Chapitre 31 : De vieux amis

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JIZO


— Aurions-nous pensé aller aussi loin ? songea Nwelli. Le monde est vaste, mais surtout l’empire. Et nous nous posons d’autant plus de questions…

Elle s’était hissée au sommet d’un monticule, depuis lequel elle contemplait le contrebas du panorama. S’ils savaient profiter de l’ensoleillement matinal, avec une brise constante modérant la chaleur, les odeurs empêchaient une admiration totale. Ils s’aventuraient au sein d’un paysage marécageux, là où des bulles remontaient depuis la bourbe jusqu’à la surface des eaux poisseuses, là où des lis s’irisaient entre la broussaille et les racines des aulnes.

Et ils n’étaient guère seuls.

Nonobstant l’enthousiasme de son amie, Jizo se grattait à la nuque et à défaut de se débarrasser de sa transpiration. Pour cause les cernait une vingtaine de soldats enthelianais armés jusqu’aux dents, dont les regards inamicaux les ankylosaient. Ce n’était pourtant pas faute de se justifier : tant ses parents que les duellistes argumentaient auprès du chef de l’armée. Il se grattait la barbe, il rabattait ses mèches chevauchant son heaume. Dominant la scène, Dathom haussait à peine les sourcils face à leurs sollicitations.

Il se pose comme le libérateur de son pays face aux armées impériales ? Pourquoi ne comprend-il pas notre détresse ? Jizo retint un soupir en se réfugiant auprès de Nwelli. Quelque part sévissait les ravisseurs, si loin qu’aucun appel de secours ne savait être perçu. Cette pensée paralysait le jeune homme. Au moins le silence de Vouma, pour qui les quolibets et les réflexions rencontraient leurs limites, lui épargnait de plus sévères supplices. A-t-elle finalement réalisé son inutilité. Qu’elle ne rajoute pas son sel à un plat déjà trop épicé.

Peu importaient les minutes égrenées à s’en détourner, Jizo et Nwelli revenaient sur la querelle.

— Combien de fois nous devrons le répéter ? s’époumona Tréham. Nous sommes vos alliés ! Nwelli et notre fils ont rencontré Docini, nous aussi, elle nous reconnaîtra au premier coup d’œil !

— Voilà pourquoi nous l’avons appelée, expliqua Dathom. Elle est beaucoup occupée en ce moment. Je n’ai pas les détails, mais ce serait une forme de traque. En attendant, vous attendez bien sagement ici. Je vous ai à l’œil.

— Épargnez-nous votre méfiance ! s’indigna Wenzina. Nous n’avons aucune raison de vous mentir.

— Les meilleurs imposteurs restent persuadés de leur propre fourberie. Les seuls civils que nous apercevons dans les parages sont des réfugiés. Vous dites en avoir escortés par le passé, mais vous n’en n’êtes pas vous-mêmes. Excusez-moi, ce n’est pas très clair.

— Justement ! Vous avez souvent vu des groupes comme le nôtre ? Comment nous pourrions nous faire passer d’autres personnes ?

— On n’est jamais trop prudents. J’ai tendance à me méfier des personnes armées qui ne sont pas des soldats. Simple précaution, vous voyez ?

Wenzina tempêtait tant que son fils ne la reconnaissait guère. À une distance de précaution, préservé de potentiels injures, Jizo assistait à ses géniteurs inaptes à faire chavirer la figure d’autorité. Peine perdue, pas vrai ? Conservons notre salive pour des gens qui le méritent vraiment. De grands gestes futiles accompagnèrent le fracas des pieds sur le sol, que seul Tréham endiguait en saisissant l’avant-bras de son épouse. Pendant que les soupirs emplissaient l’air poissant des environs, Sandena s’imposa en lieu et place du couple. Même sa différence de taille avec Dathom ne la décourageait pas.

— Écoutez, mon cher monsieur ! fit-elle. Si je me porte garante de nos compagnons, est-ce que ça irait mieux ?

— Je te connais encore moins qu’eux, dit Dathom sur un ton perplexe.

— Impossible ! Sandena Guino, ménestrelle de renom à Lunero Dogah ! Ma réputation est censée dépasser les frontières !

— Tu exagères un peu, se gaussa Audelio. Tout le monde ne te connait même dans la ville, alors au-delà…

Des étincelles jaillirent des yeux de la musicienne comme elle tira ses manches. Guère de coups échangés, puisque Dathom brandit le sien, soupirant en même temps qu’il jugea ses interlocuteurs. Et la situation n’avance toujours pas. Audelio et Sandena nous ont guidés et divertis durant le voyage, et je leur en suis reconnaissant, mais ils sont loin d’être les meilleurs parleurs.

— Les arts ne me parlent pas, reprit Dathom. À mes yeux, on surestime l’importance de la musique dans notre société. C’est un divertissement vide de sens, tout juste bon à nous faire oublier nos lourdes journées. Donc excusez-moi, mais même si tu es une célèbre ménestrelle, je m’en cogne un peu de toi.

— Fichtre ! pesta Sandena. Rien ne pourra vous convaincre ?

— Tu empires les choses. Qu’est-ce que des musiciens font parmi eux ? Je croyais que vous ne connaissiez rien au-delà de vos murailles.

— Détrompez-vous ! Nous avons été embarqués malgré nous dans cette histoire. Capturés par des mercenaires, agressés par des miliciens, nous avons dû faire un choix. Ne parlons-nous pas de contes épiques ? Des gestes narrant les épopées des héros et héroïnes d’antan et de demain ? Qui eût cru qu’un jour, nous y prendrions part nous-mêmes ?

— Mais vous êtes des guides, pas des guerriers.

— Une autre erreur. Admirez la rapière battant notre flanc. Nous sommes des duellistes, ça oui !

Soudain s’assombrit la mine du militaire. Ses troupes se resserraient derrière lui, mais c’était lui qui exerçait le plus de pression. Il plaqua ses mains sur les épaules de Sandena et Audelio, à qui il coula un regard acrimonieux. D’ici Jizo percevait combien leurs jambes flageolaient. De rudes réminiscences l’assaillaient sans qu’il se détournât de la scène. Pas d’autorité, pas trop…

— Je ne vous le répèterai pas deux fois, marmonna Dathom. Nous sommes en guerre. Et la guerre, ce n’est pas comme dans vos stupides histoires où de braves héroïnes et héros triomphent d’un ennemi malfaisant. L’Empire Myrrhéen envahit comme il l’a toujours fait, la Belurdie le suit car il n’a aucune volonté propre, l’Enthelian se bat pour sa survie. C’est comme partout ailleurs. Les rôles s’inversent souvent, les pays assaillis peuvent devenir les assaillants quelques décennies ou quelques siècles plus tard. Et quel que soit sa position, je défendrai toujours les positions de l’Enthelian.

— Tout ça nous dépasse ! osa Audelio.

— D’où votre erreur. La guerre, c’était mieux quand seuls des soldats combattaient. Je suis obligé de me coltiner ces inquisiteurs et ces gardes. Leur rôle devrait être ailleurs ! Alors vous penserez que ça m’enchanterait de voir des simples citoyens s’impliquer aussi dans ce conflit ?

— Je ne comprends pas grand-chose, mais je sais que vous partez désavantagés. Vous aurez besoin de tous les bras nécessaires pour…

— Des mages, surtout. Nous avons besoin de leur pouvoir, et ce conflit les concerne un peu, car l’Enthelian représente leur dernier terrain d’aubaine. Ça ne veut pas dire que n’importe qui devrait se présenter sur le champ de bataille. Mon conseil ? Fuyez tant qu’il en est encore temps. Les régions de Souniera et d’Erthenori sont en proie aux flammes de la guerre, mais je suis sûr que vous trouverez refuge dans notre beau pays. Faites-vous juste discrets.

Un rire gras acheva de prolonger le malaise auquel Audelio et Sandena étaient assujettis. Satisfait de son emprise, Dathom se détacha de ce contact afin de retourner auprès des autres militaires. Il serait stupide d’insister davantage. Ils ont tout essayé. Les duellistes déglutirent, tremblant tout entier, au contraire de Wenzina et Tréham dont l’impavidité demeurait exemplaire. Même s’il le souhaitait, Dathom échouerait à intimider mes parents. Je réalise enfin leur valeur.

À la prolongation du silence, où des coups d’œil subtils s’échangeaient, la patience de tout un chacun atteignait son comble. Il y en avait pourtant une dont la fixité frappait. Nwelli était restée sur le monticule, autour duquel flânait Vouma qui la surveillait avec bien trop d’insistance. Bondissant, pointant le contrebas du doigt, elle se rapprocha de son ami et se positionna à sa hauteur.

Son cœur battait à tout rompre, ses poils se hérissaient, ses yeux se dilataient. Jizo n’avait nul besoin de se frotter les paupières : dans cette brume impénétrable perçaient de fins rayons de lumière.

Quel bonheur d’enfin revoir un visage amical. Avec sa houppelande de teinte ivoirine surmontant sa cotte de mailles, doublée de renforcements en acier et d’une cape ambrée, Docini ne ressemblait en rien à la recrue pirate que Jizo avait connues. Ses foulées étaient plus droites, vives et précises qu’auparavant. Et de nouvelles scintillations jaillissaient de ses iris.

Aussi dur pusse-t-elle paraître, un sourire fendait ses traits au moment où elle reconnut les voyageurs. Elle étreignit Jizo si fort qu’il faillit s’évanouir. Oh ! A-t-elle encore gagné en muscle ? Pour sûr que le jeune homme appréciait le toucher de l’inquisitrice, toutefois ses bras étaient écrasés contre les siens, aussi se sentit-il libéré lorsqu’elle se retira. Face à la réticence de Nwelli de subir le même sort, elle se contenta de lui tapoter le crâne.

— Je suis tellement contente que vous allez bien ! s’exclama-t-elle. Comment s’est déroulé votre voyage dans les îles Torran ?

Jizo et Nwelli se rembrunirent en même temps. Comment lui dire ? Ce fut un échec sur toute la ligne.

— Nous avons tellement de choses à raconter, murmura Nwelli. Mais nous voulons avant tout retrouver Taori.

— À ce propos…, souffla Docini. Je vous dois des excuses. J’ignore même par où commencer.

Des excuses ? D’aucune manière elle aurait pu nous causer des torts ! Vouma darda des yeux méfiants à l’intention de l’inquisitrice, encore sans prononcer le moindre mot. Dévisagée, Docini sollicita Dathom, et désigna la direction de l’est.

— Rentrez à la base, exigea-t-elle. Je n’ai plus besoin de vous ici.

— Nous nous y attelons, confirma Dathom, non car vous l’avez demandé, mais parce que nous le voulons.

Il laissa échapper un râle au moment de se mouvoir. Docini attendit que Dathom et ses soldats fussent hors de portée, et enfin un sentiment de proximité se diffuserait. J’espère que ce bougre est meilleur soldat qu’être humain.

Des frissons bloquèrent Jizo à l’approche de la conversation générale. Il s’agissait d’abord de forger les rencontres : Nwelli se chargea d’introduire les duellistes et ses parents, après quoi Docini présenta deux de ses camarades. De suite Jizo et Nwelli se pincèrent les lèvres en apercevant le bras manquant de la petite femme aux côtés de la cheffe. Mais elle tenait la main de Docini tout en lui consacrant de tendres sourires. Elle aussi a traversé de terribles épreuves. Cette Édelle, n’accompagnait-elle pas Adelam ? Docini a donc jugé qu’elle était récupérable, et maintenant elles partagent une relation comme de mêmes ennemis. Nous avons tous le droit à l’erreur avant d’être fichus. Le mage qui les accompagnait, nommément Saulen, restait à l’écart bien qu’il les jaugeait continûment. Une constante énergie émanait de lui par surcroît. L’esprit d’une puissante mage du nom d’Emiteffe partagerait la place dans sa tête ? Ils ont l’air de mener leur guerre depuis un moment, bien avant le retour de Docini ici.

La mine de Docini s’obscurcit sitôt les réjouissances achevées.

— Les mercenaires Shozam se sont présentés à nous, dévoila-t-elle en s’efforçant d’être délicate. Dirigés par Honderu et Zolani… Les parents de Taori.

— Comment va-t-elle ? s’enquit Jizo.

— Pas bien du tout, pour être franche. Elle n’a pas prononcé un seul mot de toute notre rencontré. Ses yeux lançaient des appels de détresse.

— Pourquoi vous ne l’avez pas délivrée, dans ce cas ?

Docini manqua de s’affaisser tant Jizo avait élevé davantage la voix qu’escompté. Oh, misère, qu’est-ce qu’il m’arrive ? Seule Vouma lui accorda sa fierté puisque ses camarades l’examinaient avec perplexité. Ils ne me reconnaissent plus…

— Pardonnez-moi, dit-il, érubescent de honte. Je me suis laissé emporter.

— Tu tiens beaucoup à Taori, remarqua Nwelli. Mais je suis certaine qu’ils ont fait tout ce qu’ils ont pu.

— Nous avons essayé, dit Docini à mi-voix. Bien vite, j’ai remarqué le malaise de cette pauvre Taori, et l’obsession néfaste de ses parents pour ses pouvoirs. J’avais dégainé, j’étais prête à pourfendre l’un après l’autre pour la délivrer. Ils ont hélas disparu derrière un écran de fumée. Ce malgré mes efforts pour les traquer jusqu’au bout du monde.

— Une idée d’où ils se trouvent ? insista Tréham. Nous n’avons pas voyagé aussi loin pour renoncer maintenant !

S’apprêtant à détailler la poursuite, Docini échoua à formuler correctement le fond de ses pensées. Ce pourquoi Saulen vola à la rescousse : une onde de résolution le traversa au moment de se rapprocher de leur cercle.

— Par-delà la tourbière s’étendent les plaines et puis les collines frontalières, expliqua-t-il. Une frontière plus politique que géographique, vous en conviendrez. J’avais pour mission de les pister, mais ils étaient rapides ! Ceci dit, j’ai déduit de leur parcours qu’ils étaient arrivés en Belurdie.

— Mais alors…, envisagea Jizo. S’ils se dirigent là-bas…

— Ils voulaient nous proposer une alliance pour défaire Godéra, révéla Docini. Même si ma sœur doit tomber, personne parmi nous ne souhaitait s’allier avec des gens prêts à se servir de leur propre fille comme outil.

— Ils n’ont aucune chance contre une armée entière ! Qu’ils se fassent massacrer ne m’aurait pas dérangé si Taori n’était pas avec eux.

— C’est vrai, donc nous devons… Jizo ?

Un équilibre déjà fragile se perdait sous le poids des affres. Le pire va survenir. Il en est toujours ainsi. Jizo pâlissait à vue d’œil, si bien que même Vouma le fixait de pleine compassion. Je ne veux pas l’imaginer, mais mon esprit est plus fort que moi ! Guettait l’évanouissement, assaillait l’ineffable, alors que toute lueur semblait l’abandonner. Ses parents le rattrapèrent avant qu’il sombrât pour de bon.

— Tout ira bien, mon garçon ! rassura Wenzina. Nous avons fendu ciel et terre pour la retrouver. Quiconque se dressera sur notre chemin tâtera de mes haches !

— Sauf si nous arrivons trop tard…, craignit Jizo. Car nous savons comment Godéra a traité Taori la dernière fois, n’est-ce pas ?

— J’étais présente et je n’ai pas agi, avoua Docini.

— Moi de même, s’épancha Édelle. Paralysée par la peur ou trop lâche, je l’ignore… Et quand votre amie semblait libérée, ce n’était que temporaire.

— Il y a de quoi être envahis de remords. Ce que tu redoutes, Jizo, c’est qu’ils la torturent durant des mois. Les inquisiteurs disposent de tous les outils nécessaires. Le seul pire scénario, c’est qu’ils la livrent directement à Bennenike.

Tréham et Wenzina durent exercer toute leur force pour que leur fils ne perdît pas connaissance.

L’impératrice que j’ai priée autrefois signerait la fin de Taori ? Ses veines se glacèrent sous la grimace de dégoût de Vouma. Plus livide que jamais, les gestes de Nwelli ne le rassérénèrent guère. Condamné à endurer les plus âpres visions.

Pourtant se matérialisait un éclat jaillissant depuis Saulen. Il foudroya Docini du regard, laquelle se tassa quelque peu, avant de s’éloigner derechef du groupe principal. Il se portait bien au-delà, là où l’horizon se découpait sous l’obscurité du ciel, là où s’esquissaient les frontières.

— Il est à la fois trop tôt et trop tard pour les regrets, déclara-t-il. Vous voulez secourir votre amie ? Alors nous devons partir sans plus tarder.

— Tu suggères donc de rassembler les troupes ? demanda Docini.

— C’est le bon moment. Les forces de Danja ont réussi une percée, empêchant leur cité d’être ensevelie sous un siège de longue durée. Elles peuvent retenir une partie des troupes myrrhéennes le temps de notre assaut. Après tant de batailles sur la défensive, n’est-il pas l’heure de la riposte ? Emiteffe est d’accord avec moi.

— Si tout le monde approuve… Hâtons-nous pour les préparatifs.

— L’urgence n’a jamais autant de mise. Pour être honnête, nous avons une belle opportunité. Mon sang bouillonne rien qu’à l’idée de venger mon père. Laisse-moi exécuter Godéra, ainsi je serais assouvi, et nos adversaires seront considérablement affaiblis. Quant au reste… Je vous fais confiance.

Quel étrange personnage… Ravi de constater que la détermination survit.

Tous acquiescèrent et nul n’ajouta quoi que ce fût après la puissance de son discours. Même Audelio et Sandena, en dépit des avertissements de Dathom, ne se retirèrent aucunement.

Nous y sommes définitivement. Nous avons pris position pour la guerre. Espérons que nous serons autant de taille que nos alliés.

Assurée de la force dont disposait Saulen, confiante aux capacités de ses autres compagnons, Docini les héla tous pour un dernier moment de repos doublé de réunion stratégique. Wenzina, Tréham et Nwelli épaulèrent Jizo comme Docini vérifia son état de temps à autre. Ils cheminèrent en direction de leur base où l’angoisse atteindrait son paroxysme. Et aussi où les plus violentes perspectives ne cesseraient de tourmenter.

Occupez-vous de Godéra si cela vous enchante. Tout ce qui m’importe, c’est libérer Taori des griffes de ses parents. Par tous les moyens.

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