Mort

3 minutes de lecture

                Je vole en savourant cette sensation de liberté tandis que le vent me porte haut dans les cieux, profitant des courants ascendants pour monter aussi haut que possible. Le manque d’oxygène ne semble pas m’atteindre, et les vents arrières me propulsent comme un boulet de canon vers ma destination. Une fois atteinte, je replis mes ailes contre mon corps et descend en piqué vers le sol à une vitesse ahurissante sans louper une miette de ce qui se passe. L’adrénaline fouette mes tempes et mon cœur bat à tout rompre à l’idée du combat que je vais mener.

A trois cent mètres du sol, j’écarte mes ailes et stoppe ma chute, pour arriver en douceur sous les regards surpris des passants qui me laissent indifférents. Je L’ai vu, Elle est là, Elle m’attend là où Elle a pris ma vie. Pas en jolie robe d’été, pas en bure non plus. Non, cette fois-ci Ma Jolie Blonde Rougissante porte une armure de guerrière et Son regard est froid, meurtrier et calculateur.

Les gens se rassemblent autour de moi, essayent de me toucher, me supplient de les bénir. Ils voient en moi un être divin, un signe de l’existence de leur dieu, alors que je m’avance vers la dernière personne que je tuerais, mais ils restent agglutinés autour de moi. Mon regard se pose enfin sur eux, et je les vois extatiques, en pleurs ou encore terrifiés. Il n’y a en pas deux qui réagissent de la même manière.

                — Écartez- vous, je vous prie.

                Ils me regardent mais ne semblent pas comprendre, alors je me répète.

— Pour votre sécurité, écartez-vous je vous prie.

                Lentement, surpris, déçus, effrayés, ils s’écartent respectueusement, presque avec révérence, et je m’avance vers Elle.

— Tu comprends pourquoi je tâche toujours de dissimuler ma vraie nature ? Il n’y a qu’avec toi que j’ai été moi-même…

                Mon ton est sans appel.

— Non, même avec moi Tu n’as été que duperie.

                Elle semble choquée.

— C’est vraiment ce que tu penses ?

— Ai-je déjà été du genre à mâcher mes mots ?

— Mais regardes-toi maintenant ! Tu as la puissance d’un dieu.

— Et je n’en veux pas.

— Mais nous pourrons être ensemble pour l’éternité comme ça.

— Mais je n’en veux pas. Ni de l’éternité, ni de Toi. Ma vie de mortel, ma femme, mes enfants, le pavillon, l’idée d’avoir un chien, tout ça me satisfaisait amplement. Et si Tu étais moins égocentrée, Tu l’aurais compris.

                Et voilà, Elle chiale… Puis Elle crie.

— Tu as pensé à moi, toi ? Non ! Et c’est moi l’égoïste ?

                Mon ton reste froid.

— Tu m’as manipulé depuis le début pour m’avoir. Et Tu n’as pas supporté que je sois libéré de Ton emprise puis que je sois heureux et épanouis loin de Toi. Oui, Tu es une égoïste…

                Cette réplique semble Lui faire l’effet d’une gifle.

— Très bien Azraël, alors je vais mettre officiellement fin à notre relation. Et à ta vie !

                Elle sort Sa faux à la lame parfaitement chromée, et les gens autour de nous font enfin attention à Elle tandis que dans Son dos se déploient des ailes d’un noir de jais et puis qu’Elle me charge en hurlant de rage. Je n’ai que le temps de déployer la balance de la disette que la faux s’abat sur moi avec une puissance folle et que les coups se mettent à pleuvoir. Chaque coup me fait glisser en arrière, mais Sa vitesse d’exécution m’empêche même de simplement baisser ma garde pour contre-attaquer. Je suis plus mal barré qu’une faute d’orthographe !

— Tu n’es qu’un sale ingrat ! Au pire, tu pouvais attendre que ta chieuse et tes marmots crèvent, mais non, tu as préféré… Me… Re. Pou. SSER !

                Chacunes de Ses dernières syllabes sont accompagnées de coups d’une rare violence, à telle point que la balance de la disette se fend ici et là.

— Je vais te tuer !

                Et je commence à croire qu’Elle va y arriver quand la lame de son arme traverse un des boucliers comme s’il n’était fait que de papier. C’est grave la merde… Je parviens malgré tout à La repousser d’un revers de ceux-ci et me remet en garde.

— Tu peux passer tes nerfs sur moi tant que Tu veux, ça ne changera rien à la situation. Mais si Tu changeais ta façon d’être, Tu rencontrerais peut-être quelqu’un de bien.

                Et j’aurais dû fermer ma gueule… En un clin d’œil Elle m’assène un puissant uppercut qui me fait décoller haut. Et loin… La maison de mes parents était à trente-cinq kilomètres de Paris. Et je m’écrase comme une merde dans un des pieds de la Tour Eiffel qui se plie à l’impact… Et accessoirement, je suis à demi-sonné…

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Sebastien CARRÉ ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0