Ascension, apogée et déclin
Les derniers jours de Saint-Hubert
Une voiture sort du garage de cette calme demeure située dans un quartier résidentiel de Saint-Hubert, une ville non loin de la capitale. A l’intérieur, un homme, quarante ans passés, il porte un costume trois pièces sans cravate et file droit vers l’hôtel de ville. Il entre dans le bâtiment, salue la secrétaire à l’entrée, et appelle l’ascenseur : « Ascenseur ! ».
Aujourd’hui, il a une réunion de la plus haute importance avec les plus gros investisseurs du pays. Aujourd’hui, il rencontre son destin et celui de plus d’un million de personnes : Saint-Hubert-sur-Seine petite ville de province, s’apprête à connaitre de grandes transformations, le Président de la République a annoncé le mois dernier un plan d’investissement monumental et Monsieur John Josh souhaite prouver qu’il sera le meilleur maire de tous les temps. Aujourd’hui, il convaincra les plus grands hommes du pays quoi qu’il en coûte. Il souhaite depuis tout petit atteindre les hautes sphères de l’appareil d’état, et aujourd’hui est l’occasion ou jamais.
Saint-Hubert-sur-Seine est une ville atypique en France. John Josh, self-made-man, qui a hérité de sa grande tante Huberta, avait pour projet de fonder une ville à partir de rien. Il en avait fait un bijoux de l’architecture européenne, les touristes affluaient par milliers, et les habitants si nombreux à vouloir y emménager avaient été tirés au sort lors de la grande campagne de lancement. Désormais la ville avait une capacité d’accueil d’un million d’euros et les sdf n’étaient pas autorisés à y séjourner.
En si peu de temps, sa ville était devenue une des plus grandes métropoles françaises, et concurrençaient même des cités comme Lyon et Toulouse. Elle disposait d’une quinzaine d’arrondissements, qui étaient tous mieux les uns que les autres. Tous possédaient des écoles, des collèges, des lycées, et des déchetteries. De plus, l’accent avait été mis par le maire sur la police municipale qui veillait au grain à ce qu’aucune racaille ne se trouve dans les ruelles de la ville.
Bref revenons à cette réunion qui occupait l’esprit de notre cher maire. Il déboula dans la salle du conseil et un duel s’instaura entre les requins du monde des affaires. Son plus vieil ennemi et vil concurrent Nanard Goldersmith pris la parole :
« Monsieur le Maire, croyez-vous vraiment qu’on puisse se permettre de telles folies ? Les finances de Saint-Hubert-sur-Seine sont à sec et ne croyez pas que vos exactions financières puissent le masques bien longtemps !
- Monsieur Goldersmith, vous êtes un trouillard, un couillu et surtout un menteur. N’avez-vous donc pas d’ambition ? Ne me faites pas croire que vous ne voyez pas les choses en grand. Moi je n’ai pas peur. Rappelez-vous, l’année dernière, quand j’ai fait construire ce tout nouveau complexe industriel flambant neuf. Et l’année d’avant ? Vous vous souvenez ? Ma formidable voie express construite dans les airs avec ses nombreux ronds-points aquatiques qui ont permis d’éviter des heures et des heures d’embouteillages à nos très chers concitoyens. Faites face à la réalité bon sang, dans la vie il y a ceux qui osent et qui réussissent et ceux qu’on écrase. Inclinez-vous face à ma réussite.
La tablée de promoteurs immobiliers se tut, ne sachant lequel croire. Nanard Goldersmith eu un petit sourire narquois.
« Monsieur le maire, nous sommes filmés. J’ai moi-même demandé que cette séance du conseil municipal le soit car j’ai des révélations à vous faire. Entrez Monsieur, Ravensbourg »
Un petit homme grassouillet entre, c’est le chef de la police nationale.
« Oui, j’ai mené l’enquête, vous empoisonnez vos habitants et à petit feu : l’eau du barrage que vous avez fait construire il y a trois mois de cela va deverser son poison et nous n’y survivront pas. Et je dispose des preuves irréfutables que vous avez parqué dans un quartier radioactif les habitants les plus pauvres, ils vivent face à des industries, des décheteries et des crematoriums. Et que dire des maisons que vous avez fait construire sur l’autoroute ? Tout cela pour optimiser votre porte monnaire ! Qu’on arrête cet homme »
La policière entre, passe les menottes à John Josh et l’embarque dans sa voiture, tout cela sous l’œil amusé de Nanard.
Le lendemain, les pelleteuses et les bulldozers s’activaient déjà pour raser la ville, marquant la fin d’une période enchantée de trente ans pendant laquelle la ville avait prospéré et rayonné à travers le monde entier.
A l’heure où nous écrivons ces lignes, John Josh purge toujours sa peine en prison, dans une cellule sous très haute surveillance, et a déjà tenté de mettre fin à ses jours. Nanard, quant à lui, a fondé sa propre ville. La légende raconte que les voitures y sont volantes.
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