, Seigneur de l'hexagone et mari de Médèème Brigitte Marie-Claude Trogneux, épouse Macron.

Elle sourit, amusée, mais déjà la voix de Tintin résonne dans son oreillette.

— Bobette, deux des gardes du corps se dirigent vers vous...

— Reçu.

— Plaît-il ? fait le plénipotentiaire.

— Oh pardon Excellence, je suis confuse. Veuillez m'excuser, fait-elle.

Déjà, les deux barbouzes sont sur elle. Ils lui glissent uin mot à l'oreille, qu'elle ne comprend pas, mais elle sait qu'elle n'a d'autre choix que de les suivre. En gravissant le monumental escalier, elle jouit d'une vue imprenable sur l'assistance. Si la situation n'était pas si tendue, elle se prendrait pour Scarlett o'Hara dans Autant en emporte le Vent.

Parvenus à l'étage, ils l'invitent à entrer dans un immense bureau. La porte se referme derrière elle. Le bruit caractéristique de la clé tournant dans la serrure ne laisse planer aucun doute : la voici bel et bien prisonnière. Elle inspecte les lieux. La pièce doit servir d'espace de travail à une très haute autorité. Un ministre probablement. Face à elle trône un superbe et immense bureau en acajou et marqueterie. A sa gauche, une table de réunion bordée de chaises modernes et confortables. Sur sa droite un petit salon abrite de superbe sofas au cuir patiné. Les murs sont couverts de tableaux de maîtres. L'unique porte est capitonnée, si elle crie ici, personne ne l'entendra. Une boule grandit dans son ventre. D'une petite voix, elle appelle :

— Tintin ? Tintin ?

— Bobette ?

— Vous êtes-là ? Je suis à létage, quatrième porte à gauche après l'escalier.

— Reçu.

— Tintin ?

— Oui ?

— Ne me laissez pas ...

— Je suis là Bobette. Soyez sans crainte.

(1) Svetlana, shlyushka, segodnya ty vyglyadish' ochen' seksual' no. Davay stretinsya pozzhe ? Svetlana, petite cochonne, tu es très sexy ce soir. On se rejoint plus tard ?

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