Chapitre 9

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Dans le bar préféré de Paul, était organisé un concert. Donc, ce dimanche, je devais l'y rejoindre avec Kevin et sa petite amie. Au dernier moment, il avait convié aussi une voisine.

J'arrivai la dernière, alors qu'ils avaient déjà commencé leurs bières. Chacun avait aussi passé commande pour des frites et du fromage. Donc après être allé chercher un verre, je vins m'asseoir à la place libre, à la diagonale de Paul, face à son amie. C'était une jolie fille, qui de toute évidence en pinçait pour lui.

— Nos plats sont prêts, dit Paul, alors que le bipeur les alertait. Kevin, tu viens m'aider ?

— Pas de soucis.

La copine de Kevin était vraiment une fille adorable et d'une exceptionnelle beauté. Alors pendant que les garçons s'occupaient des frites nous en avons profité pour faire connaissance.

— Tu peux te pousser, demanda Paul à son amie. Je vais partager mes frites avec Elisa.

Il s'est donc mis en face de moi et a placé son assiette entre nous deux. J'ai trouvé tellement touchant qu'il ait commandé une assiette pour nous. J'ai ainsi partagé des frites, des regards et une excellente soirée avec Paul. Celle-ci restera, d'ailleurs dans ma mémoire, comme la meilleure d'entre toute. Peut-être, car il avait gardé avec moi une forme d'intimité, bien que nous n'étions pas seuls. Peut-être aussi, parce qu'il avait préféré partager ce moment avec moi, plutôt qu'avec son amie qui avait tout pour plaire à un homme.

À la fin du concert, nous sommes tous rentrés chez nous.

De retour chez moi, après le concert, la maison était calme, il faisait nuit, on entendait les grillons chanter. Je me suis assise dans le fauteuil sans allumer les lumières, songeuse.

« A ton avis, musique ou DVD », envoyai-je à Paul.

« Musique !! Écoute un peu ça », dit-il alors qu'il m'envoyait une chanson de Metallica.

Nos goûts étaient souvent opposés et là encore. J'émettais certains doutes, quant à la probabilité que je puisse apprécier ce groupe. Je préférais plutôt des chanteuses comme Amy Winehouse. Mais bien évidemment, je l'écoutais.

« Nos cœurs ne sont pas faits pareils, tu vibres pour Metallica et moi pour Tim Burton ;).
Je crois que nous ne serons jamais sur la même longueur d'onde ;) »

« De véritables opposés »

« C'est ça ! Existe-t-il une exception qui confirmera la règle, Monsieur ? »

« Pleins,
On s'ennuie au bureau !
On aime prendre l'air et les choses simples »

« Et peut-être qu'on aime faire plaisir, enfin surtout moi »

« Moi aussi !! Et j'y travaille tous les jours »

« Et avec toutes les filles que tu croises. ;) »

« Oh non et regarde ce soir rien du tout »

Je l'ai appris plus tard, son amie lui avait proposé un dernier verre chez lui, mais il avait refusé.

C'est comme s'il était avec moi, juste à côté de moi, ça voix douce qui chuchote à mon oreille « à demain ». J'adorais ce moment où nous disions bonne nuit, même si cela mettait un terme à notre discussion. Pour moi ce n'était pas qu'une formule de politesse. Quand vous êtes heureux, au moment de se coucher, vous vous glissez dans les draps, comme s'ils étaient plus doux et plus réconfortant. Les yeux fermés, votre visage sourit aux anges. Je lui souhaitais cette plénitude, que chacun de ces soucis s'envolent et le laisse à ces doux rêves.

Il ne restait que deux semaines avant mon opération du genou et je savais qu'il allait beaucoup me manquer. Heureusement, au travail, il était toujours adorable et surprenant. Parfois, quand je passais à proximité de lui, il chuchotait « Elisa ». D'autres fois, il chantait des chansons, en y ajoutant mon prénom. Il dit aussi qu'il allait se le faire tatouer sur le bras. C'était toujours fait avec légèreté et humour, ce qui rendait ça encore plus charmant. Un ange, c'était un ange... avec juste ce qu'il faut de piquant.

Mais j'appris, en entendant une discussion avec sa voisine de bureau, qu'il avait commencé à chercher du travail, pour pouvoir repartir dans sa région natale. Et il avait ses premiers entretiens. Peut-être que nos quartes semaines de séparation allaient se transformer en éternité. Et même si au fond, je savais que c'était mieux pour lui, je commençais à prendre conscience qu'il me serait difficile de me passer de lui.

Il m'avait tant apporté. J'avais l'impression d'être une nouvelle personne et en même temps je ne m'étais jamais senti autant moi-même. J'avais aussi perdu beaucoup de poids sans le moindre effort, comme si le bonheur était le meilleur de régime. Je m'aimais plus, parfois même, mon reflet dans le miroir me semblait agréable. Je mettais ouvert à lui, mais aussi aux autres. Mais je n'arrivais pas à savoir s'il voulait entendre qu'il allait nous manquer ou au contraire qu'il pouvait partir sans la culpabilité de nous faire du mal. Mais le besoin de me confier à mon confident préféré était trop fort.

« Paul, je n'aime pas avoir tort, mais je crois que tu avais raison, ça va peut-être être plus dure que prévu !
Mais vraiment, je n'aime pas avoir tort !!! »

« À propos de quel sujet ? »

« De ton départ mon poulet »

« Rien n'est fait ;) »

« Oui, mais pour toi ça serait mieux ! »

Heureusement, comme il l'avait dit, le poste ne lui convenait pas. J'avais donc encore un peu de répit.

Les vacances étaient proches, il me restait seulement un jour de travail et une soirée festive à écouter de la musique et boire quelques bières. Cette dernière soirée, je l'ai passée, assise à côté de Paul. Nos corps étaient si proches que parfois nos bras se touchaient.

- Tu es obligé de te coller comme ça à moi, dit-il pour me taquiner.

— Aucun souci, dis-je en déplaçant ma chaise d'une dizaine de centimètres. Je ne voudrais pas prendre tout ton oxygène, dis-je en souriant.

— Non, mais c'était une blague.

Je restais quand même à ma nouvelle place, histoire d'à mon tour le taquiner. Etonnamment, je pris conscience quelques minutes plus tard, que cet écart avait de nouveau disparu.

Lors de cette excellente soirée, Paul nous racontât qu'il faudrait qu'un jour il écrive un livre sur comment bien faire les fessées dans le couple. Mais je précisais que je préférais les donner que de le recevoir. J'avais toujours apprécié de ne pas jouer les vierges effarouchées, au contraire, parfois, j'aimais parler de sujets tabous, surtout avec ceux qui se considéraient comme décomplexés.

Je titillais aussi Paul sur son attitude avec les filles, pour lui faire remarquer qu'il charmait toutes les filles qu'il croisait. Il a bien sur nié en bloc, mais Adèle a confirmé devant lui mon impression.

Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin, et nous devions nous dire au revoir pour quatre semaines, quatre très longues semaines.

Tu vas tellement me manquer. Tu me manques déjà !

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