Assis sur un banc

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Assis sur un banc, Carul observait l'agitation qui régnait sur la place . Noxus était particulièrement bruyante aujourd'hui : trois riches navires s'étaient amarrés au port et leurs équipages avaient envahi le cercles intérieur de la ville dans une cacophonie sans pareil. Le vieil orc au crâne dégarni regrettait le calme de sa belle cité. Le nouveau maire accueillait sans cesse des délégations fortunées, sans pour autant que la vie s'améliore dans les cercles extérieurs.

La magnifique fontaine de marbre au centre de la place lui était presque invisible à ses yeux, cachée par le fourmillement des étrangers Le doux clapotis de l'eau, pourtant si apaisant habituellement, était aujourd'hui inaudible.

Les nouveaux arrivants ne prenaient même pas la peine de jeter un regard vers la splendide sculpture qui surplombait le bassin dont Carul ne pouvait apercevoir que les visages de l'Orc et de l'Homme, bien qu'il devinait celui du Nain derrière la masse grouillante. La fraternité et l'égalité, tout ce que ne représentait pas cet amas de personne.

Les gens parlaient fort, mais les oreilles usées de l'ancien maire ne parvenaient pas à dissocier les mots de ce brouhaha. Ricanant dans sa barbe, il se dit que les nombreuses années de débats animés n'avait pas du arranger son audition. Pour autant, il n'avait pas besoin de comprendre les paroles pour les connaître : flatteries, ventardises et autre mensonge pour paraitre important dans cette assemblée de faux-semblant.

Qu'elles semblaient loin ces années à diriger Noxus. Avaient-elles seulement existé ? La situation qui se dégradait en ville de jour en jour l'amenait à douter. Qu'attendre d'un maire qui ne prenait jamais la peine d'aller visiter les deux autres cercles ?

Le tintement d'une pièce jetée à ses pieds le tira de ses pensées.

"Et voici pour toi l'aîné ! Tu pourras manger un peu ce soir, tu n'as que la peau sur les os !"

Carul ne pensa pas nécessaire de lever la tête vers les deux personnes qui s'éloignaient déjà en s'esclaffant. Sa fierté n'était pas ébranlée : le mépris de riches étrangers importait peu à ses yeux. Il ramassa tout de même la pièce : elle servirait à nourrir une famille du troisième cercle.

Une jeune fille- elle n'était pas de Noxus, Carul connaissait tout les enfants de la cité-s'amusait à courir et slalomer au milieu de la foule. Elle était bien habillée, de la tête au pied. Une longue robe blanche brodée avec du fil doré lui couvrait les chevilles, un bandeau, doré également, lui cerclait ses long cheveux bruns. Lorsqu'elle croisa le regarde de l'Orc, la jeune fille cessa de rire. Elle s'approcha doucement de lui et pris la parole :

"Tu es vieux.

-En effet.

-Tu es pauvre."

Carul sourri. L'arrogance des enfants était parfois déroutant. Même ceux de Noxus pouvait se montrer suffisant par moment. Enfin, il ne pouvait en vouloir à cette jeune fille, élevée parmis de riches seigneurs.

"La richesse n'est pas reflétée par des habits ou de l'argent, tu sais..."

-Mon papa il a plein d'argent, il est riche."

L'Orc soupira. Il ne su quoi répondre mais cela importait peu, il ne l'éduquerait pas aujourd'hui.

"Que fais tu ici jeune fille ?

-J'accompagne mon papa.

-Et que fait ton papa ?

-Il vient acheter des gens."

Des esclavagistes. Noxus n'avait pas besoin de ça. Cet idiot de maire était encore plus stupide qu'il ne le paraissait.

"Et tu trouves ça correct ?

-'chais pas. C'est une question de grand. Je suis petite moi. J' accompagne mon papa c'est tout. "

Une voix puissante résonna dans la place :

"Aluna ! Viens ici !"

Surprise, la jeune humaine sursauta et fit rapidement demi tour, en direction de l'homme qui venait de l'appeler. Il était très grand pour un homme, presque la taille d'un Orc moyen. Il portait une armure dorée, si propre et brillante qu'elle brûlait le regard de Carul. Il était beau, musclé évidemment. Il transpirait tout ce que Carul détestait : l'arrogance, la richesse, l'ego, le mépris...

Le vieil Orc décida de quitter la place et de se rendre aux cercles extérieurs . En se levant, il senti sa douleur à la poittrine habituelle, néanmoins plus forte : il compris. Se rasseyant, il soupira : ce n'était pas la dernière vision de sa ville qu'il espérait.

Carul ferma les yeux, projetant la vision de la calme Noxus sur ses paupières. Il parvint à esquisser un sourire, apaisé grâce à ce souvenir et ne rouvrit jamais ses yeux.

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