Chapitre 24C: août - octobre 1774

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Je ne reçu pas de réponse de Mathurin avant d'avoir trouvé l'excuse pour m'éclipser avec Léon – Paul. Une idée lumineuse qui me permettrait de revoir mon amour une dernière fois avant longtemps. Cette idée était de profiter d'un mardi après – midi chaud où Léon travaillait, vers quinze heures, il faisait trente degrés, les enfants étaient soit somnolant sur leur lit, soit sirotant un grand verre d'eau glacée la tête dans le vague, un moment où ils n'avaient pas du tout envie de me suivre en promenade.

Cela fonctionna parfaitement puisque en les prévenant que je sortais avec Léon – Paul, ils ne me posèrent pas plus de question et ne verrait pas d'intérêt à en parler à mon époux ce soir. Je coiffais mon fils qui avait déjà chaud d'un trop grand chapeau déniché je ne sais où, le fis boire, il était vêtu de sa robe légère et de petites chaussures bleues de cuir. Je chaussais mes lunettes de soleil, mon chapeau, mes chaussures, et nous sortîmes sous le soleil de plomb de ce vingt - neuf août, aveuglés par le rayonnement du soleil qui tapait très fort. Nous marchâmes un peu, avant d'arriver au parc, et d'attendre sur ce banc, l'arrivée de Mathurin.

Mon amour arriva bien vite, il considéra son fils qui avait énormément grandi depuis la dernière fois qu'il l'avait vu, et nous nous dirigeâmes non pas vers l'immeuble où il avait sa chambre sous les toits. Il avait vendu il y a longtemps, mais nous allâmes plutôt chez Jules et son épouse, qui vivaient au premier étage d'un bel immeuble huppé. Mathurin avait les clefs et normalement, il n'y avait que leur enfant et sa nourrice, les parents étant partis je ne sais où. Cela me rappela étonnamment Madeleine et Louis.

Je pénétrais pour la première fois dans le logement, incroyablement grand, il comptait sept pièces dont un immense et magnifique salon, une cuisine, quatre chambres et une bibliothèque. La première chose que je vis lorsque j'entrais chez eux fus la nourrice assise à la table du salon qui berçait un bébé de quatre, cinq mois. Mathurin confirma mes doutes : c'était Jean – Robert, l'enfant de son frère Jules, né le trente avril dernier.

Mathurin me montra la chambre qu'il occupait, grande, belle, lumineuse. Il ferma les volets pour éviter de perdre la fraîcheur de la pièce donnée par les pierres qui érigeaient la belle bâtisse et la porte à clef, pour ne pas que nous soyons dérangés. Nous parlâmes de tout et de rien, comme des parents amoureux, nous extasièrent sur les progrès du langage de Léon – Paul, qui se sentait aimé et considéré, je le savais. Nous nous allongeâmes sur le lit et partageâmes un moment de tendresse avec notre petit garçon : il riait des baisers de son père, caressait sa barbe ''chatouilleuse'', ébouriffait ses cheveux épais, Mathurin le portait à bout de bras et lui faisait faire l'oiseau, avant de l'embrasser avec amour sur chacune de ses joues. Il m'embrassa aussi, passionnément, un baiser pour chacun, nous étions la femme et le petit homme de sa vie disait – il. Nous profitâmes chacun de ce moment unique et fort avant de nous quitter difficilement, pour un temps indéterminé, que je n'espérais pas trop long.

Le treize septembre, Malou célébra ses quatre ans, je lui offrais un beau, cher et rose déguisement de princesse qu'elle ne voulut plus quitter, ce fus son seul cadeau. Durant des jours, elle se promenait dans l'appartement avec sa baguette de fée, son chapeau pointu surmonté d'une étoile dorée et sa robe brillante rose qui traînait à terre tandis que nous rangions les affaires dans les coffres en bois. Gustavine disait trouver cela ridicule, mais je suis sûre qu'au fond elle jalousait sa demie – sœur, elle aurait sans doute aimé elle aussi un déguisement ou du moins pouvoir retourner dans sa petite enfance le temps d'une journée. Elle nous aidait beaucoup dans le déménagement, du haut de ses cinq ans et demi, c'était l'aînée, celle à qui l'on demandait plus de choses que les autres.

Alors que nous étions proches du départ, mon stress augmentait, je ne savais pas comment serait fait notre nouveau logis, j'avais parfois des douleurs au ventre, comme des contractions, je redoutais par-dessus une fausse couche à ce stade-là de ma grossesse, un enfant mort – né, c'était ce qu'il y avait de plus terrible pour une mère. Lorsque l'appartement qui avait vu naître mon fils fus vidé de nos affaires personnelles (les meubles resteraient) le maximum d'affaires chargées dans la voiture, nous commençâmes les allers – retours pour apporter les affaires jusqu'à Montrouge. Gustavine et Caroline partirent durant le premier voyage, tandis que Michel, Malou, Léon – Paul et moi partirent à la fin. Il y eut quatre allers – retours, puis enfin nous fûmes partis du voyage, sans retour.

Nous arrivâmes et découvrîmes notre nouvelle demeure. Une belle bâtisse du 17ème siècle toute en pierre, avec une petite cour devant, et un grand jardin derrière non loin du centre du village. Les enfants étaient deux par chambres, Gustavine et Caroline, Malou et Michel, Léon – Paul et le futur bébé quand il serait plus grand. J'avais ma grande chambre pour moi toute seule et le bonheur était incomparable, je pouvais entreposer mes lettres et secrets sans risquer d'être lue, prendre mon bain sans être interrompue puisqu'il y avait une clef ! Il y avait un grand salon, cinq chambres, une bibliothèque, un bureau, une cuisine et un grenier.

Même si elle était grande et que j'avais ma chambre pour moi seule, je me sentais mal dans cette maison. Elle était froide et sombre et mon Paris me manquait. A Montrouge tout était plutôt glauque, et je ne connaissais personne. Une belle église, un petit cimetière aux vieilles tombes oubliées depuis des décennies (par curiosité, je tentais de déchiffrer certaines inscriptions, une datait quand même de l'an 1698 !), une école communale, un marché le dimanche après la messe, comme notifié sur la porte de l'église. Il y avait aussi un étang, bordé de chênes, cela donnait un cadre sympathique à l'endroit. Léon, qui travaillait toujours à Paris, me laissait seule avec les enfants tôt le matin et rentrait tard le soir, je le voyais peu mais cela ne me dérangeait pas beaucoup. En revanche je fatiguais à cause de ma grossesse et les cris des enfants résonnant dans le salon me donnait des maux de têtes et m'étaient devenus insupportables.

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