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La télévision m’ennuyait. Alors l’ai retournée et là, c’est devenu nettement plus passionnant.

J’allume une clope et fixe la péritel d’un air de défi. Suffirait de tirer un coup sec pour éteindre le monde. Dire que pour un bon plaisir, il faudrait en finir.

Je suis allé voir un film au cinéma. C’était bien mais pas génial.

C’est l’heure d’aller voir mon psychanalyste maintenant. J’attends le bus avec les autres et m’aperçois que je suis la seule à marcher pour attendre. Les autres sont immobiles, insensibles. Mes jambes font le tour mécaniquement de l’abribus jusqu’à ce que je décide de m’allumer un joint pour patienter.

J’traîne sur la plage en attendant mon rendez-vous. Un moment, je dois vomir mes six cafés du matin, dans la mer. Je crache un peu ce qui me reste au fond de la gorge, allongée sur les rochers que les vagues viennent doucement lécher dans cette rythmique incessante, agaçante. J’bois un peu d’vodka pour supporter les hésitations de ma tête et mes yeux qui s’ferme sans mon consentement. Le consentement, c’est important.

De retour sur le sable, j’essaie de rester debout mais c’est pas simple. Je regarde mes mains. Ça tremble. Et putain, qu’y fait chaud.

Le toubib des rêves me dit que l’abandon, c’est pour les enfants.

Il n’y aura plus d’abandon désormais, Victoire. Seulement des séparations. Dieu est mort, le temps des cathédrales et des passions sacrées, on y croit plus qu’à moitié. Mais non, Dieu n’est pas mort, juste censuré.

J’dis que je crois que l’exigence que je porte aux autres pour les apprécier se mesure à ma propre estime de moi. Bien sûr, Victoire, nous nous jaugeons au regard des autres et le phénomène, forcément, se confirme dans l’autre sens. Cessez d’être un tyran envers les autres et vous cesserez d’être un tyran envers vous-même. Mais… enfin… je n’arrive à oublier ma vie qu’en me faisant baiser et même ça… c’est même plus terrible. Les hommes ont peur de moi ou bien ? Oui, c’est la faute à la société comme disent les autres. Le liberticide, c’est surtout la mort du confort. Je baisse la tête. Choisissez entre votre liberté et votre idéal. C’est ma faute ? Non, Victoire, c’est la faute à la fatalité. Euh… attendez, j’vais manquer mon bus.

L’auteur me dit que si j’ai rien à dire, j’ai qu’à me taire.

J’ai quand même loupé le car. M’est passé devant. Je retourne sur la plage pour y vomir, peut-être, mais cette fois, rien ne vient.

Me relève et rentre à pied.

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