Comment se faire pardonner ?

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  • A demain, Akali ! Ne fais pas trop de folies ce soir !

Ahri me fait de grands gestes de la main en allant rejoindre le reste du groupe. Je lui rends son salut avec un sourire fatigué. Les autres me lancent quelques blagues vaseuses en disparaissant au détour d’une ruelle animée, je les ignore. Une fois seule au bord du canal, je m’adosse à la rambarde et admire le soleil couchant qui se reflète sur les flots endormis. J’en baillerais presque. Il fait encore froid, c’est agréable. Nous sortons de l’hiver, tant mieux ! J’ai hâte de voir la végétation renaître. J’aime le vert.

Plusieurs minutes défilent avant que je ne me résigne à bouger, je suis attendue. La journée a été épuisante. Avec mon groupe, nous avons répété encore et encore les chansons de notre prochain concert. La date qui se rapproche dangereusement ne fait que rendre la pression plus insoutenable. Pour tout remède, ils m’ont conseillé d’aller me coucher, mais ce n’est pas une simple nuit de sommeil qui me calmera les nerfs. A la place, je pars rejoindre mon aimée pour une soirée très spéciale.

Les mains dans les poches, je tripote nerveusement la petite boîte rouge acquise plus tôt dans la matinée. J’adresse un remerciement silencieux à Ahri qui m’avait accompagnée chez le joaillier. Passé son air moqueur, notre meneuse m’avait aidée à choisir le parfait bijou pour l’élue de mon cœur, moi qui n’en porte jamais. Nous avions rendez-vous au bout du canal, il y a une heure. Je voulais un cadre agréable pour l'événement à célébrer. Je presse le pas, inquiète à l’idée qu’elle se soit lassée de m'attendre. Tout ici me rappelle sa présence. Ce bar où nous nous sommes rencontrées, ce cinéma où je l’ai embrassée pour la première fois, même ce salon de coiffure où je l’ai attendue des heures entières. Cet afflux de souvenirs me fait accélérer jusqu'à courir, risquant ma vie sur les passages piétons pour gagner une poignée de secondes. L’un des passants me reconnaît, je lui adresse quelques mots sans me laisser attraper. Nous commençons à être connues, surtout moi avec mes mèches bleutées, encore une de ses idées. Il faut savoir faire des concessions dans la vie pour un baiser.

Enfin, j’arrive, essoufflée, à notre lieu de rendez-vous. Je m’appuie un instant sur les genoux pour reprendre ma respiration. Un regard à gauche, puis à droite, catastrophe ! Elle n’est pas là ! Une montée de panique me fait tourner la tête, j’attrape mon téléphone que je déverrouille nerveusement pour l’appeler, quand soudain, un toussotement narquois me parvient d’une ruelle adjacente. Je m’élance vers la source du bruit et mon cœur explose tel une innocente goutte d’eau s’écrasant contre le pare-brise d’une voiture lancée à cent-cinquante kilomètres par heure.

Assise sur un surmontoir se trouve la fille la plus jolie qu'il m'ait été donné de voir. Ses jambes à nue se balancent doucement d’avant en arrière, elle porte un gros pull doublé d’un bonnet à pompon pour se protéger du froid tout en laissant ses cheveux, teints en rose bonbon, tomber en cascade sur son dos. Elle aussi me dévisage, le regard brûlant de colère renforcée par ses bras croisés sur sa poitrine.

Je lui fais un sourire innocent en m’approchant, les mains jointes dans le dos. Son silence n’augure rien de bon. Je dis la première chose qui me passe par la tête.

  • Je t’aime !

En guise de réponse, je n’ai droit qu’à un « Humph ! » boudeur. Elle détourne les yeux, préfère fixer obstinément l’église de l’autre côté de la rue. Je souffle doucement, laisse le stress et l’adrénaline quitter mon corps. Tendrement, je presse ses mains contre les miennes, elle se laisse faire sans me regarder.

  • Tu es en retard, encore.
  • Encore, répété-je un peu stupidement.

J’essaye de l’embrasser dans le cou, elle se rétracte.

  • J’ai un cadeau pour toi, dis-je d’un ton taquin.

Son regard dévie, mais retourne, hélas, à la contemplation d’une banale gargouille de pierre. Elle se retient, je sais qu’elle ne pourra pas résister bien longtemps. Toujours en lui serrant une main, j’extirpe délicatement la petite boîte rouge de ma poche et en sors un fin anneau en argent décoré de symboles celtiques. Doucement, je lui passe la bague à l’annulaire. Concentrée sur mon geste, j’entends à peine son hoquet de surprise. Satisfaite, je relève le regard vers son adorable visage devenu rouge pivoine. Est-ce le froid qui la fait rougir ?

  • Akali ? Que...
  • Joyeuse Saint Valentin, Séraphine !

Sa bouche entrouverte se referme, elle paraît déçue. Je m’amuse de la situation et me colle d’autant plus à elle, profitant de son hésitation pour ne pas être repoussée derechef. Nous nous étreignons avec force, sans bouger. Je hume son parfum, elle me caresse les cheveux. Puis, elle commence à se tortiller.

  • Madame aurait-elle froid au derrière ? me moqué-je en rapprochant mes lèvres des siennes.
  • Mais ferme-là !

Je ris en l'attrapant par les hanches. Elle s'adoucit et me saisit au cou. Mutuellement emprisonnées, nous nous embrassons dans la fraîcheur du soir.

Je l’aime, à jamais.

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