En une seconde

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J'avais eu le choix. Et c'est sans doute le plus terrible.

À un moment, je te considérais comme un de mes meilleurs amis. Je te racontais tout. J'essayais de te faire sourire, de te faire penser à autre chose malgré ta dépression. Je savourais les bons jours, quand tu riais, que tes yeux s'illuminaient. J'étais heureuse quand j'arrivais à t'arracher un sourire, quand je t'écoutais et qu'un poids s'enlevait de tes épaules.

Puis tu as déménagé. Tu as arrêté d'ouvrir mes messages. Tu envoyais toujours des messages à notre ami commun, mais tu ne me donnais plus de nouvelles. Tu sais, j'ai passé des jours à t'en vouloir, tout en étant déprimée. Qu'est-ce que j'avais fait de mal ?

Notre groupe d'amis m'a dit, à plusieurs reprises, de t'oublier, que tu étais un connard, que je devrais t'oublier. Mais comment oublier ces moments à deux, quand nous discutions, tard le soir, de sujets profonds, de nos rires autour des profs que nous avions, des fois où tu m'as écouté à ton tour ? Et sans preuve de leur part, comment je pouvais y croire ?

Alors, elle m'a envoyé les captures d'écran, après confirmation de ma part.

C'est long, une seconde. C'est un peu comme le chat de Schrödinger. En une seconde, on ne sait rien et on connait tout. En une fraction de seconde, on peut encore espérer. On peut rêver, se rappeler autant que l'on souhaite. On peut vivre une dernière fois. On peut encore se dire que tu étais quelqu'un de bien. Tu sais ce qui est le plus ironique ? Que, pendant cette petite seconde, je me suis dit que, peu importe ce que tu aurais écrit, je m'en sortirai. Alors que trois ans après, je continue de ressasser. Alors que trois ans après, je comprends enfin que c'est un traumatisme. Alors que trois ans après, je paye encore et toujours.

J'aimerais être Flash et retenir le temps, pour que cette seconde se transforme en minutes. Pour que je me rappelle précisement de mes émotions, de ce que je pensais de toi, pour garder un dernier bon souvenir de nous deux. Paradoxalement, si une seconde est à la fois très lente, elle est aussi très rapide. Parce que tout peut s'écrouler d'un coup. Parce que je ne me souviens pas de ce que j'ai vraiment ressenti, à part de l'anxiété à l'idée de ce que j'allais découvrir.

Et j'ai découvert les messages. Ceux que tu as envoyé à notre ami commun. Où tu affirmes que je suis dégueulasse, que je te dégoûte, que j'étais trop collante, qu'à la longue, tu n'en pouvais plus, que j'étais lourde et que tu ne voulais plus entendre parler de moi.

En une seconde, on peut subir un traumatisme qui nous impacte des années après.

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