Chapitre 3 L’éveil des possibles

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Une lueur tamisée perce mes paupières closes, tandis que les cigales chantent et que les vagues s’écrasent dans un grondement sourd contre les rochers. Le nez enfoui dans l’oreiller au parfum floral, je ressens la douce ivresse d’un sommeil qui s’efface lentement. La sensation d’un regard posé sur moi m’incite à ouvrir les yeux : ses doigts effleurent mes cheveux, esquissant les prémices d’un rituel quotidien. Par la porte-fenêtre entrouverte, la brise marine caresse ma peau, mêlant sel et tendresse à cette étreinte matinale.

— Quelle heure est-il ? murmurai-je, à peine audible.

— Sept heures du matin, répond-il en jetant un coup d’œil à l’horloge murale.

La révélation me sort instantanément de ma torpeur. Je me redresse, paniquée.

— J’ai dormi toute la nuit ?!

Le poids de son corps allongé m’attire vers lui. Je devine, à l’effluve de jasmin vanillé, que l’eau savonneuse a caressé sa peau il y a peu.

La compassion imprègne ses traits lorsqu’il m’avoue :

— Tu dormais profondément lorsque je suis venu t’annoncer le repas. J’ai préféré te laisser te reposer.

Où a-t-il dormi ?

— Tu dois avoir très faim, dit-il en inclinant la tête.

À ces mots, je crois percevoir l’odeur des croissants et autres viennoiseries. Mon ventre gargouille, répondant à cette semi-affirmation. Mon esprit embrumé réclame un éclaircissement.

— Juste un café suffira, pour commencer.

Mon expression trahit ma confusion. Une pointe de moquerie non dissimulée dans sa voix m’apprend que le petit-déjeuner est servi sur la terrasse.

La fraîcheur salée me revigore, mais la chaleur de la nuit réclame d’abord une douche. Je lui en fais part.

Il acquiesce d’un signe de tête et, dans un élan spontané, s’approche. Mon pouls s’accélère lorsqu’il replace une mèche de cheveux derrière mon oreille. Son toucher est addictif.

Je sors par la porte parallèle à la baie vitrée et me dirige vers la salle d’eau. Je me délecte de la chaleur ruisselant sur mon visage. La fragrance florale-vanillée flotte dans l’air. Des gouttes glissent le long de la paroi et éclaboussent l’entrée de la douche italienne. Les paupières closes, son visage m’apparaît. Mon cœur s’affole au souvenir de son contact.

Une fois séchée, les cheveux encore humides et la peau douce, j’enfile un pantalon léger et un top à fines bretelles. Pieds nus, je m’élance dans le couloir. Le carrelage frais accompagne mes pas jusqu’à l’entrée du salon, vaste espace baigné de lumière.

Décoré dans un esprit méditerranéen, le salon se pare de rideaux terracotta assortis à des coussins moelleux, formant l’épicentre chaleureux de la villa. Une large baie vitrée s’ouvre sur une terrasse suspendue au-dessus de la côte, où teintes vives et reflets dorés composent un tableau paradisiaque.

Le soleil vient à peine de se lever, mais déjà je sens sa chaleur sur ma peau. Ses rayons brillent dans mes yeux bleu-vert, projetant l’ombre de ma silhouette sur les dalles orangées.

Croissants chauds, confitures locales, jus pressé : le choix ne manque pas sur la table. Je m’assois dans l’un des fauteuils, cherchant des yeux le nectar noir dont j’ai terriblement envie.

Le majordome, grand homme à l’allure guindée mais au regard chaleureux, s’adresse à nous. Il propose une multitude de plats ne demandant qu’à être cuisinés.

Il s’arrête et me regarde.

— Un double expresso, je vous remercie.

Il prend la commande de Bucky et se retire, avant de revenir quelques minutes plus tard avec nos boissons.

Une première gorgée de café, et le réconfort familier de son goût m’étreint. Son amertume est parfaitement dosée. Sa force électrise mes papilles. La brise matinale m’enlace de sa fraîcheur.

Une image fugace me ramène à mon réveil et je l’interroge :

— Tu as dormi avec moi cette nuit ? demandai-je sans détour.

Il ajuste sa montre et m’explique n’avoir pas prévu de chambre supplémentaire. Décision maladroite de partager un lit si prématurément. Il s’en excuse, mais confirme sa présence à mes côtés.

La tasse au bord des lèvres, il me demande ce que je souhaiterais faire aujourd’hui. Excitée par les possibilités qu’offre sa situation, je m’essaie à une proposition atypique.

— Du parapente ? proposai-je, enjouée et en quête d’adrénaline.

Ses yeux écarquillés et son expression amusée en disent long sur ma suggestion peut-être un peu trop audacieuse.

— Que dirais-tu de faire du bateau, plutôt ? Gardons le parapente pour une prochaine fois, me rétorque-t-il, sourire en coin et charme hypnotisant.

Je lui rends son sourire.

— Ce sera parfait.

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