L'incident Gentry

13 minutes de lecture

Le but de toute notre action est d’arriver à créer une symbiose avec l’intelligence artificielle. Un jour nous parviendrons à allumer notre SmartTV en clignant des yeux.

Nels Kumo, fondateur et président du Consortium SpecieZ



Oumane

14 juillet 2030 _ 6 jours avant la Transhumanité


La voiture filait tranquillement sur le ruban d’asphalte mouillé, qui luisait comme la peau d’un serpent, sous l’éclairage des lampadaires biolum. C’était un modèle de voiture comme on n’en faisait plus. Un modèle thermique. Waldo Sirce l’avait acheté la dernière année de sa production, parce que sa paie ne lui permettait pas de s’acheter un modèle électrique, qui coûtait trois fois plus cher. Certes il savait pertinemment qu’il ne pourrait jamais la revendre, et que les taxes malus hypocrites dont il devrait s’acquitter, lui feraient à la longue très mal au porte-monnaie. Mais c’était sa voiture, et cela lui évitait de subir tous les désagréments des transports en commun. A Oumane, prendre les transports en commun était loin d’être une sinécure, surtout durant la saison humide.

D’ailleurs, elle était encore en avance cette année. La pluie tombait sans discontinuer depuis trois jours, depuis que d’épais nuages aussi noirs que la nuit avaient établis leurs quartiers au-dessus de la Grande Ile. Dans la partie Nord, on annonçait déjà les premières inondations. Les appels à la prudence des autorités se multipliaient, en raison du nombre d’accidents de la route qui allaient en s’accroissant. Rien d’anormal en somme.

Waldo jeta un coup d’oeil à son compteur de vitesse. Il indiquait 90 km/h. C’était parfait. L’aéroport international Ela Nandou n’était plus qu’à quelques encâblures.

- Tu pourrais pas accélérer un peu ! ordonna le père de Waldo, venant rompre le silence qui régnait dans l’habitacle depuis qu’ils étaient sortis du centre-ville.

- Vous décollez à quelle heure ?

- A 23 heures mais je…

- Alors ne t’en fais pas. On a bien assez le temps, coupa Waldo.

Romain Sirce réajusta sa ceinture de sécurité et croisa les bras en grognant. Ayant dépassé la cinquantaine sans un cheveux blanc, Romain Sirce restait un bel homme, malgré un léger empâtement. Conséquence logique de son manque d’activité physique des dernières années

En regardant dans son rétroviseur Waldo vit le sourire désolé de sa mère. Il se redressa sur son siège et passa en mode “chauffeur prudent”. Il maintint son allure tout en repositionnant ses mains à 10h10 sur le volant d’une façon suffisamment ostensible pour que son père le remarque, même du coin de l’œil.

Un second grognement vint ponctuer le silence qui s’était déjà réinstallé.

Cette fois-ci, dans le rétroviseur Waldo croisa le regard réprobateur de sa mère. Un regard qu’il connaissait bien et qui lui disait : “Arrête de le provoquer”.

- Je respecte la limitation de vitesse papa. Avec toute cette pluie et sur cette portion de route vaut mieux être prudent. Il y a encore eu un accident ce week-end, un peu plus loin.

Troisième grognement.

Ils parcouraient un tronçon très sinueux, à deux voies, où les accidents étaient très nombreux. Il suffisait de compter les arbres à souvenirs, installés en bordure de la route, pour s’en apercevoir. Des croix fleuries, ou recouvertes de tissus bariolés, se dressaient à l’envi le long de cette portion de route. Elles marquaient les endroits où la mort avait cueilli un conducteur imprudent, ou une famille malchanceuse dont le véhicule avait été percuté par un chauffard.

Waldo ne souhaitait pas devenir une statistique, et encore moins être responsable de la disparition de sa famille.

Il maintint son allure.

- Qu’est-ce que tu as au poignet ? demanda son père.

- C’est un prototype, un téléphone nouvelle génération. Ils pensent appeler ça un strapphone. Parce que ça s’enroule autour du poignet. C’est Angelo qui me l’a refilé quand on s’est vu hier. Il pense que bientôt, on pourra le coupler aux ordinateurs serviles que le Consortium finit de mettre au point.

- Je t’avais demandé de ne pas le voir. Et toi tu reviens avec ça. Bon sang Waldo où as-tu la tête ? Ils t’ont sans doute refilé un mouchard.

- Mais enfin papa de quoi tu parles ? Angelo est mon ami. Quel mal y a t-il à…

- Il est avec eux Waldo, ne l’oublie pas. Il dirige leurs putains de services secrets.

- Service d’enquête.

- Quoi !

- Angelo ne dirige pas des services secrets mais un service d’enquête. Et pour tout t’avouer il souhaiterait que je l’intègre.

- Que le diable l’étouffe ! Qu’est-ce que tu lui as répondu ?

- Que j’y réfléchissais !

- Bon sang, il manquerait plus que ça.

- Papa. Enfin, que pouvais-je lui dire ? Angelo mon ami, merci pour la proposition, mais je ne peux pas accepter car ma famille fuit Oumane et je risque de partir avec eux.

A l’arrière, la sœur de Waldo hurla de joie.

- Youhou ! Tu viens avec nous Wally ? Ça y est tu t’es enfin décidé. C’est formidable nous allons pouvoir tous rester ensemble alors.

- Je ne suis pas sûr Natacha. J’ai dit ça comme ça. Sans trop réfléchir. Je…

- Qu’est-ce qui te retiens ici Wally ? Nous serons plus là, tu ne croules pas sous les amis et ton boulot n’est pas des plus excitant.

- Merci pour le compliment petite sœur, répondit Waldo en lui jetant son regard courroucé dans le rétroviseur.


L’habitacle resta silencieux de longues secondes. L’éclairage biolum lui donnait des airs de cockpit futuriste.

- C’est vrai. Excuse-nous mon fils. Nous sommes à cran et maladroits. Si tu restes, tu seras en danger.

Cette fois-ci, c’est Waldo qui ne répondit pas tout de suite.

- Papa, quand vas tu te décider à nous dire ce que tu as découvert ? Tu es ingénieur quantique pour cette boîte depuis cinq ans. Tu as tout donné. Tu as tout réussi et tu plaques tout comme ça. Tu nous rabâches depuis trois jours que nous sommes tous en danger de mort. Et tu joues encore les prolongations. On a le droit de savoir merde !

- Quand tu auras jeté ce truc au poignet que t’as refilé ton ami Angelo.

- Que je jette le… mais enfin… tu… balbutia Waldo.

- Waldo je te demande de me faire confiance. Nous sommes en danger et pour l’instant je ne peux pas en dire plus que ce que je vous ai déjà dit. Le Consortium n’est pas ce qu’il prétend être. Le grand patron, Nels Kumo, n’est pas le misanthrope qu’il prétend être. Cette Transhumanité qu’il appelle de ses voeux, ne sera pas ce qu’il prétend. Mais si tu acceptes de jeter ce truc tout de suite.

Romain venait de pointer le téléphone portable nouvelle génération, que son fils avait reçu d’Angelo.

- Comme tu y vas. Encore un complot. Tu… Tiens voilà ! T’es content ?

Waldo venait de jeter le strapphone par la fenêtre. Un air chaud et humide pénétra dans l’habitacle comme un ectoplasme malveillant.

- J’aimerai que tu te souviennes Waldo que les complots ça existe aussi, reprit Romain Sirce. Les gens ne les voient plus ou ne veulent plus les voir c’est tout. Il suffit de leur servir les couplets qu’ils veulent entendre et c’est parti. Du pain et des jeux. Souviens-toi Waldo, du pain et des jeux. Du cul aussi, c’est vrai, ne pas oublier le cul. La plupart des gens sont devenus des crétins mon fils. Des sans-cervelles qui ne pensent qu’à consommer, se divertir et baiser comme des lapins. Placez un loup au-dessus de ce troupeau de débiles et ils ne le verront même pas, pire ils l’acclameront en héros, comme leur sauveur.

Derrière, les joues de Natacha avaient pris une couleur rosée. Elle n’avait pas l’habitude d’entendre son père parler ainsi.

- Romain s’il te plaît, fais att… intervint Jane.

- Laisse-moi finir, ordonna Romain Sirce. J’aimerai tellement qu’on me croit quand je dis que le loup est déjà là. Jusqu’à présent, il avançait masqué mais désormais je sais ce qu’il en est. Ce type est un malade, un fou dangereux. La Transhumanité n’est pas la libération de l’Homme Waldo, c’est le début de son asservissement définitif. Et je peux l’arrêter. Je dois l’arrêter.

Waldo avait les yeux rivés sur la route. Il essayait d’assimiler les propos de son père. Était-il en train de dérailler ? Sa sœur et sa mère pensaient-elle la même chose ? Son père n’avait jamais souscrit à la moindre thèse complotiste, alors pourquoi lui servait-il cette soupe ? Se pouvait-il que tout ça soit juste ? Comment pouvait-il douter de la parole de son père ?

- D’accord papa. Je veux bien. Mais l’asservissement dont tu parles, pour le mettre en place, il faudrait disposer d’un contrôle total. Nels Kumo n’est que le patron d’un Consortium, il doit composer avec de nombreux contre-pouvoirs et d’abord les chinois.

- Nels Kumo ne compose plus depuis qu’il maîtrise l’intrication quantique. Le monde entier a besoin de sa technologie et surtout les chinois. La Transhumanité est un rêve pour eux. Des nanos processeurs quantiques, des opérations pour transformer l’ADN, des implantations de composants électroniques pour augmenter les capacités humaines, des interfaces Homme-Machine directes. Tout cela est à leur portée désormais Waldo, grâce à la technologie quantique. Voilà pourquoi l’asservissement total est possible. Parce que les Etats suivent.

- Mais ce projet sur lequel tu travailles depuis des années. Ce garde-fou dont tu m’as parlé. Ce cryptage révolutionnaire.

- Tu veux parler du chiffrement malléable par conception ?

- Je ne sais plus. Il y avait le mot cryptage dedans.

- Le cryptage homomorphe quantique.

- Voilà ! Ça. Tu m’avais expliqué que cette découverte était révolutionnaire car elle obligerait les machines à calculer sans connaître les données. L’anonymat de chacun pourrait être ainsi garanti dans le réseau grâce à la mise en place d’une barrière de confidentialité. Tu m’avais parlé d’une clé de chiffrement à usage unique pour chaque utilisateur du réseau. Une clé qui serait inviolable.

- Bravo mon fils ! Belle mémoire ! C’est tout à fait ça. Hélas, il y a quelques mois, j’ai découvert qu’il y avait un grain de sable dans cette mécanique trop bien huilée. Et j’ai eu le tort d’en parler. Il existe une faille de sécurité dans le cryptage homomorphe. En effet, pour que ce dernier soit possible, il faut regrouper les bits quantiques ou qubits. On appelle ces petits paquets de données “amas cryptables”. Ces amas sont ensuite ordonnés en couches de données. Chaque couche est chiffrée par une clé. Ces couches finissent par constituer un véritable mille-feuille de données. La lecture des données contenues dans cette matrice n’est possible que grâce à une clé globale, une super clé, qui reconnaît la clé de chaque couche. Il n’existe donc qu’une seule clé possible. Mais…

- Papa c’est ce que je viens de te dire. La clé est inviolable, coupa Waldo.

La voiture venait de passer un rond-point et s’engageait sur la dernière portion de voie rapide qui menait à l’aéroport. Cette partie, à quatre voies, était plus sûre. Waldo en profita pour accélérer.

- Oui, la clé est inviolable, poursuivit Romain Sirce. Si l’on reste de le cadre de l’informatique classique. Mais le quantique change tout. Le découvreur de cette méthode de chiffrement, Graig Gentry, avait émis l’hypothèse que le quantique pourrait changer la donne et que toutes les hypothèses devaient être vérifiées. C’est ce que j’ai fait mon fils. J’ai vérifié chacune des hypothèses et j’ai fini par trouver la faille. Je l’ai appelé l’Incident Gentry. L’informatqiue quantique dispose de propriétés étonnantes. Il permet, notamment, d’inverser l’état de base des qubits, les 0 deviennent des 1 et les 1 des 0. Il suffit donc de créer une clé sur mesure, portant un message demandant aux clés partielles de s’adapter à la clé globale. C’est possible car tout le système est intriqué.

Waldo n’était pas sûr de tout avoir bien compris, mais son père faisait autorité en la matière. Il était l’ingénieur quantique en chef du Consortium. Sa parole était respectée et sa méthode reconnue par ses pairs.

- Et où est le problème au final ? Le Consortium n’a qu’à trouver un moyen d’améliorer le système.

- Pourquoi faire ? répondit Romain Sirce. Le Consortium veut profiter de l’aubaine. Mon fils, imagine un peu qu’un nano ordinateur soit implanté dans un cerveau. Imagine qu’il soit capable de transmettre toutes les données à un méga ordinateur disposant d’un algorithme suffisamment puissant capable de les analyser. Imagine que ce méga ordinateur soit relié à une seule et même conscience et que cette conscience soit celle de Nels Kumo. Et maintenant, imagine que chaque cerveau humain soit équipé de ce nano ordinateur.

- C’est de la mauvaise science-fiction que tu nous sers là, papa. Des spéculations. Il y aura forcément un rejet.

- De quoi parles-tu ?

- Du nano ordinateur dans la tête. Le porteur ne le supporterait pas forcément. Cela le rendrait fou.

- Ça n’est pas dit. Un dispositif pour inhiber tout cela et hop, il ne s’en rendrait même pas compte. Si en plus, dès le départ, le sujet n’est pas conscient de porter un tel dispositif, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ils ont déjà fabriqué une machine. Ils attendent juste le bon cobaye.

- Cela me semble tellement énorme ce que tu nous dit là. Je n’arrive pas à y croire. Je te le répète ce sont des suppositions tellement…

- Farfelues. Ce ne sont pas des suppositions mon fils. J’ai des preuves. C’est pour ça que nous devons fuir. Et maintenant que tu sais, tu dois aussi venir avec nous.

- D’autres doivent aussi savoir alors ! Des gens avec qui tu travailles, d’autres scientifiques comme toi. Si comme tu le dis un truc de cet ampleur est en préparation. C’est tellement énorme. Nels Kumo ne peut pas faire ça tout seul. D’autres personnes vont forcément parler.

- Sauf si elles préfèrent se taire mon fils. Rappelle-toi bien que les grandes dictatures sont d’abord le fruit de grands silences, de petites approbations, et de profondes compromissions. Les femmes et les hommes ne sont pas des résistants par nature. Ils sont d’abord mus par un instinct grégaire, ils se rassemblent, s’observent, et se conforment. Il sont ensuite mus par un instinct de survie, la leur, pas celle des autres. Il ne reste plus qu’au loup à faire son œuvre : éloigner la bête malade du troupeau pour la dévorer dans la nuit, loin des autres, qui eux se pensent à l’abri.

- Tu as dit avoir des preuves. Où sont-elles ?

- Je te les ai envoyé par mail avant que tu viennes nous chercher.

Waldo éclata de rire. C’était un rire nerveux, semblable à celui qu’on peut entendre dans le train fantôme d’une mauvaise fête foraine.

- Tu plaisantes ! Par mail ! Mais enfin c’est débile.

- Mon fils. Je t’ai demandé de me faire confiance. Tu trouveras les infos dans un dossier d’images dissimulées en stéganographie. Tu te souviens, on jouait à ça quand tu étais plus petit.

Waldo sourit. C’était de bons souvenirs. Les rares qu’il avait, d’instants passés seul avec son père. Toute une vie dédiée au travail pour en arriver là.

- Oui je m’en souviens papa. Tu as sécurisé le dossier ?

- Oui. Le mot de passe est Incident Gentry en un seul mot.

- Un seul mot ? Je colle tout ?

- Non tu souligneras.

- Je…


Personne ne vit le camion qui arrivait à très vive allure. Il roulait tous phares éteints. Il les percuta de plein fouet. Sur le côté droit. La voiture partit en toupie. Elle heurta l’îlot en ciment qui séparait les deux voies. Le véhicule traversa la chaussée, en effectuant une série de tonneaux .Trois ou quatre. Peut-être plus. Personne ne pouvait plus compter. Dans l’habitacle le fracas et les hurlements étaient assourdissants. Waldo crut que ses organes allaient se décrocher. Ses poumons s’étaient vidés de tout leur air, comme de vieux ballons usés. Tout son sang se concentra dans sa tête. Il ne parvint ni à ouvrir les yeux, ni à respirer, ni à penser. Il n’éprouva aucune peur. C’était allé bien trop vite.

Puis le silence se fit. La voiture gisait de l’autre côté de la voie, en contrebas, sur le flanc, comme un animal agonisant.

Waldo ouvrit ses yeux. La lumière verdâtre des lampadaires biolum, bien que diffuse, parvenait jusqu’à l’intérieur de l’habitacle. Il avait perdu ses lunettes et autour de lui tout était flou. Son corps était devenu un concentré de douleur. Ses yeux larmoyaient. Chacun de ses membre était traversé par des coups de poignards. Partout le sang battait comme un boxeur possédé. Tout lui signifiait qu’il était en miettes. La mort approchait, à découvert.

Il tenta d’appeler son père, mais ne put émettre qu’une sorte de râle. Sa mâchoire inférieure avait été déviée vers l’avant. Le craquement sinistre qu’il venait d’entendre accrût son sentiment de panique. Il plissa les yeux et se mit à chercher son père. Ses cervicales étaient en feu. Il préféra ne pas bouger sa tête. Elle semblait désormais rivée au creux de son épaule droite. Il ne sentait plus ses jambes, mais son bras gauche répondit. Il parvint à remonter sa main gauche pour déboucler sa ceinture de sécurité. Une forte odeur d’essence empuantissait l’habitacle et il commença à paniquer. A ce moment précis il se dit qu’il aurait du opter pour une voiture électrique, et puis il oublia. Son cœur battit plus vite. Le sang tapa encore plus fort à ses tempes. Sa main farfouilla pour tenter de déclipser la boucle de maintien sans y parvenir. Il remonta le bras droit. Un craquement et une douleur fulgurante stoppèrent son élan. Waldo s’évanouit.

Quand il revint à lui il sentit des gouttes d’eau tièdes qui coulait sur son visage. La pluie s’engouffrait depuis la plaie béante que le camion avait ouvert au moment du choc. Waldo n’entendait rien, pas un murmure, pas une parole, pas un cri, même la pluie tombait sans faire de bruit. La douleur qui irradiait son bras droit avait pris le dessus sur toutes les autres. Il déploya toute l’énergie qui lui restait pour tenter d’incliner une nouvelle fois sa tête en direction du siège passager. La lumière des lampadaires biolum était moins vive, mais suffisante pour qu’il remarque que son père était encore à ses côtés. Waldo fut rassuré.

A première vue, Romain Sirce ne semblait pas avoir été trop secoué par le choc. Waldo vit que les jambes de son père n’avaient pas été touchées. Son bras gauche pendait dans le vide, sans une égratignure. La montre qu’on lui avait offerte la semaine précédente, pour son anniversaire, était intacte. Il crut même percevoir le cliquetis régulier de la trotteuse qui continuait d’égrener les secondes. A moins que ce ne fut le bruit du sang qui cognait dans sa tête. Il dut faire un effort pour porter son regard un peu plus haut. Son père était bien assis à ses côtés, encore solidement sanglé par sa ceinture de sécurité. Il n’avait plus de visage.

Waldo ne put hurler. Mais du fond de son être il sentit monter une plainte incommensurable. Ses yeux se noyèrent de larmes. Puis, un voile noir les recouvrit.

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