La Poursuite

5 minutes de lecture

— Tous derrière moi ! Ordonna Fizran. Prenez le couloir et mettez vous à l’abri.

Le Frère Nicolas obéit avec empressement et disparut dans le couloir magique. Eadrom sortit son épée et se plaça aux côtés de l’assassin, qu’il n’avait pas reconnu en raison de son casque en bronze. Fradj était paralysé par un mélange d’effroi et d’admiration face à cette créature magique qu’il n’avait jamais vu. Antonius le tira par la manche et l’entraîna dans le couloir.

L’équipement des magelames comprenait deux armes de mêlée : une large épée d’acier et un marteau de guerre. C’est cette seconde arme que Fizran avait choisi pour ce qu’il pensait être son ultime affrontement…

Au fond, mourir en combat en accomplissant sa mission était peut-être la meilleure chose qui puisse arriver à un assassin maudit.

— À la vie, à la mort ! S’exclama Eadrom faisant involontairement écho aux pensées de Fizran.

— À la vie… reprit l’assassin.

— La moooort ! Grogna le golem.

La créature se jeta sur Fizran, l’assassin était loin d’être un champion dans le maniement du marteau de guerre, mais un sabre même magique ne pouvait entailler un tel adversaire. D’un violent revers, il para le coup de poing du golem dans un crépitement d’étincelles.

— Mettez vous à l’abri seigneur Eadrom, je vous rejoindrai.

— Pas question, répliqua le chevalier, je serai le dernier à quitter cette pièce.

Le chevalier porta une botte de l’estoc de son épée, qui glissa sur la carapace du golem.

— C’est moi qui suis chargé de votre sécurité, et non l’inverse.

L’argument était imparable, Eadrom s’engouffra dans le couloir.

— Maaaarque du Draaaagon !

C’était un peu tard, mais le golem venait d’identifier le dragon imprimé sur le tabard du chevalier… et en même temps de comprendre qu’il s’était fait avoir. Il tenta de l’attraper avant qu’il ne se mette à l’abri, mais le marteau de guerre de l’assassin intercepta son geste.

Et cette fois, des morceaux de métal tombèrent du bras du golem.

« Si on peut lui enlever des morceaux, se dit Fizran, on peut le tuer ! »

L’assassin entra dans le couloir à la suite du chevalier. Il savait que le couloir était trop étroit pour le golem et que ce dernier serait incapable d’en briser les murs magiques comme il pouvait le faire avec une muraille ordinaire.

Et pourtant…

Le golem était effectivement incapable de briser les murs du couloir astral, aussi se contenta-t-il de les écarter avec les bras.

Et le couloir s’élargit.

— Ah la vache ! S’exclama Fradj. Quand je raconterai ça au collège des bardes, ils feront une drôle de tête.

— Que pensez vous de ça, Antonius ? demanda Fizran.

— Je n’ai jamais rien vu de pareil ! Profitons du temps qu’il perd et filons de l’autre côté.

Il avait raison, le golem devait élargir chaque portion de couloir, ce qui lui prenait un certain temps. Le distancer ne présentait aucune difficulté pour les fuyards.

— Et vous, qu’est ce que vous en pensez ? fit Fradj d’un ton cynique. Après tout, c’est vous le magelame.

— Je n’ai jamais rien vu de pareil non plus. Une telle créature dépasse l’entendement…

Un gong d’alarme se fit entendre. L’alerte était donnée. Il ne faudrait pas longtemps avant l’arrivée d’une armée de guerriers-magiciens.

« Sauvé par le gong » pensa Fizran.

— Voilà les renforts ! s’exclama-t-il. Hâtons nous vers la sortie.

Mais une dernière surprise les attendait…

Le couloir se terminait en cul-de-sac.

* * * * *

Archibald fut réveillé par un seau d’eau froide. Il se redressa d’un bond pour châtier l’impudent qui s’était permis ce crime de lèse-sorcier, mais se calma aussitôt en reconnaissant le capitaine des magelames… et la mémoire des derniers événement refit surface.

— C’était un sergent magelame, ou plus exactement un imposteur, mais je m’en suis rendu compte trop tard… Il m’a pris la boussole à golems.

L’officier n’avait pas besoin de plus d’explications, l’intrus avait été repéré par un surveillant de garde et se dirigeait vers le bureau de validation des objets magiques, sans doute pour commettre de nouveaux méfaits. Il divisa sa troupe en deux groupes, il envoya le premier vers le bureau de validation des objets magiques en passant par les couloirs ordinaires, et prit la tête du second, à la sortie du couloir astral. L’intrus ne pouvait leur échapper.

La première personne à sortir du couloir fut le frère Nicolas, visiblement terrifié. Dans un discours à première vue incohérent, il fit comprendre à l’officier magelame qu’un golem avait ravagé ses locaux. L’affaire se corsait et il devait prendre une décision radicale,

Il prononça une formule magique, et le couloir se referma derrière l’inquisiteur.

* * * * *

Le golem était toujours aussi lent… mais il avançait toujours et ses proies n’avaient plus aucune échappatoire.

Côte à côté, Eadrom et Fizran étaient prêts à vendre chèrement leur peau.

— Nous pourrions peut-être… disjoindre le couloir ? Suggéra Antonius.

— Il me semble que c’est déjà fait, rétorqua Fizran.

— Oh non, si c’était fait, nous et le golem serions en train de flotter dans l’Astral, sans la moindre possibilité de bouger. Le couloir est bien actif, mais la sortie est bloquée. Il suffit de prononcer à l’envers la formule de création pour disjoindre le couloir, et attendre que les magelames nous récupèrent… ce qui ira vite puisque l’alerte est donnée…

— Je n’ai pas compris grand-chose à vos explications, fit Eadrom, mais si ça peut nous tirer d’affaire, prononcez cette fichue formule.

Le golem était encore à cinq mètres, il écartait une nouvelle portion de couloir de ses bras puissants.

— Je ne connais pas la formule ! gémit Antonius. Seuls les surveillants et les officiers des magelames y ont accès

— Moi je la connais, intervint Fizran. Attendez une minute.

Le golem avança d’un pas, plus que trois mètre et demi.

— Ardeotakur Ushnefshaac

Rien ne changea dans le couloir… à l’exception de l’avant dernier tronçon qui commençait à s’élargir.

— Pourquoi ça ne marche pas ? Gémit Antonius

— Parce que c’est pas un vrai magelame, grogna Fradj.

— Ushnefshaac Ardeotakur, répéta Fizran sans plus de succès.

Le golem avança encore d’un pas. À trois mètres de distance, il aurait presque pu toucher ses proies en tendant le bras. Le petit groupe était agglutiné contre le mur du fond.

— Trouvez un autre sortilège, s’exclama Eadrom. Je voux couvre !

— NON ! Rugit Fizran. Il a soif de votre sang, et non du nôtre… Antonius ! Avez vous l’orbe de Chronos avec vous ? Montrez-la et que tout le monde se tiennent par le bras autour de vious.

— Mais comment le savez vous ? Demanda Fradj.

Entretemps, le golem entreprit d’élargir le dernier tronçon.

— Voici l’orbe, balbutia Antonius. Mais qu’espérez vous en faire ? Je ne sais pas comment elle fonctionne, ni à quoi elle sert.

— Ne posez pas de questions stupides, je sais ce que je fais… Eadrom, posez la main sur l’orbe et concentrez-vous sur un point de l’espace temps ou vous seriez en sécurité.

— L’espace-temps ? Demanda Eadrom.

— Un endroit tranquille, insista Fizran.

— N’importe ou sauf ici, gémit Fradj.

Le golem fil un dernier pas et avança le bras,

— Le castel Iontach ! S’exclama Eadrom en posant la main sur l’orbe,

Le golem frappa violemment Eadrom, mais son poing passa à travers sa cible et s’écrasa sur le mur du fond. La puissance du coup fut telle que tous les murs de l’université se mirent à trembler… mais ni Eadrom, ni aucun de ses compagnons ne fut blessé. Ils avaient disparus.

Le golem poussa un hurlement de dépit puis… disparut à son tour.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Vendarion d'Orépée ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0