Chapitre 3

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Nous étions déjà en décembre et comme chaque année nous organisions un repas avec tous mes collègues. Déjà quinze mois qu'il était arrivé dans notre bureau et quelques mois que nous étions plus distants. Nous étions dans un restaurant et prenions l'apéro. Nous étions dans le même groupe de discussion et là, de nouveau, j'ai retrouvé cette complicité naissante, ces sourires. À ce moment, il m'a fait d'ailleurs un compliment que je n'oublierais pas, car c'est le plus beau des compliments.

— Tu es vraiment une personne très gentille, dit-il.

J'ai souri, timide, mais contente.

— Non vraiment, tu es une femme très gentille, répéta-t-il.

Je pense que c'était un trait de caractère, tout comme moi, qu'il appréciait. C'était un trait de caractère dont il était pourvu.

Dès lors, de nouveau, nous avons recommencé notre petit manège.

Il me plaisait plus que de raison, certes, mais j'essayais pourtant de lui trouver des prétendantes. J'avais l'intention qu'il reste un fantasme délicieux, un confident qui me faisait du bien et pourquoi pas un ami. Premièrement, j'avais signé pour le meilleur et pour le pire avec mon mari et j'avais quatre filles qui comptaient aussi que je respect cet engagement. Deuxièmement, il était évident qu'un jeune homme comme lui, serait plus heureux avec une fille de son âge, avec qui il pourrait fonder une famille, même s'il avait à plusieurs reprises dit qu'il ne désirait pas avoir d'enfants.

Je lui faisais donc des sous-entendus sur la petite Adèle, qui faisait son alternance chez nous et qui semblait tant lui correspondre. Je lui ai même montré la photo d'une de mes partenaires sportives qui était particulièrement jeune et jolie et qui s'appelait Laura.

Comme il avait, en plus de sa séparation amoureuse, eu d'autres déboires dans l'année, nous blaguions sur son Karma tout pourri. Alors quand les madeleines qu'ils avaient achetées n'avaient pas eu de pépites de chocolat, je suis discrètement descendue à la supérette du coin pour lui acheter un peu de chocolat. Je l'ai ensuite déposé sur son fauteuil sans qu'il puisse le voir. J'avais envie de lui apporter du réconfort, de faire une chose un peu folle et réfléchir après. Il le méritait, pour tout le bien qu'il me faisait. Offrir, est une chose très agréable, que j'apprécie, pour les personnes qui compte. Mais manquant parfois de raison.

Pour le rassurer, donc, je lui disais qu'après une mauvaise année pleine de malchance et de mauvais Karma, ne pourrait suivre qu'une année pleine de chance et d'amour.

Il me plaisait et continuait à m'aider à perdre du poids et à me sentir mieux. Il me donnait envie de me faire du bien, de volupté, de désir. À cette époque d'ailleurs, je découvrais, avec mon mari, des plaisirs sexuels nouveaux. J'avais plus souvent envie de faire l'amour, mais parfois (souvent), j'imaginais faire l'amour à Paul. Il m'a donc semblé, bien que j'eu franchi largement les limites de mes règles, que cette relation était plutôt une bonne chose pour moi, et même pour mon couple.

Nous étions de plus en plus proches, j'en avais l'impression, mais je me répétais souvent qu'il était inaccessible, pour convaincre mon cerveau fleur bleue. Mais j'avais besoin de cet espoir et souvent cette conviction que je ne lui étais pas indifférente m'effleurait l'esprit. Chaque jour, je passais d'une certitude à l'autre. Cette incertitude me faisait penser à lui à longueur de temps.

De toute façon, nous n'avions jamais passé le cap d'échanges en dehors du travail. Jamais de mail, de SMS, n'ayant jamais échangé nos portables, pas non plus de soirées, seuls, ou avec d'autres collègues.

Quelle étincelle a laissé émerger dans mon esprit que lui et moi, nous pourrions être plus que des collègues. À quel moment ai-je eu l'impression que je pourrais oser lui demander d'aller boire un verre amical, sans qu'il n'imagine pour autant une intention de le séduire.

Il y a eu cette journée ou mes filles sont passées au bureau pour que je les récupère après leur shopping en ville. Par humour, sûrement, il a demandé s'il pourrait nous accompagner au cinéma le soir même. Avec juste le ce qu'il faut, pour qu'un espoir m'effleure l'esprit.

Une autre fois encore, il a glissé négligemment au café « mais au, fait, je n'ai pas encore ton portable ». Mais je n'ai pas osé lui dire « ok, je te le donne, si tu veux ». En réalité, j'ai toujours été une femme timide, cachée derrière des bavardages incontrôlés.

Il parlait de bars où il était allé, comme s'il voulait que je lui propose de m'y rendre avec lui ou d'autres collègues. C'est difficile à expliquer, ce ne sont que des impressions et il est difficile de savoir si elles sont désirées ou réalistes. C'est pour ça que je n'osais toujours pas sauter le pas, même si je voulais me comprendre que cela aurait été en tout bien tout honneur. Un fantasme et une envie sont deux choses différentes.

Parfois, ces maladresses à mon égard me faisaient rire, intérieurement.

Un soir, alors qu'il était bientôt l'heure de partir pour tout le monde. Il essayait de convaincre Adèle et un autre collègue de son âge, Kevin, d'aller boire une bière.

— Alors ça vous dit d'aller boire une bière ? demanda Paul parlant à ses amis, mais jetant du coin de l'œil, un regard, dans ma direction.

— Pas possible, je dois finir absolument mon rapport, répondit Adèle.

— Pourquoi pas, dit Marvin.

— Il y a un nouveau bar près des halles. Si vous voulez ?

— Je pense que j'en aurais pour toute la soirée, expliqua Adèle.

— Mais plus on est de fou plus on rit, alors tu viens, Adèle ?

— J'ai dit non Paul, qu'est-ce qui t'arrive ? Tu yoyotes ma parole ?

Cette discussion avait lieu à un mètre de moi et il me regardait très souvent tournant autour du pot, comme s'il voulait que je propose de les accompagner. Mais comme chaque jeudi, je devais récupérer mes filles, pour les accompagner à leur activité sportive, je ne pouvais donc pas profiter de l'occasion pour m'incruster.

C'est à peu près à ce moment que j'ai eu envie de trouver le moyen de l'inviter. Mais, le faire devant tous mes collègues aurait été compliqué. Il me fallait donc trouver le prétexte pour lui envoyer un premier message.

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