Revendication !

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 L'avantage, avec eux, c'est qu'on est jamais déçu ! Ils avancent pancartes pointées vers le ciel, clamant leurs souhaits de reconnaissances et de gains salariaux. Il a fallu qu’ils déclenchent leur grève maintenant, à un mois et demi de l'échéance ! Quel outrage ! Me faire ça, à moi, le pionnier de la livraison express !

 Le meneur marche en tête, avec son bide rond, son long nez, ses cheveux bouclés d’un gris vaguement verdâtre. Il porte sa salopette rouge de chef d’atelier. On peut dire qu’il en a fait du chemin, Marzimon, depuis que le l’ai ramassé, frais comme la rosée, un matin de printemps, au bord du sentier, sous un buisson. Il a eu du mal au début avec ses petits doigts gourds et son air niais, mais il a su montrer sa bonne volonté, apprendre les rudiments du métier, se hisser dans la hiérarchie. Et maintenant ! Trahison, lui et sa ribambelle de feignasses, ils exigent des avantages sociaux ! à un mois de LA Livraison !

 Il faut que je me reprenne, parlementer, il n’y a que ça de vrai !

 — Mes amis, que puis-je pour vous ? commencé-je.

 — Il n’y a pas d’ami qui tienne, Nicolas ! Sans des engagements fermes de ta part, mes camarades et moi ne reprendrons le travail qu’après les fêtes ! brame-t-il en réponse.

 — Allons dans mon bureau, nous serons mieux pour discuter, proposé-je d’un ton apaisant.

 — Tu ne vas pas nous la faire à l’envers cette fois, mes camarades et moi sommes unis dans la lutte, tu parles à tous ou à personne !

 Je prends le temps de réfléchir avant de répondre. Je les regarde, là, tous réunis, la mine déterminée, les yeux chargés de colère. Après ce tour d’horizon de mes opposants, je reprends :

 — Je reste sur mon idée, nous serons mieux dans mon bureau, plutôt que devant ma porte. Choisis cinq gars pour t’accompagner et venez.

 Sur ce, je pénètre dans ma pièce, un énorme bazar y règne, personne ne traite plus les dossiers de commande depuis trois jours et ils s’amoncellent ici et là. J’en pousse un tas de mon fauteuil et m’assois. La porte s’ouvre bientôt. Marzimon rentre d’un pas décidé et conquérant, cinq autres gars le suivent, armés de toute leur détermination.

 — Nous réclamons deux mois de congés après les fêtes, une réduction du temps de travail et une hausse de salaire de vingt pourcents ! scande Marzimon.

 — Allons, assieds-toi, souffle un peu, lui suggéré-je.

 — C’est assez ! La mauvaise gestion de l’entreprise nous oblige à des horaires intenables ! Notre pouvoir d’achat s’émousse d’année en année… Que proposes-tu en réponse ?

 — Ces différentes questions nécessitent une réflexion, mais cette situation de crise ne favorise pas une pensée sereine.

 — N’essaye pas de nous enfumer avec tes belles phrases, m’interrompt-il. Tu as tout le temps de réfléchir, pendant que nous, Nous poursuivons la grève ! Allez ! Venez les gars, il faut que le grand homme médite.

 Il entraîne sa clique avec lui et claque la porte une fois sorti. Cette séance de négociation m’a éreinté, je suis flappi. Je m’assieds dans mon fauteuil préféré et tente de retrouver mon calme. Je me demande encore comment je pourrai honorer mes engagements, je soupire, au bord du désespoir. J'entend un doux frou-frou sur ma gauche, je tourne les yeux vers mon épouse.

 — Tu t’en fais pour rien, ça va bien se passer, ils vont se raviser, comme d’habitude, me rassure-t-elle.

 — Tu as sans doute raison, mais ça me met les nerfs en pelote, comme à chaque fois, soupiré-je.

 — Tu veux un thé, me propose la Mère Noël en me tapotant l’épaule d’un geste tendre.

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