Chapitre 17E: février 1769

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Ce mois de février, je me mettais à lire plusieurs ouvrages, trois livres : un de Charles Perrault, dont les contes me faisaient rêver, et les deux autres de Diderot et Jacques Bernardin de Saint-Pierre. Les couvertures des livres me reviennent en mémoire : le livre de Perrault comportait une couverture rouge, sur lequel figurait en écriture doré au milieu du dessin d'un corbeau '' Contes de ma mère l'Oye''. J'aimais ouvrir le livre, sentir la fraîcheur des pages sur mes joues, et surtout l'odeur de la vieillesse, car ce livre avait au moins soixante-dix ans. Pour le livre de Diderot, je me rappelle juste qu'il ne sentait pas aussi bon, car c'était un livre qui n'avait qu'une dizaine d'années, et que sur la couverture on pouvait lire '' Œuvres de Diderot''. En revanche le livre de St-Pierre, ne doit pas m'avoir marqué puisque je ne sais plus comment était faite la couverture. Peut-être puis je émettre une hypothèse en supposant qu'elle était en peau ? Un unique souvenir, lui-même assez vague, me reviens, lors qu’avec Camille nous nous étions posé la question, sans avoir trouvé de réponse.

Assise sur le canapé du salon de Camille, chez laquelle je passais une grande partie de mon temps, nous discutions.

—''L'enfant me donne des coups de pieds dans les côtes, des coups de poings et même parfois je crois qu'il a le hoquet. Quand il bouge la tête aussi je le sens ! S'exclama-t-elle le sourire aux lèvres.

Ma sœur se leva du canapé, la main sur le ventre.

—''Bon, j'ai un livre à vous montrer, suivez–moi.

Nous arrivâmes dans sa chambre, propre et bien rangée. Il y avait, posé sur le grand lit recouvert d'un drap de feutre, du linge frais et plié, et aussi quelques livres soigneusement empilés. Sur sa coiffeuse, des pots de crèmes, des flacons de parfum et des pots de poudre s'entassaient faute de place. Camille aimait prendre soin d'elle.

Je regardais ce qu'elle avait sur son meuble, aussi elle vintme voir, ouvrit un petit pot blanc déjà entamé et m'expliqua :

—''Sentez, c'est Auguste qui me l'a offert. Elle s'en mit un peu sur son doigt et m'appliqua sur les deux joues la pommade qui sentait si bon, cela me rappelait la tarte à la crème.

—''Elle sent vraiment bon cette crème ! Vous fait -il souvent des cadeaux ? Demandais-je tout en refermant et en reposant le pot.

Ma sœur s'était éloignée, et tout en cherchant dans la pile de livre, elle me répondait, l'air désintéressé.

—''Cela arrive...

Elle trouva et récupéra un ouvrage, à la couverture rouge. J'allais à sa rencontre, elle me montrait le livre.

—''C'est celui – là, '' Les baisers du mois de mai '', je l'ai lu en trois jours, c'est un très bon livre. Tenez, prenez-le, rendez-le-moi quand vous le voudrez, je ne suis pas pressée.

—''Merci Camille, je le lirais et je vous donnerais mon avis.

Je rangeais le livre dans ma besace, et nous rejoignîmes le salon. Je profitais de ce moment calme pour demander l'hospitalité de ma chère sœur.

—''Dites Camille, vous croyez que je pourrais dormir ici cette nuit ? Célestin est absent, je n'aime pas rester seule à la maison…

— … D'accord, vous dormirez sur le canapé et demain vous éviterez de vous lever trop tôt, sous peine de nous réveiller Auguste et moi. En chuchotant elle ajouta : il est de mauvaise humeur lorsqu'il est réveillé trop tôt.

—''Justement, ne demanderiez-vous pas à votre mari l'autorisation que je dorme ici cette nuit ? Je ne voudrais surtout pas vous déranger.

—''Je crois qu'il s'en fiche, je pourrais inviter dix hommes dans mon lit qu'il continuerait de lire son journal l'air de rien! Non, bien sûr, je plaisante, mais il ne dira rien, il vous connaît maintenant.

—''C'est drôle mais on dirait que vous parlez d'un petit animal craintif qui a peur des gens.

—''Vous avez raison c'est un peu cela, Auguste est craintif, mais ne le sous – estimez pas quand même, son esprit d'homme ressurgit parfois !

Je plaisantais avec ma sœur, mais je mesurais mes propos et je savais qu'il ne fallait pas prendre son mari pour un sot, derrière cet homme effacé, il y avait bien un mari parfois sévère et autoritaire avec son épouse.

Quand Auguste rentra, plus tard dans la soirée, il posa d'abord son chapeau et sa mallette, avant de s'interroger sur ma présence si tardive chez lui.

—''Bonjour Louise, vous ne devriez pas être chez vous ? Il est vingt heures…

Camille répondit à ma place :

—''Elle dort ici cette nuit, si cela ne vous dérange pas bien sûr…

Auguste s'approcha de son épouse, et la pria de le suivre. J'entendis un peu leur conversation, il lui disait que dans son état, il valait mieux qu'elle se repose, mais aussi qu'elle devait se détacher de moi, etc…

Après cette passionnante discussion, Camille retourna me voir et me pria l'air désolé et très gentiment de rentrer chez moi.

C'est comme cela que je ne restais pas dormir chez Camille, non pas que Célestin était absent comme j'avais pu le faire croire à ma sœur, mais plutôt que je ne voulais pas rentrer à la maison ce soir-là. Je m'en retournais donc vers chez moi, tout de même satisfaite d'avoir au moins tenté de gagner l'hospitalité.

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