Sorcière

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"Le prodige et le monstre ont les mêmes racines" (Victor Hugo)

Sorcière. Un mot hideux.

C'est le nom que les impériaux donnent aux gens comme sa mère, nés en dehors de l'enceinte de ces prisons qu'ils nomment "écoles", et qui possèdent le don.

Elle se souvient de son clan. Des rires, des histoires lues le soir au coin d'un feu brûlant, avant cette nuit. Elle se souvient des légendes du mur, remplies de fées et de monstres, de princesses et de chevaliers. Elle se souvient des montagnes, et du vent dans ses longs cheveux blancs.

Le monde ressemble toujours à un conte, quand on est un enfant. Et puis on grandit, et les illusions se brisent, tandis que l'univers retire son voile idylique pour montrer son monstrueux visage.

Ils sont venus de nuit, alors que tout le monde dormait. Des marchands d'esclaves, en quête de nouvelles victimes. Ils ont séparés les femmes des hommes, tuant ceux qui résistaient. Et puis ils les ont marquées au tison, de la rose des esclaves, les parquants comme des bêtes.

Elle se souvient des yeux de son père, tandis que de l'autre coté, ils ont fait s'agenouiller les hommes dans une terre rendue boueuse par le sang. Et des cris de sa mère, tandis qu'on leur tranchait finalement la gorge.

Elle serre les poings, sentant les cicatrices s ur sa peau, ces marques brûlantes qui ne s'effacent jamais, même avec le temps. Elle n'a jamais oublié la peur, la puanteur de la chair brûlée, ni la sensation d'être réduite à moins qu'une humaine, à un simple objet. Elle se souvient des pleurs, et de leurs rires de démons.

C'est presque ironique : on a appris aux hommes que c'est le don qui a transformé les habitants d'au-delà du mur en monstres, et pourtant aucun monstre n'est plus effrayant qu'un homme avide d'or et de sang.

Les jours suivants, on les as enchaînés les unes aux autres, traînées de force à travers les terres sauvages, loin de tout ce qu'elles avaient jamais connu. Elle en a connu, des villages, où les marchands vantaient la beauté et la force de leurs captives. Personne n'a jamais voulu l'acheter, à cause de sa maigreur, de ses yeux hantés par le sang et de son caractère peu docile. Les acheteurs aiment les poupées, pas les personnes...Et elle, dans le silence, elle a appris la haine.

Et cela continue sans cesse. Jusqu'au maitre. Jusqu'à la cage. Et jusqu'à LUI.

« Ils t'ont volé ta liberté, mais pas ton âme, petite. Garde-la bien cachée, jusqu'au jour où tu pourras la libérer. Ce jour viendra, et alors, tu seras plus puissante que tous ceux qui t'ont enchaînée. Adieu, et que ta route sois belle.»

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