Les deux dernières clopes
La fumée s’envole
Me laisse à terre
Il faut fumer jusqu’à la lie
Sans filtre.
La fumée j’en suffoque
Il faut qu’elle déterre
Qu’elle délie
Sans filtre.
L’avant-dernière cigarette
Était celle de trop
Était celle d’atroces nausées
Était celle dont je n’osais
Parler.
Alors, avant la dernière, j'arrête,
Me dis-je,
Avant que la haine et le vertige
Ne viennent et me figent.
Je me souviens exhaler le nocif
Voir exalté les motifs
Et les volutes voluptueuses
Vouloir ravaler ces bouffées tueuses
Puis me dire plus jamais
Plus jamais j’aimerai plus jamais.
Mais aujourd’hui Lazare m’embrassa
De sa promesse ne s’embarrassa
Alors raviné
J’ouvris le sépulcre aviné
Et tout entier dedans retombais.
En ce soir lourd d’inconséquence
Me démange l’envie démente
De fumer
L’amante
La menteuse
Je lui dois bien ça.
Mes lèvres sépulcrales
Embrassent une fois une seule
L’incandescent linceul
Touchent l’immonde Graal
D’agonie
Car c’est une Cène honnie.
Les trois coups sonnés
Et la trahison consommée
J’exhale
J'exècre
La fumée
Ne restent que poussière
Et quelques fleurs fanées
Au fond du caveau profané
La fumée m’emporte
Me fait gésir
Plutôt qu’agir
Je m’emporte la fumée
Au fond du caveau scellé.
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