01 - Liz

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Août 2077

La magie existait depuis toujours, il avait suffit d’apprendre à la canaliser. C’était la première chose que Liz avait apprise en entrant à l’école pour damnés Winterfield. Cette année-là, elle allait fêter ses neuf ans et passait l’été à Charleston comme tous les ans depuis sa naissance. Il s’agissait du moment qu’elle attendait le plus de l’année, passer deux mois entiers avec sa famille et ses amis au bord de la mer, manger des glaces face au coucher de soleil et enfin pouvoir se sentir libre d’exister.

  • Liz, tu viens ? intervint Noah, faisant sortir la jeune fille de ses pensées.
  • J’arrive !

Noah était le fils aîné de la famille Everson. Un beau blond aux yeux bleus qui ferait craquer la première venue, mais également le meilleur ami de Liz. Il avait un an de plus qu’elle, lui permettant de lui apprendre à l’avance ce qu’il avait étudié à l’école ou de lui donner des leçons de surf. Ils étaient comme deux étoiles qui scintillaient ensemble.

  • Soyez sages, insista la mère de Liz, et soyez revenus pour le dîner !

Les deux enfants se précipitèrent hors de la demeure. Le soleil rayonnait et les vagues s’écroulaient contre le sable chaud. Noah tendit son bras à Liz qui l’attrapa sans hésiter et tous deux rejoignirent un champ, pratiquement collé à leur jardin. Au même instant, ils s’allongèrent contre le sol, leurs yeux rivés vers les nuages.

  • Qu’est-ce que tu vois toi ? demanda Noah.

Liz prit une grande inspiration et tendit son doigt.

  • Celui-ci. On dirait l’un des monstres dans les histoires que Phoebe raconte à Esther. Un gardien.

Le calme s’imposa entre les deux enfants qui divaguaient dans leurs pensées.

Novembre 2077

Le silence régnait parmi les invités, on pouvait seulement entendre Phoebe Devlin prononcer l’éloge funèbre pour son mari et sa fille. C’était la première fois que les familles se retrouvaient en dehors de l’été, mais ce n’était pas pour partager un bon moment.

  • Merci à tous d’être venus. Je sais que nous n’avons plus pour habitude de nous retrouver en dehors de l’été mais cela me tenait à cœur de vous inviter, car après tout, nous sommes tous devenus une famille.

Liz pouvait apercevoir Astoria et Atlas, les jumeaux Devlin, sur le côté, sanglotants face à la scène.

  • Mon mari Lucian et ma fille Esther ont été sauvagements assassinés hier, par des Gardiens. Aujourd'hui ce crime nous touche tous personnellement, hélas, il n'est pas le premier commis contre nous, contre des damnés.

Phoebe reprit son souffle, levant les yeux vers le ciel pour empêcher ses larmes de couler. Elle n’avait pas pour habitude de laisser paraître ses émotions en public, ce qui rendait la situation d’autant plus tragique.

  • J’ai donc pris la décision de mettre un terme au pacte que nous avons fait avec Matthew, Neva et Ayden lors de notre dernière année d'école. C'est-à-dire d'interrompre les vacances d'été à Charleston pendant une durée indéterminée. Et autant triste que cela puisse être, il s’agit du choix le plus sécurisé en vue de la situation actuelle. Merci à tous.

Elle se retira rapidement, comme pour être sûr que personne n’allait s’interposer, mais elle savait très bien que ses amis seraient du même avis. La jeune femme rejoignit alors ses enfants et chacun se dirigea vers sa voiture, sans dire un mot, et sans échanger aucun regards.

Les semaines suivantes furent toutes les mêmes. Liz passait ses journées à l’école, rentrait le soir, étudiait dans sa chambre et vaquait à quelques activités quand elle en avait le temps. Du temps. Ce n’était plus ce qui lui manquait une fois l’été arrivé. A la place des étés merveilleux à Charleston la famille Garnet restait dans le Tennessee, ne pointant pas le bout de leur nez plus loin que pour aller au supermarché le plus proche. La brunette avait même réussi à finir tous les livres de sa bibliothèque et s’était amusée à essayer le maquillage de sa grande sœur quand elle n’était pas là. La vie lui semblait alors beaucoup moins amusante.

Juin 2085

La porte du rez-de-chaussée claqua assez fort pour faire sursauter Liz : Hazel était rentrée. Elle pouvait entendre le bruit de ses talons contre le parquet, s’approchant des escaliers. La jeune brune ne perdit pas une minute pour sortir de son lit et marcha d’un pas déterminé jusqu’à sa sœur.

  • Hazel ! l’interpella-t-elle.
  • Quoi ?
  • Viens dans le salon s’il te plaît, il faut que je demande un truc à papa et maman.

La dernière acquiesça, ne rebroussant pas chemin pour autant, sûrement pour enfiler des vêtements plus confortables. Liz se dirigea vers le salon où sa mère et son père étaient blottis dans le canapé, comme la plupart du temps. Elle prit place dans l’un des fauteuils en velour et sa sœur ne tarda pas à faire de même.

  • Que nous vaut ce plaisir ? demanda leur père.

Les deux sœurs échangèrent un regard incertain, puis Liz prit la parole.

  • Écoutez, cela fait plusieurs années que je me tate à vous le dire et je pense que c’est le moment. Je ne pense pas me tromper en disant que Hazel, tout comme moi, ressent un manque depuis que nous n’allons plus à Charleston, que nous ne voyons plus nos amis. J’aimerais qu’on puisse y retourner cette année.

Un silence s’installa dans la pièce, Neva Garnet avait son regard plongé dans celui de son mari, comme s’ils pouvaient communiquer par pensées, puis elle se tourna vers sa fille.

  • Elizabeth…
  • Je sais ce que ça implique, mais très honnêtement, je pense que nos vacances d'été manquent même à la famille Devlin, ça ne te manque pas de ne plus voir tes amis d’enfances toi ?

Sa mère en eut les larmes aux yeux, repensant à tous les moments partagés avec ses amis depuis l'école, pas un jour ne passait sans qu'elle veuille les revoir. Liz avait touché un point sensible.

  • Écoute, je peux essayer d’en parler à Phoebe, mais ne t’attends pas à grand chose car si elle refuse je n’insisterais pas, c’est elle qui a le plus souffert après tout..
  • Merci maman je t’aime ! s’écria Liz en sautant au cou de sa mère.

La dernière fit signe à son mari et sa fille aînée de les rejoindre, ouvrant ses bras en grand, avant de murmurer à leurs oreilles:

  • Je vous aime aussi.

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