Chapitre 21D: août - octobre 1772

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Mathurin ouvrit le vasistas, par laquelle un peu d'air frais nous fis du bien, mais les moustiques entrèrent en nombre, attirés par la lueur de la bougie qui nous éclairait. Cette nuit fut infernale et ses baisers ne faisaient que me donner encore plus chaud, cette fois il ne me ferait pas de bien avec son amour. Épuisés, nous nous endormîmes quelques heures avant que le soleil ne nous réveille. Très vite je rassemblais mes affaires encore un peu humides, me rhabillait, et quittait la petite chambre en laissant quelques mots a Mathurin, pour ne pas qu'il me cherche.

Mathurin,

Ne me cherchez pas, je suis rentrée. Merci pour le souper, sans doute nous reverrons nous prochainement sur notre place habituelle ?

Bon baisers, Louise

Je rentrais chez mon frère par la clef que l'on m'avait confiée. Je tournais le petit bout de métal dans la serrure et pénétrais dans l'appartement, silencieux, d'un calme presque effrayant. J'entendis juste Françoise babiller au loin et bientôt Madeleine se leva, interpellée par le bruit de mon arrivée matinale. J'avais oublié qu'il était six heures et demi. En robe de chambre, les pieds nus, décoiffée, ma belle - sœur s'agaça de me voir arriver comme dans un hôtel. Elle me chuchota ces mots :

—''Vous voilà vous ! Où étiez-vous passée ?

—''J'étais chez mon ami.

—'' Et vous passez la nuit chez vos amis vous ? Bref, la prochaine fois évitez de faire du bruit. Françoise est réveillée maintenant.

—''Je suis désolée...

—''Tâchez de faire attention la prochaine fois.

Sur ces mots, Madeleine s'en retourna vers sa chambre, la nourrice s'occuperait de Françoise, qui pleurait maintenant pour que l'on vienne la chercher dans son berceau. Ne sachant pas trop quoi faire, je me recouchais dans la plus grande discrétion. Je n'osais pas même respirer, chaque seconde défilait sur mon gousset, en attendant neuf heures, l'heure a laquelle on se levait habituellement dans la maison. Je crois que je me rendormis un peu puisque je somnolais jusqu'à huit heures et me levais ensuite pour aller prendre mon déjeuner. Dans la cuisine, Brune mangeait pressement. Aussitôt que j'arrivais, si bien que je cru qu'elle ne me voulait pas près d'elle, elle quitta la pièce pour revenir le nourrisson dans les bras et lui donner son sein. Plus tard, alors que je finissais ma tartine, Madeleine et Louis arrivèrent dans le salon. Louis était élégant, Madeleine coiffée, chiquement vêtue, poudrée j'eus remarquée, elle nous informa simplement.

—''Louis m'emmène aux boulevards aujourd'hui. Je rentrerais sûrement avant la nuit mais ne m'attendez pas pour les repas.

Puis elle considéra le temps qui défilait sur son gousset et quitta l'appartement avec son époux en glissant un petit mot à Françoise, sur un tendre baiser.

—''Bonne journée ma fille.

Dans la matinée, tandis que Brune faisait le ménage, je cajolais ma nièce.

Ma sœur présenta les premiers symptômes de sa maladie le jour où Louis m'annonça qu'il allait me marier. Elle toussait fort, ne mangeait plus beaucoup et elle était très fatiguée, au point de ne plus pouvoir se lever de son lit. Une curieuse coïncidence qui ne faisait que me bouleverser doublement. Je la veillais autant que je pouvais, même si la voir dans cet état me bouleversait. Je priais, mais que faire de plus ?

En octobre, on me présenta mon futur époux, Léon Aubejoux, un avocat qui cherchait une épouse après le décès de sa femme. Même si je n'avais pas une grande envie de m'unir et que j'aimais ma liberté, je savais que j'embêtais mon frère en restant chez lui. Cependant même si j'acceptais mon sort, je fus surprise de la rapidité des choses : on devait me marier en janvier prochain ! Pourquoi attendre ? Demanda mon promis. Je refusais, tout allait trop vite, trop tôt, je n'étais pas encore prête à assumer du jour au lendemain des devoirs d'épouse. Mon frère insista sur le fait que je ne pouvais pas rester plus longtemps chez lui, qu'il était important pour lui de me savoir mariée, que j'avais l'âge désormais. Sous la pression, je cédais. Mais paniquée, je commençais à réfléchir à ce qu'était un mariage, à savoir dire adieu à Mathurin, a mes matinées paresseuses, et ce qui me faisait le plus peur, devenir mère. Lorsque j'en faisait part à ma belle - sœur, elle me répondit :

—''Ne vous inquiétez pas, je connais bien Léon, c'est le fils du frère de ma mère ! Il vient de perdre sa première femme qui lui avait donné entre autres deux adorables petites, mais vous verrez, tout se passera pour le mieux.

Loin d'être rassurée, je me terrais dans ma chambre, mon coin de solitude et de réflexion. D'ici trois mois, je serais épouse. J'aurais voulu en faire part à Camille, mais celle – ci, malade, n'était pas en état de s'interroger sur mon mal être, bien sans importance par rapport au sien.

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