Le craquement des feuilles mortes étaient le seul bruit environnant. Elle marchait sans but, hors des sentiers battus par les randonneurs habitués de ce bois perdu au milieu d'une campagne Seine-et-Marnaise.
Le soleil jaune tapait par intermittence sur son visage blanchie par l'obscurité de la cave qu'elle venait de quitter.
En ce début d'automne, les cèdres et les pins arboraient des couleurs du vert au ocre ; des couleurs peu vues par ses yeux affaiblis. La lumière qui s'y reflètait l'éblouissait.
Elle toucha une écorce dont quelques gouttes de sève collèrent à ses doigts. La texture presque gélatineuse lui fit une sensation étrange, mais non désagréable, sur ses empreintes et ongles.
Elle avançait à pas de loup en effleurant chaques arbres qu'elle croisait. C'était une redécouverte, douce et amer à la fois. Un souvenir vague la poussa à grimper sur un tronc au sol, mais manqua de tomber. Elle se rattrapa cependant de justesse et le parcouru en équilibriste jusqu'aux racines délogées de leur sol. Elle sauta alors comme une enfant, pieds joints, sur quelques brindilles qui craquèrent.
Elle continua son chemin, touchant toujours le bois passant et tomba un peu par surprise sur une chenille grimpante. Elle approcha son visage et entreprit d'analyser ses points noirs et jaunes. Elle s'aventura à la toucher mais celle-ci tomba immédiatement au sol ; elle préféra s'éloigner pour ne pas l'apeurer davantage.
Elle commençait à retrouver ce goût de nature humide, ce sentiment d'aventure infini et doucement, un sourire timide et depuis longtemps éteint étira ses lèvres.
Un coup de feu retentit. Assourdissant, farceur. Elle se protégea la tête par réflexe. Mais ce n'était pas elle que l'on visait.
Des coups de sabot titubant firent entendre, et une biche, à quelques mètres seulement, apparue ensanglantée. La seconde d'après, cette dernière tomba sur le flan sous les yeux exorbités de la jeune adulte. La biche respira quelques instants pas saccade avant qu'un dernier tir invisible acheva la bête.